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mercredi, 30 mars 2005
La chèvre et le chou, et le piquet, et la corde
Juste une petite réminiscence de l’après-midi de dimanche, jour de l’Aberri eguna dont j’ai parlé dans une très récente note un peu abusivement classée au chapitre politique. Dans cette note j’annonçais que j’irais retrouver des potes à Hendaye (en fin d’après-midi n’avais-je pas précisé) et donc, en quelque sorte, cette année encore, je boycotterais le rassemblement organisé par AB (Abertzaleen Batasuna) sans toutefois causer de boycott mais en prétextant avec ma mauvaise foi coutumière les averses et la distance assez importante (je me trouvais à Hendaye à l’heure où je rédigeais cette note) pour finalement signifier un malaise plus grand si j’avais opté pour cette occurrence-là. Mardi, en relisant ma note, j’ai cru bon d’ajouter un lien au mot Irouléguy afin de relater un peu lapidairement (Le Journal du pays Basque ne semble pas très copain-copain avec Abertzaleen Batasuna, ou alors je me fais des films et le rédacteur est tout simplement un journaliste) l’action de désobéissance civile réalisée sur le nouveau complexe touristique de Pierre & Vacances à Uhart-Cize. Et là, plus j’y songe, plus je me convaincs que j’ai eu tort de ne pas prendre la route cet après-midi là avec ma Jument bleue. Je ne crois pas que l’appellation d’action de désobéissance civile soit la meilleure pour qualifier une stratégie que, dans le temps, nous aurions naturellement revendiqué comme de l’action directe. Oui, l’action directe ne consiste pas systématiquement en du vandalisme assumé politiquement, même si je dois confesser que ma libido révolutionnaire me ferait plutôt frétiller à grands coups de poings dans la gueule des patrons et que j’ai toujours éprouvé une certaine fascination pour les feux de joie... Bon, OK, là il s’agit de lutte de masse et ça change tout, mais AMHA ça ne justifie aucunement de sombrer dans l’euphémisation pour ne pas effrayer le "bon-père-de-famille" ou la "ménagère-de-moins-de-cinquante-ans" (je sais, en terme de qualification sociologique, je suis encore resté à l’heure d’hiver). Et quant aux réelles facultés subversives des jeunes générations, n’ayant pas d’enfant à charge, je reconnais une certaine ignorance en la matière. Il est flagrant que la revendication d’une maîtrise du foncier et de la spéculation immobilière justifie une très crédible lutte de masse potentielle en Pays basque nord, en particulier. Il est très heureux que des abertzale prennent l’initiative de cette bataille éminemment populaire. Mais il est tout aussi flagrant que les permis de construire accordés le sont très généralement dans le cadre de la stricte de légalité et que, donc, les moyens de lutte ou d’opposition à mettre en œuvre se confronteront toujours aux barrières de l’illégalité. Il serait heureux que nous réfléchissions à une généralisation de l’opposition citoyenne à une légalité qui ne sert toujours qu’une minorité de privilégiés au détriment des classes populaires (je sais, ça sent la naphtaline, mais j’adore ces senteurs surannées qui m’évoquent encore le souvenir nostalgique de mes rêves de puberté politique), oui il est heureux qu’Abertzaleen Batasuna semble réfléchir très concrètement à la mise en place d’une telle stratégie de masse pour revendiquer autre chose que le département. Mais pourquoi bredouiller encore et jouer les timorés au prétexte de mettre les gens en confiance. Les gens ne sont pas TOUJOURS cons, parfois ils ont habités de furtifs éclairs de lucidité. Je vous jure que c’est vrai bien que cela paraisse relever de la magie, de l’inexplicable. Les gens parfois ont la perception de la réalité et savent discerner ce qui est bien de ce qui est dangereux, désagréable ou tout simplement mauvais pour eux. Ils préfèrent parfois choisir l’illégalité, si toutefois la remise en cause de leur confort matériel est proportionnée à l’inconfort généré parfois par une légalité qu’ils ne veulent faire leur . Dingue, non !… A moins qu’ils ne soient le dos au mur ou au ras de la falaise (si on habite sur la côte) et qu’alors ils n’aient réellement plus le choix. La magie là serait de susciter une collectivisation de ces désespoirs individuels, collectivisation qui comme on ne l’a pas oublié sait seule rendre l’espoir aux masses. Hum ! Et là je ne plaisante pas. Bref, à quoi bon ménager la chèvre, le chou, le piquet et la corde alors que, dans le fond, on n’a qu’une seule envie : arracher tous ensemble et dans la bonne humeur toutes ces foutues plantations de maïs transgénique en faisant la bisque aux bleus, aux juges et à tous ces foutus barbelés dans nos prairies à nous qu’on a !
Bon, va falloir que j’en recause de cette nouvelle stratégie à eux qu’ils ont, les militants d’AB. Là je regrette un peu mon inertie. Un peu beaucoup même. J’espère qu’ils m’offriront d’aussi bonnes occasions de m’intégrer à une « lutte de masse qui rue dans les brancards ». Ce n’est pas bon pour mon transit de vivre avec des frustrations, d’autant que, dimanche en fin d’après-midi, à Hendaye, j’ai loupé mon rencard avec les potes et je n’ai pas osé boire un coup tout seul. Je me démerde vraiment trop mal en espagnol…
Le plébéien bleu
17:00 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0)
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