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Merci de nourrir les poissons en mon absence

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jeudi, 07 juillet 2005

Soyons vigilants le 9 août 2005 :

Aujourd'hui

Radio Londres

est en panne



Ce matin, en me levant, je ne sais pas comment ça se fait, mais je n’ai pas allumé la radio. Il est des gestes comme ça qui font partie de la programmation génétique chez les plébéiens quelle que soit leur couleur de peau, des gestes automatiques qui en entraînent d’autres, un peu moins automatiques, et on fi- nit par se brosser les dents, tous les matins après le petit dé- jeuner thé-au-lait-deux-tartines-beurrées-et-confiturées sans même avoir encore pris conscience que peut survenir la fin du monde, là, comme ça, sans coup de semonce, juste parce que la radio dans la salle de bain, grésillant pendant que je prends ma douche, pourrait m’annoncer que je suis un Américain, un Madrilène ou, euh, disons un Londonien. Après, la radio, c’est comme le reste, dans l’air du temps, ça peut dépendre, des lieux, des époques, des modes et puis aussi du camp dans le- quel on se situe, que l’on choisit ou que l’on soutient. On peut écouter Radio Paris qui n’est plus trop allemand ou Radio Lon- dres qui l’est parfois et donc ment aussi… bref, this morning, i don’t know why but i was completely deaf. Du dentifrice entre les oreilles, on peut imaginer pire comme trouble obsessionnel compulsif. N’empêche que, ce matin, avant d’aller chez le den- tiste, j’ai tout de même eu l’idée d’allumer l’ordi (comme quoi toutes les modifications génétiques ne sont pas possibles, même accidentellement), de me connecter à mon si joli blog tout bleu pour constater que mes stats sont légèrement en hausse (y’a pas de miracle, si je n’écris pas, la curiosité de mes visiteurs s’estompe très vite), de consulter les titres de l’information sur cotebasque.net puis sur rezo.net, et enfin d’ouvrir ma boîte Outlook pour lire mes courriels. Txus est très matinal, lui, il n’était même pas sept heures du mat’ quand il a posté. Un envoi groupé afin de relayer la lettre ouverte de Xipri, lettre que je reproduis in-extenso ci-dessous. Donc, avant d’enfiler mon blouson, j’ai un peu speedé pour le mettre en ligne un peu proprement -- depuis que j’ai réussi à trouver la modification du code html pour justifier mes notes, je passe un temps fou pour césurer à la main –, faut dire que ça tombait plutôt bien, ces derniers temps j’ai eu plusieurs critiques à propos de mon blog pour me reprocher de ne plus y parler de «politique basque». Ce genre de critiques, à chaque fois ça me fout mal, mais alors vraiment mal, surtout que je n’ai aucune excuse. Aucune. L’actualité politique basque je la suis. Peut-être pas de façon frénétique, mais disons que pour le moins je me tiens informé : au passage j’en profite pour faire un peu de promo en revendiquant haut et fort mon abonnement en cours à Ekaitza

Ouais, d’ailleurs, ce matin j’ai bien lu l’info sur le ouèbe de France 3 Aquitaine à propos de l’extradition de Eneko Aizpuru. Évidemment que ce genre d’infos me fout complètement en rogne, j’interdis à ceux qui me connaissent et m’apprécient plutôt plus que moins d’en douter. Je suis très souvent en rogne comme ça, mais en même temps, ça arrive tellement souvent ce genre d’infos-là, depuis tellement longtemps déjà que je me suis habitué à ne même plus m’inventer d’excuses pour ne pas gueuler, pour ne plus mordre. De temps en temps encore je mords, mais avec le sentiment désastreux que je me déchire moi-même le ventre pour rien. Et ce matin, le courriel du ca- marade Txus m’aura un peu secoué dans le sens des poils dressés sur les bras par l’émotion. Merci camarade ! Un jour durant, j’aurai réussi à faire renaître en moi la conviction de participer à un élan de justice et de solidarité militante, de pou- voir agir même avec des moyens dérisoires face aux médias de la domination et du décervelage. L’événement essentiel de ce jeudi 7 juillet 2005, grâce à cette lettre ouverte ci-dessous, ne se limitera heureusement pas aux 800 € que j’ai dû dépenser pour m’offrir deux belles dents en céramique jaune, assortie à mon sourire satisfait de plébéien bleu.
Ce midi, pour une raison tout aussi inexplicable que ce matin, ma radio était encore en panne. Ou plutôt, disons que cette fois je l’ai éteinte. A moins que ce ne soit Mamour ? Je ne sais plus, peu importe. Demain, et après-demain, et après-après demain, et la plupart des jours qui suivront, mes courbes de biorythme se décroiseront et j’aurai toutes les peines du monde pour ne pas devenir Américain, Madrilène ou Londonien. Mais le 9 août prochain je serai Donostiar, ça c’est sûr. Nous serons tous Donostiar, j’espère.

Xipri Askatu !


Le plébéien bleu

medium_tortura.jpg


Zipriano FERNANDEZ-GARCIA
Prisonnier politique basque
1564-B/202
CP de Lannemezan
Rue des Saligues
BP 166
65307 Lannemezan cedex


Chers amis,


Arrêté le 25 octobre 1999 à Pau, j’ai été condamné en 2001 à 8 ans de prison ainsi qu’à une interdiction défini- tive de territoire français, mesure qui constitue une dou- ble peine et qui remet en cause le statut de citoyen eu- ropéen des Basques.
J’arrive en fin de peine le 9 août prochain et bien que je ne sois passé devant aucune commission qui aurait exa- miné les modalités de cette expulsion, on peut être cer- tain qu’elle aura lieu, et que la police française me re- conduira à la frontière espagnole(1). Dès lors, ma liberté sera soumise à la seule appréciation de la police espa- gnole. Normalement, je devrais être laissé en liberté sur le territoire espagnol, la justice de ce pays ne m’ayant pas réclamé. Mais la réalité de notre terre basque (ré- pression policière, judiciaire, économique…) nous fait toujours craindre le pire. Qui plus est, dans mon cas, même si j’entends que les dernières expulsions de compagnons basques se sont « bien » passées, je garde dans mon esprit et sur ma peau le souvenir de mon pas- sage par la caserne de la Guardia Civil d’Intxaurrondo, dans ma ville de Donostia (San Sebastian), en octobre 1987, avec ses tortures, les électrodes, les sacs en plas- tique appliqués sur la tête jusqu’à l’évanouissement, les simulacres d’exécutions sur une petite colline toute pro- che, les coups et les humiliations sans limites.
Bref. Même si je ferai une grève de la faim, pas très longue(2), je ne peux me sentir que démuni face à une telle menace, et c’est pourquoi je vous demande de rester vigilant quant à ce qui m’arrivera le 9 août, et de bien vouloir intervenir auprès des autorités compétentes s’il le faut.
Je vous remercie par avance pour votre aide.

Xipri


(1) Si cette expulsion en tant que telle est légale puis- qu’une interdiction de territoire a été prononcée, le pays de destination devrait tout aussi légalement être choisi par la personne expulsable, ce qui n’est jamais le cas lors des expulsions de Basques arrivant en fin de peine.
(2) Les Basques qui vont être expulsés font générale- ment une grève de la faim afin d’arriver à la frontière espagnole dans un état physique le plus faible possible, du moins ne permettant pas à la Guardia Civil de les tor- turer.

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