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lundi, 21 août 2006

Quand le vent se lève sur L’Atalante

 

Démission

 

impossible

 

 

Depuis le début de l’été, le bruit court partout dans Bayonne : Ramuntxo quitte L’Atalante, Ramuntxo s’en va… Et pourtant, dans le même temps, rue Denis Etcheverry, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes… du silence. La salle vient d’être entièrement rénovée avec de superbes sièges rouges et quelques huit fauteuils dépareillés histoire de refuser une fois de plus l’uniformisation des cultures (je m’assois désormais dans un fauteuil assorti à mon si joli blog tout bleu et j’en suis plutôt très fier), et le sol est habillé d’une moelleuse moquette au motif ocelot en hommage au réalisateur de Kirikou qui devrait très bientôt parrainer officiellement la salle de L’Atalante. Après ces quelques semaines de vacances, tous les salariés paraissent souriants, plus avenants et dynamiques que jamais, le directeur en tête… et pourtant…

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En fait, beaucoup de monde est au courant de l’ «affaire», mais je n’ai encore jamais entendu personne publiquement tenter de donner autrement que sur un ton sibyllin une explication à la «démission» de Ramuntxo, le Ramuntxo de L’Atalante, l’emblé- matique directeur. En fait, «on» dit démission tout en pensant licenciement mais sans vouloir le dire alors qu’il faudra bien tout de même, à un moment donné, quelque part, lâcher «le mot» puisqu’il est évident pour tout un chacun que le «démissionné» ne pourra pas l’être sans une indemnité pour le moins «décente». Bref, il faudra bien rédiger une lettre de licenciement pour que Monsieur Raymond Garbisu puisse prétendre à des indemnités de la part de l’ASSEDIC. Nous voici donc en pleine quadrature du cercle que l’ «on» voudrait totale- ment invisible aux yeux du public, des spectateurs occasion- nels comme des adhérents de l’association gestionnaire du cinéma. Ben oui, ça fait plutôt tâche qu’un Conseil d’adminis- tration élu pour réembaucher Ramuntxo, finisse, moins de quatre ans plus tard, par le licencier. Que s’est-il donc passé pour que des amitiés se transforment aussi vite ainsi en haine ? Sûrement une longue et complexe histoire d’hommes et de femmes. Chacun aura certainement son explication person- nelle, son interprétation des faits ou des méfaits des uns et des autres. Pour ma part et afin de prendre ma part à la mise au clair que j’estime indispensable, je me contenterai donc de relater très brièvement certains événements récents dont j’ai été le témoin privilégié du fait de ma présence quasi quoti- dienne entre les murs de ce cinéma si cher à mon cœur.

La crise entre le Conseil d’administration et le directeur de L’Atalante ne date pas d’hier, ni d’avant-hier. Dès 2004, plusieurs administrateurs ont donné leur démission pour n’avoir su imposer à Ramuntxo leurs points de vue personnels concernant la gestion ou la programmation du cinéma. Je ne donnerai pas de noms, car, en la matière, la personnalisation a déjà fait beaucoup trop de dégâts. En 2005, la crise s’est notablement aggravée sur fond de tournage d’un film documentaire sur L‘Atalante. Il me semble évident que nombre d’administrateurs ont ainsi pris conscience que les images ne pourraient mentir et que le film ne saurait que mettre en vedettes les salariés qui sont et font la véritable vie de ce cinéma, son directeur en tête. Alors, la jalousie ? L’amertume pour cet ingrat travail associatif obscure qui ne pourrait transparaître à l’écran ? Là encore, à chacun son explication. En 2006, la caméra de Gaël Mocaër se faisant de plus en plus présente et, aux yeux de certains, même « envahissante », la crise ne pouvait qu’éclater. Au sein du C.A., les voix de ceux qui voulaient se débarrasser du trop « ombrageux » Ramuntxo se sont faites de plus en plus véhémentes et un voyage au pays de la palme d’or aura servi de détonateur. Comme tous les ans, ou presque, le directeur de L’Atalante part à Cannes durant le festival pour des raisons professionnelles évidentes. Cette année, quelque peu usé par l’ambiance conflictuelle, il n’a pas cru bon d’informer le Bureau de l’association du jour de son départ ni du fait qu’il avait choisi de se rendre sur la Croisette avec le véhicule utilitaire du cinéma (sans l’accord expresse de la structure) et en compagnie de Gaël, son ami réalisateur. Il n’est probablement pas inutile de préciser que ce véhicule avait été peint en rose (aux couleurs du film qui devrait sortir au printemps prochain sur les écrans) à la demande du scénariste et aux frais de la production. Alors, quoi d’étonnant à ce que la présence du directeur de L’Atalante à Cannes soit scénarisée y compris avec la présence de la camionnette aux armes du plus beau cinéma expérimental de Bayonne ? Les membres du bureau en ont jugé tout autrement et sauté sur l’occasion pour affirmer leur toute puissante autorité. Ramuntxo a ainsi écopé d’une lettre d’avertissement pour n’avoir pas obéi à l’injonction de ne pas utiliser, pour son déplacement professionnel, la voiture rose si joliment photogénique. Même si les partisans du licenciement immédiat ne l’emportaient pas tout de suite, le message était clair, clair à tel point que, quelques semaines plus tard, lorsque Ramuntxo annonçait en pleine réunion du C.A. son intention de jeter l’éponge, aucun administrateur n’a tenté de l’en dissuader. Des regrets de la part de certains, oui, bien sûr, mais juste pour la forme. Une forme tellement timide que personne n’aura même su évoquer les véritables raisons de ce si dommageable échec. Je ne le ferai pas pour eux… du moins maintenant… il est encore trop tôt… et puis, à quoi bon !

Quatorze ans que le nom de Ramuntxo Garbisu et celui de L’Atalante sont intimement et passionnellement liés. Quatorze années d’une histoire mouvementée, d’une histoire d’amour entre Bayonne et le cinéma. Je ne voudrais surtout pas m’enliser à vouloir retracer ici, comme «en guise d’épitaphe», un historique exhaustif de toutes les scènes d’amour et de désamour qui ont ponctué et donné corps à ce film de la vie qui, parfois, est plus belle encore que le cinéma. Je ne m’appesantirai pas sur ces milliers de films géniaux et moins géniaux que Ramuntxo nous a fait aimer ou haïr. Je ne tiendrai évidemment non plus aucune comptabilité des soirées festives toutes plus inoubliables les unes que les autres. Je ne chercherai pas impliquer dans mon émotion tous ces gens du quartier qui désormais savent qu’il sera toujours plus sain d’avoir de l’esprit et de vouloir le partager avec ses voisins. Je ne suis pas un nostalgique, dans la mesure où il est à mon sens malsain (d’esprit) de vivre avec des regrets. Je veux juste, surtout sans aucune prétention à l’objectivité, dire ma colère et rappeler toute la mesure de l’engagement exceptionnel du directeur «démissionné», son niveau de responsabilité (partagée) dans le rêve qui anime dorénavant les plébéiennes et les plébéiens aux rives azuréennes de l’Adour. A Bayonne, grâce à Ramuntxo Garbisu, le cinéma dit d’Art & Essai n’est plus seulement l’affaire d’une élite. Alors réveillons-nous ! A l’heure d’adhérer ou de ré-adhérer, il me semble indispensable de réveiller celles et ceux que la passion du cinéma n’anime plus. Ce cinéma, ces trois salles bayonnaises appartiennent aux cinéphiles qui les font vivre et aux salariés qui les animent… et non pas à des administrateurs désabusés. Le prochain directeur tout comme l’actuel Conseil d’administration devront impéra- tivement en tenir compte.

A suivre…

 

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Commentaires

Et pourtant, et pourtant .... ? ? C'est un teasing ?

Écrit par : Dia | lundi, 21 août 2006

Ben, oui !...
J'enlève le bas dès ce soir, tout pareil !

Écrit par : le plébéien bleu | lundi, 21 août 2006

Quel talent !

Écrit par : Dia | mercredi, 23 août 2006

Les commentaires sont fermés.