Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Merci de nourrir les poissons en mon absence

« Festival Biarritz Amérique Latine | Page d'accueil | Cluzet parle de Salah Hamouri »

dimanche, 04 octobre 2009

Une semaine à Biarritz

Des pingouins


et des cinéphiles

 

003.JPG

Une semaine de vacances à Biarritz pour se repaître les yeux, les oreilles et un maximum de tous mes sens de la vie, c'était ma foi une bien bonne idée que m'a soufflée Audrey, même si, sur plus d'un point, cette dix-huitième édition du festival des cinémas et cultures d'Amérique Latine m'aura grandement déçu, voire carrément mis en colère. Ce n'est évidemment pas franchement une nouvelle (sauf pour moi qui y assistais pour la première fois) mais, si le public festivalier s'avère vraiment très nombreux, les réels cinéphiles n'étaient pas légion cette année à patienter dans les turbulentes files d'attente aux portes de la Gare du Midi, du Royal ou du Casino municipal. La majorité des dilettantes que l'on reconnaît d'un jour sur l'autre exhibe ces badges bleus qui pour la modique somme de 55 € donne droit à consommer avec boulimie tous les films à toutes les séances (quatre-vingt dix séances payantes au total, chaque film étant projeté deux fois en moyenne, il est évidemment impossible de tout voir mais nombreux parmi les badges bleus tenteront toutefois de relever la gageure, quitte à sortir avant la fin d'une séance pour courir d'une salle à l'autre et ainsi « rentabiliser » au maximum leur « investissement »).


L'autre composante essentielle du public de ce festival, ce sont les « scolaires ». Parfois si nombreux qu'à eux seuls ils remplirent la salle 2 du Royal ce jeudi où il ne me fut donc pas possible de voir Madeinusa que j'avais déjà raté il y a deux ans. Mais ces « scolaires » ne se contentent pas de squatter tous les fauteuils, quand il reste quelques places pour les badges bleus, jaunes ou verts, les diabloteens manifestent des plus bruyamment leur volonté dictatoriale de ne pas partager leur cour de récréation avec des adultes, comme lors de la projection à la Gare du Midi du court métrage Distancias (et ce en présence de son réalisateur) qu'ils sabotèrent avec une sadique jubilation (je ne trouve pas de mot plus juste pour qualifier cet irrespect absolu apparemment cautionné ou pour le moins toléré tout autant par les enseignants-encadrants que par les organisateurs du festival). Comme j'ai plutôt mauvais caractère et que j'exècre cette bêtise qui fait le lit de tous les fascismes, à la sortie de la salle j'interpellai à ce propos monsieur le Délégué général, Marc Bonduel. Tournant à peine la tête pour un sourire très professionnel et semblant ne pas comprendre le fondement de ma plainte, il me rétorqua que son festival avait également une vocation pédagogique à l'adresse des jeunes avant de rattraper Lio qui elle savait capter toutes ses attentions comme celles de la foule qui se pressait dans le hall... j'en rumine encore d'incrédulité : Pédagogie de la pompe à fric, oui !

Bref, en six jours, j'ai tout de même réussi à voir neuf longs métrages dont seulement cinq en compétition, sept documentaires tous en compétition, et deux courts métrages... ce qui ne représente même pas la moitié de la programmation. Il est physiquement plutôt éprouvant de voir plus de trois films par jour durant toute une semaine. Et je n'ai malheureusement pas été capable de relever le défi que je m'étais lancé à moi-même lors de la cérémonie d'ouverture du festival. En aurais-je tiré une plus grande satisfaction, ce n'est pas sûr. En fait, hormis le petit bijou d'humour et de causticité à la sauce caraïbe El Cuerno de la abundancia du génial Juan Carlos Tabio qui aura heureusement obtenu le prix du public, la sélection de longs métrages proposée aura été bien décevante. Si je n'ai finalement pas décidé de voir Los Paranoicos de l'argentin Daniel Hendler primé par le jury que présidait Philippe Harel, j'ai à peine souri à la décevante comédie ayant emporté de façon inexplicable à mes yeux l'abrazzo maxima de cette dix-huitième édition. Par bonheur, cette année, la programmation du festival nous a offert, hors compétition, une succulente rétrospective de l'œuvre de J. C. Tabio (dont les DVD sont scandaleusement inabordables sur internet), ainsi que quelques perles inoubliables dont Garage Olimpo de l'argentin Marco Bechis et En la Cama du Chilien Matias Bize on peut trouver heureusement encore ce dernier en DVD pour un prix décent).

Deux documentaires inoubliables

Si le cinéma documentaire semble avoir gagné quelques infimes parts de marché ces dernières années, il demeure malheureusement toujours ignoré de l'immense majorité du public, et ce malgré les efforts de promotion consentis depuis le départ par les organisateurs du festival de Biarritz. Cette année la sélection de films-documentaires aura même très notablement dépassé en qualité, et de très loin, celle quasiment médiocre des films de fiction (hormis le J. C. Tabio bien sûr). Si Fragmentos de una busqueda, des argentins Pablo Milstein et Norberto Ludin, Villa el Salbador, du français Jean-Michel Rodrigo, Criada, de l'argentin Matias Herrera, et La Tierra sin mal de l'Italienne Anna Recalde Miranda mériteraient tous sans nul doute de trouver un ou des distributeurs afin de rencontrer un public, pour autant, le jury du festival a choisi de ne pas les récompenser, tout comme il a boudé le film qui marquera pour moi cette première semaine de vacances festivalières, le génial La Revolucion de los Pingüinos de Jaime Diaz Lavanchy dont je ne manquerai pas de parler très prochainement dans l'article que je lui dédierai. En accord avec le public, le jury documentaire a su tout de même décerner le plus grand prix à la magnifique œuvre de mémoire universelle de Germán Berger Hertz , Mi vida con Carlos, sur lequel je reviendrai dans ces mêmes colonnes.

Je ne ferai aucun commentaire supplémentaire par contre sur la mention spéciale décernée pour des raisons que j'estime incompréhensibles à la toute aussi incompréhensible histoire de Pedro dans La Chirola qui aura provoqué mon ultime colère de la semaine.

Quant aux courts métrages, et pour finir, je ne saurais que regretter en avoir vu si peu et d'en de si mauvaises conditions. L'année prochaine, si mes coups de sang ne m'interdisent pas l'accès au festival, je tâcherai de ne pas oublier les films courts... et mon maillot de bain.

À suivre...

Xan Ansalas

 

Les commentaires sont fermés.