Alerte à la poubelle

 

C'est le 20 janvier dernier que j'ai été alerté par un ami blogueur bayonnais transférant dans ma boite aux lettres le message suivant :

Alerte rouge, violette, écarlate !

Si j'ai bien suivi, il y a un conseil municipal "fermé" (à huis clos), le 22 janvier, qui se prépare à prendre des dispositions exceptionnelles pour un projet d'usine de traitement des ordures ménagères en lieu et place des terrains où se trouve une partie des pépinières Maymou...

Maymou... Un lieu de rêve :

http://www.vimeo.com/2841940

Une horreur quoi...

Evidemment, l'alerte m'alarma, après avoir cliqué d'un doigt alerte sur le lien proposé les larmes m'en coulèrent même d'émotion devant tant de beauté bucolique en visionnant cette si léchée vidéo, mais, comment dire, y'avait comme quelque chose qui chosait pas dans cette tentative de buzz, impossible de me mettre en colère, cette fois ça ne le faisait pas. Cette histoire d'usine de traitement des ordures, ça me disait mais impossible de me rappeler quoi : la mémoire est un muscle qui ne supporte pas l'inactivité prolongée. Fallait que je vérifie. Que je mène ma petite enquête. Que je recoupe les sources d'information comme pour réveiller ma capacité légendaire à m'enflammer pour les bonnes causes. Et j'ai enquêté, vérifié, recoupé... et je me suis rappelé. C'était en 2006, avec des camarades de Baiona Berria, le groupe d'opposition abertzale dont deux élus siégeaient encore au conseil municipal de Bayonne. Une discussion bien intéressante...

Alors là, du coup, je ne comprenais plus rien à cette alerte si « inocemment » transférée par mon ami. D'abord, la pépinière Maymou n'est pas du tout située sur la zone de Batz-Arkondo, tout du moins celle que l'on voit sur la vidéo et qui d'ailleurs est « classée » (donc protégée) depuis novembre dernier par la Direction régionale de l'environnement. Elle est sise quelques cinq cents mètres plus loin de l'autre côté de la route nationale. Les pépiniéristes exploitent bien deux hectares qu'ils louent sur le site du projet d'usine depuis pas mal d'années, mais aucune essence rare et encore moins de réserve environnementale sous le panneau de quatre mètres par trois qu'ils ont planté ce 31 janvier afin d'édifier (au sens figuré) les masses poubélo- phobes de Bayonne nord empruntant quotidiennement par dizaines de milliers cette voie d'accès rapide aux temples de la surconsommation. Danger, cent trente mille tonnes d'ordures, nous instruisent-ils à peine exagérément (60 à 80 000 en vrai). Le projet dont nous avions discuté n'a absolument rien à voir avec cette image subliminalement effrayante d'une gigantesque décharge à ciel ouvert avec des fumerolles nauséabondes empestant l'atmosphère jusqu'en Chine (dixit le président de l'ADHEC dont je n'ai malheureusement pas mémorisé le nom). Généralement j'ai en horreur les argumentations alarmistes ou/et démagogiques, et là, plus je vérifiais, plus les slogans rabattus par les amis des pépiniéristes m'apparurent carrément mensongers voire calomniateurs. C'est pourquoi, à la lecture du tract distribué sur la voie publique par les anti-poubelles, je ne me suis aucunement senti interpellé, encore moins mobilisé, bien au contraire !... Je vous fais grâce du détail affligeant d'un tel enfilage de perles pire que populistes. Et quant à la réunion du conseil municipal à huis clos, le « scoop » s'avéra de la même veine. Ce 22 janvier, à l'adresse des élus municipaux, il y eut bien en mairie de Bayonne une réunion d'information à propos de l'avancée du projet, mais pas la moindre séance plénière du conseil municipal, nulle délibération cachotière, la démocratie n'est pas encore tout à fait défunte, semble-t-il, même si les abertzale sont désormais absents de cette assemblée. En attendant les consultations programmées par Bil ta Garbi, du 23 février au 31 mars, et l'enquête publique obligatoire qui devrait se dérouler en fin d'année, histoire de confirmer mon jugement, je suis tout de même aller faire un petit tour à la salle Paul Bru, ce jeudi 5 février. Deux cent cinquante personnes rassemblées et remontées ce soir-là, dans leur grande majorité acquises par avance aux manipulations de l'ADHEC et au show de Mme Angulo-Maymou. Manifestement personne pour oser réagir publiquement aux mensonges. Pourtant, toutes celles et ceux qui voulaient être informés pouvaient l'être depuis trois ans déjà. Suite à la réunion en mairie, certains élus municipaux ont même diffusé le dossier de présentation du projet. Et puis il y a eu l'article de Yannick Emmanuel sur le JPB du mardi 3 février... Il doit y avoir bien peu de lecteurs du Journal du Pays Basque sur la rive droite de l'Adour ! Une horreur quoi... J'ai donc assez vite quitté la réunion pour m'en retourner chez moi, rallumer mon ordinateur, ouvrir ma boite aux lettres et jeter à la poubelle cette « alerte » du 20 janvier, telle un spam ou un vulgaire et ridicule hoax.

En fait, ce jeudi 5 février, je regrette juste de ne pas être resté jusqu'à la fin de la réunion pour poser la seule question qui continue de me turlupiner :  Les pépiniéristes estiment à combien le montant des indemnités que la collectivité devra leur reverser ?