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mardi, 19 juin 2007
Vive les coeurs en été !
Il y a 20 ans, jour pour jour, quasiment, en Pays basque, la nuit la plus courte de l’année fut aussi certainement parmi les plus tragiques de l’histoire de ce peuple, mon peuple qui s’acharne à vouloir vivre. A vouloir vivre et aimer. Marie-France Héguy est morte cette nuit-là. Cette nuit où, pour une fois, la lumière aurait dû l’emporter, Maddi .cette jeune femme de 26 ans dont il faudra bien un jour inscrire au panthéon de notre mémoire collective l’exemplarité du destin, j’aurais tant voulu savoir témoigner, raconter son histoire si belle et si courte. Pour en faire un poème éternel, une ode à la lutte pour la dignité…
Vingt ans après, tout reste à écrire, ou quasiment…
Il y a 19 ans, à la Une d’Ekaitza, ce même premier jour de l’été, un plébéien que j’ai aujourd’hui toutes les peines du monde à reconnaître, publiait une élégie militante en forme d’hommage. Reprendre ici ce texte qui, je l’espère, n’a pas vieilli, décuple aujourd’hui mon émotion…
Uda-k hazia altxatzen
(l'été lève la semence)
C’est le premier jour de l’été. Tous les ans reviendra cette belle saison. Depuis la nuit des temps, depuis qu’un soleil s’est levé pour que les femmes et les hommes de cette terre vivent debout, depuis un toujours renaissant, une flamme d’espoir brûle dans nos cœurs.
En prison, c’était ton leitmotiv : Gora Bihotzak ! (Vive les Coeurs !) Ainsi, chaque fois tu signais tes lettres. Aujourd’hui, tu ne nous écris plus. Et pourtant cela fait maintenant une année que ta paraphe souligne nos actes. La haine, c’était ton ennemie. Et pourtant, jamais nous ne pardonnerons à ceux qui t’ont fait mourir.
Ta vie, ton engagement militant, nos luttes et tes câlins parfois… tout ça fleurait l’amour, l’amitié et ces choses qui embaument là où il nous faut aussi souffrir. Loin du charisme, souffle ce vent que la dialectique militante, empruntée à la poésie, intitulé «liberté».
Des mots pour réciter notre souvenir voilà ce que tu ne veux pas. Notre lutte, ce combat pour la vie, tu le conjuguais au présent... Nous continuerons.
Maddi, excuse-nous car de toi nous voudrions faire tout un symbole. Un message pour les générations futures, un creuset.
Tu n’es pas la première à avoir donné ta vie pour une Euskadi libre… et malheureusement pas la dernière. Le sang qui coule dans nos veines versera encore. La conscience du sacrifice obligé nous impose, à ton instar, de vivre intensément.
C’est le premier jour de l’été et il fait beau sur notre pays. Juste une toute petite brise suffit à réveiller notre somnolence. Un sifflement à nos oreilles. L’air d’une chanson qui te célèbre, Maddi, et crie en milliers de voix cet espoir démesuré, cette utopie d’une belle saison pour les Basques.
Gora Euskadi Askatuta !
(Vive le Pays basque Libre !)
Ci-dessous une petite vidéo glanée sur le site des archives internet de l'INA où l'on peut voir les quelques très rares images de Maddi Héguy à l'occasion de son procès à Bayonne.
22:55 Publié dans Hommage | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Vive les coeurs, vive l'été, vive la jeunesse
Écrit par : Prax | mercredi, 20 juin 2007
Vive Maddi, mais qu'il est triste quand même de devoir mourir pour la liberté d'un pays ... n'y a t'il pas d'autres moyens que de verser le sang et ce sang versé sert il réellement la cause ? la violence est-il un passage obligé et les générations futures y sont-elles sensibles ? moi je me pose toutes ces questions, beaucoup de gens sont morts pour la liberté partout dans le monde et où en sommes-nous aujourd'hui ? Et quand je regarde le résultat des élections sur le pays basque notamment, je me dis que vraiment le sang versé pour la liberté n'a peut-être servi à rien ... alors dans ce cas le combat n'est pas à armes égales et la mort devient inutile ...
Merci en tous cas de ton clin d'oeil à Maddi, plein de sensibilité et de poésie ...
à bientôt et très amicalement et vive la liberté
cat
Écrit par : cat | jeudi, 21 juin 2007
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