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Merci de nourrir les poissons en mon absence

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samedi, 20 août 2005

Du passé je me fais la boule à zéro

Ma coiffeuse

 

n’aime pas la pluie

 

Depuis la fin des fêtes de Bayonne et surtout suite à quelques commentaires sur le blog de Boris à propos du bilan «assumé» par le maire, je m’étais dit que, moi aussi, il faudrait que j’inter- roge mon coiffeur… ou plutôt ma coiffeuse. En fait c’était surtout une manière de me dire à moi-même qu’il ne fallait plus trop que je tarde, que les oreilles couvertes style Droopy ça ne sied guère à un plébéien même plus trop bleu. Ça m’énerve d’avoir les cheveux sur les oreilles, comme beaucoup d’autres choses en cette période d’ailleurs. Les vacances c’est énervant, à for- ce… Bref, je n’ai pas pris rendez-vous, comme d’hab’, j’ai juste posé la moto devant le salon, j’ai regardé au travers de la vitri- ne --une seule bonne femme la tête sous un casque feuilletant distraitement Gala tandis que je retirais le mien et y glissais mes gants— et j’ai dit bonjour à la dame en poussant la porte, bonjour mesdames, bonjour mademoiselle, pouvez-vous me couper les cheveux, là, maintenant, s’il vous plait, tout sourire, tout poli, tout quémandeur comme j’ai horreur de l’être. Elle m’a répondu par un sourire, poliment ou/et commercialement, la demoiselle que je ne reconnaissais pas comme ma coiffeuse habituelle (j’ai toujours aimé avoir des habitudes). Ce n’était pas Caroline… Elle m’a aussi répondu que, oui, c’était possible, elle me prendrait, d’ici dix minutes disons mais elle ne m’a rien dit à propos de ses fêtes de Bayonne à elle ou de celles de ses clients. Pas le moindre commentaire, ni en bien ni en mal et je me rappelle que, sur le moment, j’ai un peu bloqué. Mon sou- rire se crispant naturellement, avant de tourner les talons et de refranchir la porte pour aller acheter un journal quelconque à la librairie voisine, je me suis mangé les lèvres. J’avais trop envie de lui demander si elle était au courant pour le mort de la rue Daniel Argote, le premier soir des fêtes, si elle avait entendu quelque chose, si elle savait qui il était, comment il était mort, qui l’avait tué, assassiné peut-être, pourquoi et si même c’était tout simplement vrai qu’il y avait eu un mort à la sortie du bar des Amis… mais je n’ai rien dit de tel, j’ai juste répondu «à tout de suite», toujours en souriant, m’appliquant un peu à effacer ma crispation maladive.

Douze minutes plus tard j’étais de retour, le Canard enchaîné sous le bras et le boulet dans la gorge. Vous en avez vu beau- coup, des flics, dans les rues, durant les fêtes ? Vous les avez reconnus dans leur uniforme de «festayre» ?... Ces questions gravées sur mon front, personne n’aurait pu les lire, bien évi- demment, à cette heure. Une moche mèche m’hachait le visage alors que je déglutis péniblement en ravalant la question sui- vante, le prix prohibitif de la bière et de toutes les consom- mations d’ailleurs, l’interdiction de servir de l’alcool après deux heures, tout ça, j’aurais tant aimé savoir ce qu’elle en pensait, mais je lui ai demandé de me faire une coupe bien court partout et surtout autour des oreilles. Elle m’a invité à m’asseoir dans le fauteuil pour le shampoing, la demoiselle. «Asseyez-vous là monsieur, j’arrive, je finis madame et je suis à vous». Je me suis assis. La dame a fini de se consumer sous son cas- que. Et la demoiselle m’a prêté ses jolies petites mains douces de shampouineuse professionnelle --C’est à cause des ces fur- tifs instants de sensualité mousseuse et humide que, doréna- vant, je ne confie plus ma toison crânienne qu’à des femmes.

sous la foule, la plage

Sous mon crâne de moins en moins chevelu l’enquêteur, le «bloggeur journaliste» est resté bâillonné (hum, facile, mais pourquoi m’en serais-je abstenu ?). Aucune expression inves- tigatrice n’aura su franchir le mur lamentable de ma sauvage timidité. Quel gâchis ! J’écris de moins en moins et dans cette seule note que je trouve à rédiger en une semaine, plus la moindre information croustillante à offrir aux lecteurs du Plébéien bleu. Que du blabla, des perles en papier ou pire, virtuelles, du vide, juste des mots. Rien. Même pas une seule confirmation de ce qu’il serait si aisé d’inventer ! Juste l’aveu de ces questions qu’il me faudra bien, un jour, me décider à poser. À ma coiffeuse ou à n’importe qui. C’est elle qui m’a appris que Caroline ne travaillait plus là, que comme elle habitait dans les Landes, c’était mieux pour elle maintenant qu’elle coiffait dans un salon à Labenne, je crois. Je ne lui avais rien demandé, à la demoiselle, elle me parlait tout gentiment de tout et de rien, se satisfaisant de mes acquiescements polis, de la pluie et du beau temps, de ma moto, dehors, qui ne craignait rien, je n’avais pas à m’inquiéter car elle jetait régulièrement un œil dessus… Et moi pendant ce temps-là, la boule de plus en plus consciem- ment à zéro, je ressassais mes éternelles questions existen- tielles impossibles à formuler avec la bouche ouverte. Pourquoi ne pouvais-je plus les faire, ces fêtes de Bayonne ? Pourquoi me sentais-je si étranger à ces foules en rouge et blanc ? Pourquoi ces frénétiques libations de destruction massive me terrorisaient à ce point ? Pourquoi la foule me fait-elle peur ? Pourquoi la fête me fait-elle peur ? Pourquoi je n’ose plus demander pourquoi ? Y-a-t-il vraiment eu un mort, ce mercredi des fêtes de Bayonne, dans la rue, là, juste à côté de chez moi ? Est-il possible que quelqu’un invente une histoire pa- reille ? Moi je n’invente plus rien en ce moment et ça me rend un peu triste. Comment aurais-je pu lui parler de ça à la gen- tille demoiselle dont je ne connais même pas le prénom et qui m’a coupé les cheveux bien bien courts, devant-derrière et autour des oreilles ? Je me suis éveillé un instant de ma torpeur agoraphobe pour lui faire remarquer que les ciseaux avec les- quels elle me coupait les cheveux me paraissaient bien petits et elle m’a répondu, toujours souriante, que oui, j’avais probable- ment raison, elle penserait à s’en acheter des mieux, des plus grands et elle s’est tu un instant avant de reprendre le fil de ses commentaires : ça ne doit pas être cool de retrouver sa moto mouillée par la pluie le matin qu’elle a affirmé doctement tandis que mes pensées s’asséchaient de plus en plus dangereuse- ment…

Mes cheveux sont bien courts maintenant, j’en ai pour un bon moment ! Et dire qu’il y a quelques lustres je faisais, comme on dit, tous les jours des fêtes de Bayonne ! J’avais les cheveux bien plus longs, à l’époque.

 

Le plébéien bleu

 

22:05 Publié dans digression | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Te lire est un bonheur de tous les jours. Moi, jaimerais bien connaître ta coiffeuse. Elle a l'air "trépidente(dante?)". Même un moment de ta vie reste intéressant. J'espère que ta boule à "rézo" t'a remis la pêche et que tu vas avoir plein de choses intéressantes à nous faire lire à la rentrée! Je pars en vacances. Beharba, han bertze bizi bat aurkituko dut. Beharba han, hainbertze maitatuko dut bizia. Nork daki? Izan untsa eta "fais toi faire les ongles!"...beharba inspirazioa itzuliko da ?

Écrit par : pimentalai | lundi, 22 août 2005

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