Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Merci de nourrir les poissons en mon absence

« Omagh, victimisation... | Page d'accueil | Affection pathologique »

vendredi, 25 mars 2005

Western indomptable

Grosses vestes et casquettes de cuir noir, très connotés States des années soixante, deux cops très ordinaires manifestement, très blancs et transpirants, bondissent d’une jeep qui vient de s’arrêter dans un nuage de poussière grise face à un rocher barrant le chemin à peine carrossable pour ce véhicule dont la modernité, quarante années plus tard, nous étreint de nostalgie sur pellicule monochrome. D’un geste large et symétrique, franchement coordonné par la mise en scène, chacun lance au loin, de part et d’autre de cette frontière, une si symbolique et envahisseuse canette de coca-cola. La traque est lancée. Le fugitif court dans la montagne : un cow-boy, un vrai de vrai, tirant derrière lui une si sauvage et magnifique jument noire à la longue crinière blanche. Un authentique cow-boy, symbole universalisé de l’Amérique et de son rêve de liberté individuelle sans entrave. Le dernier cow-boy très certainement. Le dernier homme résolument libre d’une époque révolue… En gros plan sur l’écran géant, c’est bien sa fossette au menton devenue mythique. Ses yeux lumineux. Qui mieux que lui aurait pu incarner ce rêve désespérément en fuite ? En embuscade, son fusil winchester vise le rotor de l’hélicoptère qui cherche à le débusquer. L’oiseau de malheur et d’acier est touché, le rêve perdurera encore quelques minutes dans ce ciel si bleu et si pur en noir et blanc, quelques minutes encore avant d’être assassiné par le « progrès » qu’on n’arrête pas, effacé du macadam par une pluie torrentielle. Kirk Douglas ne se rendra jamais, c’est lui l’insoumis, celui qui refuse toutes les barrières dans la prairie tandis que des avions à réaction tracent les nouveaux barbelés dans leur sillage stratosphérique… Confortablement enfoncés dans nos fauteuils, nous venons de franchir avec eux le sas intemporel entre le monde des camions et des autoroutes… et le Western. Oui, nous voici en plein Western majuscule. Tout est atypique et paradoxal dans ce film… dans ce chef d’œuvre.
Je me souviendrai longtemps aussi de ce shérif entre deux époques qui, entre l’ordre des commerçants et des juges et la liberté d’un chient errant, choisira de sourire encore à la « déraison ». Merci Monsieur Walter Matthau. Merci Monsieur le lonesome cow-boy, merci Monsieur Kirk Douglas pour ce superbe et inoubliable western pour lequel vous vous êtes tant battu.
Même si Acme l’aura emporté à la fin, provisoirement me plais-je à affirmer, par défi, merci Ramuntxo, merci Guy*, votre cinéma continuera encore longtemps de nous offrir espoir et beauté. Un grand film ça ne se raconte pas, ça se voit et ça se revoit.

Robinson Crusoé

* Guy, distributeur des films Actions Gitanes qui nous a déjà offert Le Tramway nommé désir et Reflets dans un œil d’or… et offrira encore aux spectateurs de l’Autre cinéma, nous l’espérons, de nombreux joyaux cinématographiques.

13:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.