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Merci de nourrir les poissons en mon absence

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jeudi, 30 juin 2005

Decazeville fête toutes les langues :

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C’est si joli un Mescladis !

Tous les feux de la St Jean se sont réunis pour enflammer le ciel de Decazeville en cet après-midi de la fête des langues 2005. Nos feux de la St Jean à nous, à Hazparne, à Donibane, les feux que nous avons chargés dans notre convoi d’amitié jusqu’à Mois- sac pour y mettre aussi le feu à l’été au milieu de la nuit du 24… chez Bernadette et Serge. Ce samedi 25 juin, chez David, chez Franck, Chez Dominique et Jean-François, chez Christophe, chez Aldo et chez Robert, chez Benoît et Lili et chez Xabi aussi, tout le ciel de l’Aveyron est repeint en bleu pour nous accueillir, nous les Basques déjà habités depuis plus de 10 000 ans par l’esprit du Mescladis.
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Nous voici à nouveau invités à nous ressourcer, pour la quatri- ème année consécutive, au pays du cœur du cœur, Decaze, la capitale du Mescladis, à l’ombre chaleureuse des humains qui marchent debout, qui chantent dans toutes les langues du mé- tissage et qui nous sourient parce qu’ils sont fiers, et qui sont fiers parce que nous leur sourions sous la chaleur. Combien ? Trente-sept degrés à l’ombre ? Quelle ombre ? Ici pas la moin- dre ombre qui ne soit humaine et vivante, la température de cette ombre du Mescladis c’est celle des corps réunis pour s’em- mêler, se mélanger les langues…
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À cinq heures de l’après-midi, je ne suis pas dans le poème de Garcia Lorca, il n’est jamais partout en même temps la même heure, la jeune femme au fichu fleuri me sourit furtivement, ses mains travaillent mécaniquement une pâte épaisse et blanche. Elle est Kurde, tout du moins s’active-t-elle sur le stand kurde à fabriquer comme à la chaîne des sortes de talos. Ce soir nous aurons une «terrible» concurrence me dis-je en poursuivant mon tour de «reporter-photographe» sur la place. Je n’ai pas osé m’approcher, pas osé leur parler, j’ai pris la photo d’un peu trop loin encore trop intimidé par la chaleur du Mescladis ; je n’ai pas osé aller aux nouvelles, faire connaissance, au moins me pré- senter… nous le ferons un peu plus tard à l’initiative de Xabi en distribuant notre cageot de cerises de Moissac à tous les parti- cipants que nous irons visiter sur leurs stands. Ça sera une ini- tiative unanimement appréciée, à chaque fois on nous deman- dera si il s’agit bien de cerises d’Itxassou et nous répondrons chaque fois par un petit sourire gêné que non, que nous ne pou- vions pas, trop loin, la chaleur, le transport, tout ça… Peu im- porte l’explication, tout le monde ne retiendra que le goût sucré des cerises, l’échange des sourires, l’énergie et la franchise par- tagée des poignées de mains.
Quelques pas plus loin, je prends un peu de recul pour mettre le soleil hors cadre. Les photos des stands arabophones et portu- gais seront inexploitables à cause du contre-jour. L’anglais pire encore. Je m’improvise bien piètrement « reporter »…
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Face aux jolies petites Italiennes, là c’est encore ma timidité maladive. Enfin, je dis Italiennes mais leurs cartes d’identité cla- ment très certainement leur citoyenneté française, leur naissan- ce à Decazeville dans l’Aveyron ou dans la région. D’ailleurs, elles ne parlent pas l’italien, comprennent juste quelques mots mais connaissent par coeur les chansons traditionnelles. Ce sont leurs mères ou leurs grands-mères qui sont nées en Italie, qui parlent encore italien entre elles. Elles sont assises au fond du stand, alors je m’enhardis quelque peu. Leur mélodieuse langue des Pouilles me fait des papouilles au creux de la trompe d’Eus- tache et, clic-clac, c’est dans la boîte. Mince, juste elles ont tourné le dos, le petit drapeau masque la Mama, et puis surtout je ne sais pas mettre le son sur ce si joli blog tout bleu qui de- meure tristement muet.
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Mille et une ombres

en pleine lumière


Il faut que je presse le pas, mon «commando» m’attend à la buvette. Leurs longues ombres impatientes me font des signes de loin. Un instant, devant le chapiteau des organisateurs, j’hé- site à participer au forum, un débat passionné sur la pluralité des langues que je prends en cours et puis que je déserte tout aussitôt. Je m’en veux déjà. L’année prochaine je me préparerai mieux. Je m’y engage solennellement. Je promets aux uns et aux autres, mais là je ne suis pas prêt, je ne sais pas improviser à l’oral, le sujet me passionne, bien évidemment, la situation diglossique en Pays basque, la part essentielle de la langue dans la transmission de la culture, tout ça, je suis convaincu que nous avons tous des ombres différentes et la que la langue est l’om- bre indissociable de notre culture. Hasard de ma visite des stands, je passe juste devant celui de l’espéranto au moment où je me fais ces réflexions. Clic-clac, je les ai mis dans la boîte. Ils sont un peu tristes, je trouve, à vouloir inventer une novlangue, une ombre unique pour tous. La magie du corps culturel c’est qu’il peut multiplier les ombres, presque jusqu’à l’infini, pour enrichir la culture dans la diversité qui lui donne vie et sens. Oui, l’année prochaine, c’est promis. Au nom du «commando» des Basques, je préparerai une intervention pour participer à cette théorisation de l’esprit du Mescladis. Sauf à perdre définitive- ment la mémoire, je ne peux oublier un tel engagement !…
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J’allonge encore le pas… Je n’oublierai pas non plus de prendre une casquette. D’une année sur l’autre, parait-il, il y a de moins en moins de platanes. Les derniers rescapés sur la place aux voitures ont déjà signé leur arrêt de mort dans le goudron fondu : un instant j’ai pourtant songé à pétitionner pour les sau- ver. Mais la nuit, quand elle viendra enfin pour faire se mêler toutes les ombres dans la fête musicale du Mescladis, je ren- contrerai Jean-Claude et la pétition, je la signerai, au moins virtuellement, un million de fois, pour réinventer des arbres de vie là où les racines plongent leurs doigts impatients dans les verres d’anisade, pour trinquer et trinquer encore. François, Alberto, Ginette, range ton portefeuille c’est la mienne. Je dois faire chauffer la poêle, la plancha est déjà chaude, Marie s’active aux talos, ils m’attendent, Jean-Luc fait patienter les affamés, Xabi confie à Maddi la responsabilité de notre stand culturel, en nocturne. Le «commando» est au complet, chacun à son poste, sur tous les fronts à la fois. Le feu est dans nos cœurs. Le feu. La joie dans nos veines. Cette année nous avons amené un très bon rouge bio de Navarre. Mille fois j’ai dû répéter son nom en langue basque. Mille fois on a dû, toute la nuit, me le traduire dans toutes les langues du Mescladis. Mille fois on a trinqué. Et là je ne me souviens plus de son nom… Les filles ont dansé à s’en casser les jambes, les garçons ont chanté à s’en déchirer la voix, tous les talos ont été mangés.
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L’an prochain, promis, je ne renâclerai pas pour que nous ame- nions davantage de matériel. Nous amènerons davantage de li- vres, davantage de tee-shirts et des casquettes aussi, et des briquets aussi, plein de briquets différents avec plein de flammes dedans, nous amènerons aussi cent talos de plus et dix bou- teilles de txakoli, et du patxaran, et nous ramènerons dans nos mains et dans nos lèvres la même amitié encore renforcée par la joie de retrouver, plus chaleureux que jamais, nos amis du Mescladis.

Le plébéien de toutes les couleurs

21:20 Publié dans copinage | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

salut agur adiu!!!!
quel retard pour commenter et pourtant quel plaisir à lire ce compte rendu.... à quand la prochaine fête des langues à La Sala ( Decaze)? E bé... le 1er juillet qui nous arrive dans pas longtemps. Demandez le programme, il va pas tarder. Et il sera comment le stand d'euskera????

Écrit par : jean-françois mariot | mercredi, 17 mai 2006

Je voulais juste savoir si un Mescladis etait prevu cette année 2007 a decazeville, car j'aurais paut etre des amis d'un groupe de musique sénégalaise et un autre groupe basque qui pourrait etre intéréssés pour y participer.

Écrit par : Girval | jeudi, 01 février 2007

Je cherche comment se dit ou bien s'écrit le mot lumière dans toutes les langues.

Écrit par : Laval Chabot | dimanche, 23 septembre 2007

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