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samedi, 16 juillet 2005
Ceci n’est pas une pomme rouge*
Et pas un poème non plus
Un pari à la con, un défi, c’est moi qui ai raison, non, moi, pas toi… on causait de quoi au juste ? De trucs censément intelli- gents, de doctes conversations d’après ciné (très joli film, d’ail- leurs, que nous avons vu ce soir à l’Autre cinéma, El cielito, faudra que j’en fasse une note) quand tata et tonton invitent la gentille petite nièce à la crêperie et que le pseudo-tonton patau- ge dans ses explications vaseuses et alambiquées à propos du joli scénario et qu’il s’enlise dans le surréalisme (excusez du peu), style de trucs que des adultes responsables et instruits se croient en devoir d’asséner aux oreilles attentives et respectu- euses d’une toute jeune adolescente, genre d’affichage en quatre par trois, mais avec une grosse faute d’orthographe dans le titre… non c’est toi qui es dans l’erreur, Mamour, que j’aurais pu tout simplement lui dire et puis passer à autre cho- se, oublier, mais j’ai parié, ou elle, elle a voulu parier, je sais plus. Bref, c’était à propos de Magritte, René Magritte (j’ai vé- rifié depuis mais tout à l’heure, devant Claire, je l’ai sûrement un peu confondu avec Topor en le prénommant Roland) et son «Ceci n’est pas…», expression des plus exemplaires du surréa- lisme appliqué à la peinture, n’est-il pas ? Hum, scusez, j’ai vraiment pas pu m’en empêcher. Donc, oui, pour moi ça ne faisait pas l’ombre d’un doute, c’était une pipe, une pipe et rien d’autre, enfin disons la représentation d’une pipe sous-titrée «Ceci n’est pas une pipe». Et pour Mamour peut-être encore plus docte et catégorique que moi ce soir (une fois n’est pas coutume et puis, après tout, c’était elle la vraie tata –et je m’imagine un instant, pour tenter de faire prendre conscience à Claire d’une certaine distanciation inhérente à toute idée ou pensée surréaliste, exhibant fièrement sur mon large torse musculeux un t-shirt imprimé d’une vraiment étonnante formule sous-réaliste :«Ceci n’est pas une tata»-- et moi le faux tonton, trêve de digression au kilomètre), pour ma tendre et douce compagne il se serait plutôt agi d’une pomme. Selon elle, René aurait atteint l’universalité en peignant «Ceci n’est pas une pomme», et moi de me retenir de rétorquer que Sacha Distel est l’auteur du mondialement connu «Ceci n’est pas un scou- bidou». Je ne le lui ai pas dit… J’apprends péniblement à con- tenir mes pulsions… Ce n’est pas drôle d’ailleurs. Et puis pour moi, le scoubidou, ça évoquera toujours un porte-clé à la con, comme ce pari à la con dont je m’acquitte en rédigeant cette note à la con. Ouais, j’ai horreur des serrures, des serrures et des clés, des clés et des porte-clés, j’ai toujours eu horreur des scoubidous, alors on a parié. Moi en faveur de la pipe et elle de la pomme. On rejouait le jardin de l’Eden, mais ça non plus j’ai préféré ne pas le lui dire. Je disais déjà largement assez de conneries devant sa nièce.
Ça aurait pu être rigolo, ce pari, si ça n’avait pas carrément frisé le graveleux. Donc, pour l’enjeu de ce pari, puisqu’il n’y a pas de pari sans enjeu, le choix fut rapidement bouclé. Circoncis. Mez- zo voce. Nous ne pouvions tout de même pas l’assumer en le criant sur les toits, ce pari à la con. Re-donc, nous avons con- venu de ceci, si Mamour gagnait, elle gagnait une pomme. Facile. Et si moi je gagnais… moins facile, hum… j’ai arrêté de fumer depuis près de deux mille huit cent jours, ça serait vraiment trop con de reprendre à cause d’un pari à la con, je trouve. Surtout que bon, en fait, «Ceci n’est pas une pipe» alors je me demande bien à quoi foutre cela pourrait servir. Re-bref, couple d'atomes at home, juste après la tisane, nous avons vérifié en interrogeant l’oracle d’internet et, ça ne m’est vraiment pas facile-facile à écrire… mais nous avons gagné tous les deux. Ou plutôt nous avons perdu tous les deux. C’est selon : «Ceci n’est pas un pari gagné», je dois une pomme à Mamour. Alors quelle couleur tu la veux ta pomme, Mamour, que je lui ai susurré, tout à l’heure, à l’oreille, sur l’oreiller. Rouge ? Non, qu’elle m’a suturé, je veux que tu m’écrives un poème sur ton blog. Un poème sur la pomme, que je lui ai demandé de préciser. Non, ce que tu veux, un truc à propos de pomme. Un truc ? Quoi comme truc ? Un poème ou un texte libre ? Oui, un texte libre, comme tu voudras et heureusement elle n’a pas rajouté je ne suis pas difficile. Voilà, c’est quoi encore cette connerie qui m’est passée par la tête en lui parlant de «texte libre», c’est quoi, ça signifie quoi un «texte libre» quand le thème vous est imposé, hein ? Mamour, «Ceci n’est pas un texte libre», ceci est juste un pari à la con. Et moi, là, je viens de remplir ma partie du contrat. Voilà.
Mais un pari à la con !
Poires pour l’espoir
Scoubidou-dou c’est la clé d’où ?
Pom-pom-pom-pom
Poir-poir-poir-poir
Bientôt l'mois d’août je n’ai plus d’sous
* Je voulais là juste rendre un petit hommage astéristique à Anne Sylvestre que je n’avais pas encore cité sur mon si joli blog tout bleu. Je me souviens également d’Isabelle Aubret qui interprétait si joliment «Pomme rouge, verte ou bleu»…
02:20 Publié dans poésie sur fond bleu | Lien permanent | Commentaires (0)
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