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Merci de nourrir les poissons en mon absence

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lundi, 06 juin 2005

Mon Pays basque bisque rage !

Idigoras est mort,

pas moi !


D’une manière générale, le ouèbe se fout bien pas mal du Pays basque. Ce vendredi 3 juin, sur le ouèbe francophone, je n’ai trouvé que deux sites suisses pour rendre compte du décès de Jon Idigoras. Hormis, bien entendu, les sites basques engagés. Toute la France se fout bien des emphysèmes emportant à 69 ans les militants et patriotes basques ; à droite ou à gauche, en haut ou en bas, le citoyen internaute de langue française n’avait peut-être même jamais lu ou vu quoi que ce soit concernant cet homme à l’abord bourru mais chaleureux. En fait, très probablement, de ce côté-ci du «clavier azerty», je dois être le seul à avoir songé à mettre les drapeaux en berne en guise de deuil. J’espérerais bien un démenti, mais, malheureusement, il n’y en aura pas… Drôle d’idée tout de même que de se mettre en berne pour Jon Idigoras, que de se proclamer en deuil ou de décréter, heu, disons au moins trois quarts d’heure de bordel tonitruant mais respectueux en son honneur.

Le pire c’est que ça ne l’aurait même pas amusé, tout le contraire même, peut-être, je ne suis pas sûr… peut-être qu’en vieillissant, hum, je ne sais pas, peut-être ? Bref, ce n’est pas que je cultive une quelconque affection à l’adresse de Jon Idigoras maintenant que le voici mort, guère plus que de son vivant, mais encore sous l’émotion de l’annonce de sa disparition j’ai bien envie de l’inscrire à mon Panthéon privatif. Un Panthéon dont je n’avais encore jamais causé à quiconque, tout du moins en ces termes. Probablement parce que je n’avais pas même la conscience de sa possible existence. Peut-être n’est-il que furtif ? Ou virtuel ? Ça serait bien la mode ici ! Toujours est-il qu’il n’a qu’un seul étage et pas de vitrine, pas le moindre parking souterrain, ni catacombe, et surtout aucun ascenseur. L’échafaud n’est pas aboli dans la rancœur et la haine des anti-basques, alors gaffe. Mon Panthéon à moi que j’ai aujourd’hui, il est en rez-de-chaussée et sans même un toit à se mettre sur le cadavre. Quasi-pathétique. En fait, Jon Idigoras, je l’ai très peu connu personnellement. Et pas du tout intimement. Pour ceux qui ne le connaissent pas du tout, ni de près ni de loin, et je vous suppute majoritaires parmi les lecteurs du plébéien bleu, j’ai mis en liens quelques sites causant de lui, de sa vie, son œuvre, tout ça. La plupart sont en espagnol, désolé ! q:o/ Voilà… que disais-je ?

Oui, assez pathétique ce souvenir dans ma mémoire toujours aussi confuse (un de ces quatre il faudra que je tente d’analyser les troubles récurrents de ma mémoire, psy-machinchose range ton portefeuille, c’est la mienne !), pathétique cette image où il tient le bout du comptoir à la Conso, entouré de sa garde rapprochée, entre deux attaques du GAL, un verre de Montilla à la main. J’interprète son regard dans le mien comme animé par la haine, et moi je baisse les yeux. Ça serait vraiment très long à expliquer tout ça, tout ces sentiment contradictoires qui m’habitaient alors et me visitent encore cycliquement. Lui, le député de Herri Batasuna, il était bien entendu une cible de choix pour les tueurs appointés par le terrorisme d’État. Moi aussi, à l’époque, j’étais menacé par ces mêmes porte-flingues, tout du moins me le figurais-je en faisant quotidiennement et paranoïaquement le tour de mon véhicule chaque fois avant d’y monter. Nous participions ensemble aux mêmes manifestations de dénonciations, aux mêmes obsèques à répétition. Pour les ennemis du peuple basque, nous figurions sur la même liste des gêneurs à abattre, lui en tête, moi en queue, mais au-dessus de sa moustache-barricade, ses yeux me mitraillaient chaque fois qu’ils me voyaient. Les miens l’ont-ils aussi mitraillé par défi et par dépit, je ne le sais plus ? Peut-être. Qu’importe ! Il est décédé ce vendredi 3 juin sans que je n’aie jamais eu la chance de lui serrer la main.

Cette année, manifestement, j’ai un réel problème avec mes deuils. Je ne sais pas les identifier. D’aucuns penseraient que je fais ici le deuil de ma jeunesse perdue ou de mes idées politiques patriotiques et basques… et révolutionnaires… et rouges, oui, et rouges. Que nenni. Le rouge c’est aussi la couleur des enragés et le plébéien bleu est aujourd’hui tout rouge de cette rage qui lui donne si bon teint. Oui, j’enrage parce que Jon Idigoras est mort, et le peuple basque est bien loin d’être libéré, émancipé, autodéterminé, indépendant, ou comme on voudra, mais je crains que les choses n’aient guère avancé politiquement en Pays basque ces vingt dernières années. La déchirure au sein de notre peuple est plus large que jamais, les plaies encore plus profondes et nombreuses, le peuple espagnol nous hait comme jamais et les Français nous ignorent de plus en plus ostensiblement, ou alors si ils ne nous ignorent pas, ils font comme les Espagnols, ils nous haïssent.

J’enrage d’impuissance. Même entre Basques nous continuons à nous entre-haïr et pas souvent cordialement. Là non plus, les choses n’ont pas avancé. Et j’ai même peur que des dizaines de milliers d’Idigoras mitraillent encore du regard des dizaines de milliers d’anti-Idigoras qui le leur rendent bien. Et même dans le dos, comme des lâches, eux… Et pire encore que tout, je me dis que ce sont finalement tous ces milliers de deuils virtuels qui ont obscurci et obscurcissent toujours et peut-être encore pour des décennies l’horizon si verdoyant du Pays basque des poètes. Putain, où ai-je foutu cette maudite gomme à déterrer les vivants, où ai-je mis cette volonté gramscienne d'optimisme qui seule sait tempérer le pessimisme de la raison, tout ça, patin couffin ? J’enrage. Ils étaient des centaines de milliers d’Espagnols à manifester à Madrid pour que l’on continue à bouffer du Basque ad vitam aeternam et jusqu’à ce que mort s’en suive. Et Idigoras est mort. Merde ! Y’en a marre !...

J’aurais bien bu un Montilla, mais on n’en trouve plus de ce côté-ci de la frontière. Désolant.

Le plébéien bleu

Commentaires

Ah... une demi heure que je suis sur ce blog - au bas mot - et je ne me lasse pas d'y retrouver mon (notre) Pays Basque. Et très bien écrit en plus... C'est super, continuez. Moi j'ai ouvert un blog il y a quelques semaines ( http://musique-etphotos.over-blog.com - on peut aussi y accéder directement par le site) et... et bien, il est pas aussi bien (quoique). Quand j'aurais quelques minutes, je mettrais bien un lien vers vos pages, je suis sûre que ça interesserait quelques uns de mes amis qui me font la gentillesse de venir sur mes pages... Bon, réfléchissez y , et encore tous mes compliments.
Sophie Hautenauve

Écrit par : Sophie | mercredi, 15 juin 2005

et bien voilà c'est prouvé, votre blog me plait beaucoup à preuve j'y suis allée faire un petit tour ce matin et... je vois que vous m'avez répondu !
Tout d'abord, laissez moi vous rassurer, je ne vous faisais aucune proposition commerciale : simplement, il arrive, quand on a un site assez "engagé", que des webmasters ne soient pas très contents d'associer leur nom au vôtre....
C'est pourquoi je vous demandai la permission.
A part ça tout va bien, je suis en train de préparer un article sur les finances de la ville de Bayonne - et me voici bloquée devant cet ordinateur depuis 7 heures : je crois qu'il va falloir faire plusieurs articles... Aussi beaucoup de recherches sur la chambre des comptes régionale (ccompte.fr) et sur le budget de la sécu (édifiant)... moi qui voulait faire un blog "privé" qui parle de ma vie intime... voilà que les quelques retours que j'ai eu sur mes écrits me lancent dans une frénésie d'écriture et de recherche... bien loin de ma vie privée...
Bon, avec tout ça, pas encore fait mon article, à bientôt, Sophie

Écrit par : sophie hautenauve | mercredi, 22 juin 2005

Engagez-vous, rengagez-vous qu'il disait !
Je n'ai pas l'habitude de devoir donner mon autorisation pour paraitre en lien quelque part. Et je suis un peu étonné que vous pensiez que le plébéien bleu puisse vous trouver trop "engagée" pour lui. Avez-vous lu ma brêve présentation en cliquant sur "Pourquoi écrire sur fond bleu ?" Si vous ne l'aviez encore fait, le ton de la plupart de mes notes auraient dû vous éclairer quant à ma vision de la société... et mes "tendances" politiques et militantes. Bref, faites-moi donc de la pub, partout où vous voudrez, je vous retournerai la politesse aussitôt que je me déciderai à ouvrir une rubrique "blogs amis".
En attendant, j'irai voir vos articles... mais, hum, là vous me mettez un lien vers baiona-tv sur votre signature... et j'ai le sentiment de pouvoir faire la confusion entre votre blog perso et votre site professionnel. Alors j'irai revisiter les deux donc.
Adixkideki.

Écrit par : le plébéien bleu | mercredi, 22 juin 2005

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