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Merci de nourrir les poissons en mon absence

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vendredi, 28 juillet 2006

Hommage à Hipolito Becerra

 
 
 
 
 
 
 

 

Nous avions convenu qu’il commencerait à peindre ce prin- temps, il viendrait deux à trois soirs par semaine installer son chevalet à la taverne de L’Atalante, et puis peut-être aussi certains dimanches après-midi, pas toujours au même endroit, il bougerait, histoire de changer de point de vue mais en faisant toujours très attention à ne pas déranger, à ne pas gêner la bonne marche du cinéma. Peut-être que parfois il ne prendrait que des croquis, sur un carnet, au bout du comptoir, près de la machine à pression. Peut-être aussi que, certains soirs où il n’y aurait pas grand monde, le projectionniste lui donnerait l’autorisation de peindre dans la salle obscure… Il en rêvait, peindre dans l’obscurité, portraitiser des cinéphiles au hasard et à la seule lumière d’un vieux film en noir et blanc, comme une performance jamais encore réalisée avant lui…

 

medium_autoportrait_hipolito_380.jpg

Polito n’aimait que les vieux films, les vieux cinémas… c’était pourquoi, mais pas seulement, il avait été tout de suite séduit par le plus vieux cinéma de la côte basque, ce cinéma qu’il désirait tant faire entrer dans ses tableaux. Seul cinéma à passer encore des vieux films, d’ailleurs. Il aurait tout de même bien voulu voir certains des films consacrés à des peintres qu’il admirait, des géants dont il m’avait parlé avant que je n’aille voir les films pour lui à L’Atalante. Frida Kahlo, Edvard Munch, Pollock… Frida Kahlo, dont j’avais largement regretté que Julie Taymor, la réalisatrice hollywoodienne ne daigne même pas faire parler en espagnol son héroïne mexicaine. J’avais pu, grâce à la passion communicative de Polito, revisiter tout à loisir ses œuvres si chaudes et si douloureuses à la fois dans l’album qu’il me prêta tout un mois. Et Edvard Munch, qu’il avait découvert il y a bien longtemps, quand il vivait en Belgique, au Musée d’Art Moderne d’Oostende, il m’en avait longuement parlé comme s’il avait appris par cœur la biographie ou qu’il l’avait lui-même écrite. Des albums sur Munch il en avait plusieurs dans sa bibliothèque. Sur Pollock aussi. Mais c’est Munch qui le fascinait plus que tout, je crois… D’ailleurs, un de ses tableaux peint à Oostende… ou quelque part en Belgique… je ne me souviens plus du lieu, il avait dû me l’expliquer, ce tableau, pourtant… ce tableau qui s’inspire si explicitement du style du Maître de l’Art Moderne. J’aurais tant voulu que Polito voit ces films avec moi, le chef d’œuvre de Peter Watkins comme celui d’Ed Harris… Bref, je me demande dans quel style les tableaux de Polito auraient raconté ces instantanés qu’il aurait su saisir au clair obscur du plus vivant des cinémas. Souvent j’essaie d’imaginer sa palette de couleurs, ses pinceaux qui déchirent et caressent la lumière, mais je sais que je ne saurai jamais… Polito n’aura même pas eu le temps de faire le portrait du cancer qui l’a enlevé à tous ceux qui l’aimaient.

C’était en septembre dernier, la dernière fois que nous avons parlé, la dernière fois que je l’ai vu, à Urdax ; il exposait au cloître du monastère San Salvador, plein de nouvelles œuvres que je ne connaissais pas, et que je n’ai pas prises en photo, malheureusement. Ni lui, d’ailleurs, j’aimerais tant avoir conservé une image de lui, vivant, Polito, Hipolito Becerra, mon camarade, mon ami. Je n’ai que ces quelques photos de son exposition à Irun, en 2003, prises par Milagro, son épouse, ces quelques clichés polaroïds qu’il m’avait confiés pour que je les fasse numériser. Il comptait pouvoir montrer ses tableaux à quelques acheteurs potentiels en leur postant un cédérom qu’il copierait et recopierait quand il aurait son propre ordinateur à la maison… Polito avait plein de projets d’artiste, comme ça. Plein de choses qu’il voulait apprendre ou expérimenter, plein de voies nouvelles à explorer. Se « moderniser », entre autres. Il aurait tant voulu pouvoir vivre un jour de son art, décemment, sans être obligé de se tuer la santé dans un garage pour faire vivre les siens. Etre artiste à temps plein, Maître Becerra…

medium_la_gauloise_en_belgique_380.jpg

Polito, je te dois cet hommage, cette exposition virtuelle que je publie sur le forum de Cinéma & Cultures pendant la fermeture du cinéma cet été. Peut-être un jour prochain pourrons-nous organiser une vraie exposition, avec des vrais tableaux à vendre… il faudra que j’ose en parler à ta veuve. En attendant, j’invite mes lecteurs à visiter l’exposition « hipolituelle » : bonne visite au pays des fantômes de L’Atalante ! 

 

Le plébéien bleu

 

 

Commentaires

HOLA SOY EL HARMANO DE HIPOLITO , Y ESTE HOMENAJE ES ALGO PRECIOSO QUE A EL MISMO LE SALTARIAN LAS LAGRIMAS , MUCHAS GRACIAS A LA PERSONA QUE LO HIZO EN NOMBRE DE LA FAMILA.
HIPOLITO FUE UNA PERSONA ESTUPENDA ,LLENA DE VIDA Y TUVE LA SUERTE DE SER SU HERMANO HASTA QUE EL DESTINO NOS SEPARO PREMATURAMENTE. ESPERO QUE ALGUN DIA NOS PODAMOS ENCONTRAR DE NUEVO

Écrit par : MIGUEL BECERRA JARAMILLO | mardi, 05 septembre 2006

Bonjour Monsieur,
Je me presente, Aitor Becerra, fils ainé du grand Hipolito Becerra.
En naviguant sur internet, je suis tombé sur cette page qui m'a fort ému. Je ne m'attendais pas à trouver quoi que ce soit au sujet de mon père, mais ma surprise fut grande et
je voulais simplement vous remercier pour ce geste et le temps consacré à cette page. Et, même si peut-être pour vous ça na pas été grand chose, cela signifie beaucoup pour moi. J'ai vu que vous parliez du coeur, et ça a touché le plus profond de mon être. J'ai vu que mon père a laissé quelque chose sur cette terre, comme toujours, par là où il est passé.
Chacun d'entre nous qui connaissons mon père savons ce que cela signifie pour lui et nous tous, et il n'y a simplement pas de mots pour le définir.
Je ne vous connais pas, ni connais la relation que vous aviez avec mon père (j'en ai deviné une grande partie en lisant ces lignes) mais je vous dis un grand merci du fond du coeur.
Je vous laisse mon adresse e-mail (refsim7@hotmail.com) au cas où vous voudriez prendre contact ou si vous avez besoin de quelque chose. Quoi que ce soit, n'hésitez surtout pas.

Merci beaucoup une dernière fois, et à bientôt.

Aitor Becerra

Écrit par : Aitor Becerra | mercredi, 06 septembre 2006

Kaixo Aitor,
Juste un petit mot ici pour te remercier du grand honneur que tu fais au plébéien bleu... et à moi-même par la même occasion.
Je vais bien évidemment te répondre plus longuement en privé à l'adresse que tu as laissée dans ton message. Je te demande toutefois de ne pas t'impatienter si je ne le fais pas en suivant. Si tu as été ému par l'hommage que j'ai voulu rendre à ton père, mon ami, sache que tes mots sur ce blog m'ont carrément bouleversé et que je voudrais vraiment prendre le temps pour y donner une réponse à la mesure des sentiments qui m'animent.
Laster arte.

Xan

Écrit par : Xan Ansalas | mercredi, 06 septembre 2006

Hipólito , amigo .
Tú que mirabas , comprendías y transformabas en color , siempre estarás en mi corazón junto a Mila y Kepa.

Écrit par : Pilar Esteban Vilda | jeudi, 07 septembre 2006

superbe hommage ... émouvant ... et ces chants, magnifiques ...
merci, je suis émue
cat

Écrit par : cat | vendredi, 11 mai 2007

Les commentaires sont fermés.