« 2005-04 | Page d'accueil
| 2005-06 »
vendredi, 20 mai 2005
Des Rencontres utiles...
du 24 au 28 mai 2005 à Bayonne
Cinq jours de plaisir, de convivialité, sans compétition mais avec la volonté de faciliter au mieux les rencontres entre le public et les réalisateurs, écrivains ou photographes qui traverseront ce temps particulier de notre saison cinématographique. Cinq jours pour être utile, pour nourrir les imaginaires et pour découvrir des témoins importants de notre histoire contemporaine. Aux côtés de plusieurs cinéastes « en résidence » à Bayonne, vous pourrez croiser, Hocine Zaouar, photographe algérien, ou Georges Ibrahim, le directeur d’Al Kasaba, la cinémathèque de Ramallah. Le premier, aujourd’hui encore totalement ostracisé dans son pays, est l’auteur de "La Madone de Benthala", cette fameuse photo qui a fait le tour du monde et le second gère le dernier cinéma ouvert dans les Territoires occupés.
Ces Rencontres seront l’occasion de faire exister des films exigeants, de démontrer la capacité du cinéma à être le témoin des enjeux de nos sociétés ou à porter la voix des « sans voix ». Elles permettront d’accompagner certains films par des regards croisés, d’apporter des éclairages sur des questions importantes – pouvoir des images, logiques de création et de diffusion- dans une époque difficile où la satisfaction du consommateur reste la règle. Nous prendrons également le temps pour des moments de fête et de légèreté, pour des discussions à bâtons rompus à la taverne sur le cinéma que nous aimons, un cinéma utile pour vivre et pour rêver !
Jean-Pierre Saint-Picq
Président de l’association Cinéma et Cultures
07:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
"Il est chié ce vent...
...C'est lui qui fume ma cigarette"
Très grand beau temps hier sur la Côte basque - stop - aujourd'hui suis rouge comme une écrevisse - stop - mais je retourne quand même pic-niquer sur la plage - stop
Suis même allé me baigner - stop - petit vent doux - stop - un peu peur des baïnes - stop - mais géniale première fois de l'année - stop - j'y retourne cet aprèm' - stop - la vie est belle - jamais plus stop
le plébéien bleu
07:10 Publié dans écrits sur fond bleu | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 17 mai 2005
Collier de nouilles, le retour
TCE anti-européen
Finalement c'est trop important, je décide de rapatrier mon collier de nouilles européen sur mon si joli blog tout bleu. Une fois de plus grâce à rezo.net je suis tombé sur ce nouvel argumentaire : Témoignage d'un revenu du Oui. Apparemment, ce Thibaud de La Hosseraye existe bien, même si il ressemble quasi trait pour trait à la caricature que l'on est habitué à faire de l'intellectuel libéral raffariniste. En fait, peu importe qui il est vraiment, ce qui compte en l'occurrence c'est la teneur encore exclusive, il me semble, et à mon sens tout à fait irréfutable de son argumentation en faveur d'un "Non de raison". Si jusqu'alors je le pressentais bien, et cela fondait intrinséquement la détermination de mon vote Non, désormais je sais argumenter clairement pour exprimer la teneur carrément anti-européenne de cette Constitution qui nous est proposée. Afin de vous offrir un avant-goût de ce un peu long texte fondamentalement effrayant, je reproduis ici quelques extraits un peu au hasard mais pour le moins édifiants :
...4/ Sur le refus français de la Constitution de l’UE, il n’y a donc pas de différence entre Non de gauche et Non de droite (au moins européenne) alors qu’il y a une divergence radicale sur le fond entre oui de droite et de gauche (même si ce n’est plus la même droite –ni sans doute la même gauche) puisque la droite approuve le libéralisme tel que le normalise la Constitution alors que la gauche ne l'accepte et ne consent à le constitutionnaliser que dans la perspective de le corriger, compléter, détourner ou contourner, c'est-à-dire qu'avec beaucoup moins de cohérence que la droite, elle soutient ardemment une Constitution...dont elle nous assure déjà qu'elle fera tout pour en neutraliser l'orientation !
...7/ Les sociolibéraux du PS et des Verts ne cessent d’arguer de la Charte des droits fondamentaux pour y voir une protection contre toute « dérive ultralibérale » (puisqu'ils n’ont rien contre le libéralisme) alors qu’ils prétendent réduire la partie III, loi-cadre prédéterminant la politique économique et sociale de l’UE, à une simple synthèse récapitulative « pour mémoire » des traités antérieurs, sans véritable valeur constitutionnelle (même s’ils n’osent pas aller expressément jusqu’à cette contre-vérité, ils s’efforcent de la suggérer par des artifices rhétoriques). La vérité est inverse : la Charte n’a pas de valeur juridiquement contraignante puisque tout en s’inscrivant dans la Constitution, elle y inscrit en même temps la restriction explicite qu’aucun de ses articles ne saurait prévaloir, dans aucun des Etats membres, sur les pratiques institutionnelles de cet Etat (cf. II-111-2, II-112-4 et 5 et le préambule) (19). Au contraire, la partie III, elle, se présente elle-même comme absolument contraignante et elle est littéralement normative. Si elle est intégrée dans la Constitution, ce n’est donc pas comme un corps étranger (ce qui est le cas, en revanche, pour la Charte) mais bien en effet pour lier l'adoption de la Constitution à un engagement au respect des principes de l’idéologie libérale qu’elle explicite sans équivoque et des conséquences pratiques impliquées par ces principes et qu’elle détaille par le menu.
...10/ Ceux qui prétendent une renégociation de l’organisation actuelle de l’UE inenvisageable choisissent d’ores et déjà de ne pas se conformer à la volonté nationale et la trahissent déjà en affaiblissant d’avance leur propre Nation au cas où le Non l’emporterait puisqu’ils ne se voient que plaider coupables et contraints au profil bas pour toute éventuelle renégociation ultérieure. C'est exactement ce que l'on appelle une forfaiture, et ce, quelle que soit l'issue du scrutin.
...13/ Mais le premier argument à prendre en compte par ceux qui veulent vraiment l'Europe, qu'elle soit Union de Nations ou supra-nationale, c'est que tout en limitant le pouvoir des Nations, cette Constitution est d'abord anti-européenne : elle normalise un libre-échange interne identique entre les Etats-membres à celui de l’ensemble des Etats-membres avec le reste du monde et qui tend à ouvrir les frontières de l’Europe selon un mode strictement analogue à celui selon lequel elle ouvre les frontières de ses Etats-membres à l’« intérieur » de l’Europe. La sujétion économique des Nations à la logique libérale de l'Union n'a pour fonction que d'assujettir l'Union elle-même à un libre-échange mondial dans lequel ni son défaut de cohésion, économique aussi bien que politique, son refus normatif de toute stratégie planificatrice ou monétaire ne peut que la conduire à se dissoudre à vitesse accélérée pour le seul profit de détenteurs de capitaux d'origine et de destination indifférente (22). Tout se passe comme si nous n'assistions plus à une construction de l'Europe, mais à la programmation méthodique de sa dilution.
...16/ En définitive, cette Constitution n'a qu'une seule finalité, en laquelle réside en même temps son originalité absolue: c'est d'instituer, pour la première fois au monde, un contre-Droit (24). Elle le fait en élevant la concurrence au rang de principe normatif. Le Droit s'oppose à la loi du plus fort et à l'état de guerre perpétuelle où le plus fort ne cesse d'avoir à prouver qu'il l'est. Le contre-Droit de la concurrence dit au contraire : « Battez-vous, et que le plus fort gagne! ». Evidemment, pour gagner, le plus fort n'a aucun besoin d'aucun droit. En revanche, il a besoin qu'on ne lui oppose pas le Droit. Il lui faut donc un contre-Droit, un contre-feu au Droit, un droit qui s'oppose au Droit comme le contre-feu s'oppose au feu, en lui coupant l'herbe sous le pied. Le contre-Droit ne dit pas seulement que la guerre est un droit (rien d'original à cela, ni de contraire au Droit) ; il ne définit pas simplement des règles pour la pratique de la guerre (telles que celles de la Convention de Genève) ; il déclare l'exigibilité prioritaire de la guerre de tous contre tous...pour le meilleur profit de chacun (« Battez-vous, tuez vous...mais ne vous faîtes pas mal ! »).
Hum, alors, vous hésitez encore à aller voter Non ce dimanche 29 mai ?
Faites donc circuler cette argumentation, causez-en même à vos adversaires dans les repas de famille, ce n'est pas possible, ils ne peuvent pas gagner, le Non doit l'emporter.
Le plébéien bleu
12:05 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (6)
lundi, 16 mai 2005
Paris-Texas en V.O.F*
TEXAS
Que d’aventures !... Ce soir avec Mamour, c'était programme "ttotto-lolo", c'est à dire la version bayonnaise du cocooning. Dîner léger ou pas de dîner du tout (nous avions mangé très tard cet après-midi), canapé et téloche. Le canapé est petit, la proximité est donc des plus intéressantes… et puis elle m’annonçait, au choix, deux grands films : soit L’Homme sans passé de Aki Kaurismäki (noté TT par Télérama), soit Paris, Texas de Wim Wenders (véritable film culte noté TTT). Évidemment, moi j’ai tout de suite été tenté par Monsieur Hire de Patrice Leconte (TT). Mamour a un peu toussé, son rhume s’éternise. Alors j’ai juste dit que j’aimais bien ce film, mais surtout la musique, tout ça, quoi. Alors elle m’a répondu que je n’avais encore jamais vu Paris, Texas et que sur Paris Première on pourrait le voir en VO. Faut vous dire que désormais il m’est devenu carrément impossible de voir un film en V.F. Insupportable, je trouve ça in-sup-por-ta-ble. Et Mamour n’est pas loin de partager mon sentiment. Et puis, sur ARTE c’est de pire en pire, non seulement ils se mettent à passer les films en V.F. les dimanche soir au prétexte d’élargir leur audience, et donc les meilleurs films du répertoire au «grand public», mais même les lundi de pentecôte travaillés gratuitement, maintenant, les films sont doublés et non plus sous-titrés comme je les aime.
Bref, nous nous sommes branchés sur le câble et entrelacés dans le canapé pour regarder l’inoubliable chef-d’œuvre de Wim Wenders (je dis ça maintenant, encore à chaud et en exagérant à peine). Sa tête sur mes genoux, mes doigts fourrageant dans sa douce chevelure, tout ça, les tout aussi inoubliables notes de musique de la guitare de Ry Cooder nous envoûtent déjà. Bon, pour voir un film en V.O. sur Paris Première, il y a une petite manipulation à faire avec la télécommande. Sélectionner la langue du film (choix entre français et anglais) et choisir le sous-titrage (aucun ou français). C’est magique la technique en 2005, tout du moins pour moi qui adore m’étonner au quotidien. Mais, malheureusement, la technique a quotidiennement aussi des caprices. Des bugs comme qui dirait. Et là, ça cause toujours français dans le poste. Mamour doute un instant. Peut-être que c’est parce qu’il y a une actrice française, Aurore Clément, que ça cause en français au début. Elle ne se souvient pas bien. Elle l’a vu il y a très longtemps. D’ailleurs, nous vérifions dans Télérama, le film date de 1984, et il y a bien précisé V.M. C'est-à-dire «version multiple». Donc nous continuons à bidouiller avec la zapette. Chacun son tour. En vain. Ça continue à causer français. Et pourtant on a tout réglé tout bien comme il faut. Le «langue» sur anglais et le «sous-titrage» sur français. D’ailleurs le sous-titrage s’affiche bien, dans la même langue que le doublage déjà agaçant… et c’est là que ça devient drôle. On aurait pu s’attendre à ce que ça dise exactement la même chose –avec peut-être quelques raccourcis pour la version texte--, mais pas tout à fait. En fait c’est carrément différent, sur quasiment toutes les répliques du dialogue, il y a un décalage. Et ce décalage n’est pas seulement dû à des inversions à la traduction ou à l’utilisation aléatoire de synonymes. C’est quasi systématique. A un point que ça parasite un peu le film car, Mamour et moi avons notre attention chaque fois sollicitée par des «étonnements» à la différence des traductions. J’aurais dû prendre des notes. Ma mémoire ne fonctionne pas à la citation alors il m’est malheureusement impossible de pouvoir illustrer ici mon propos par des exemples concrets. Parfois c’était carrément rigolo. Bref, cela nous a démontré, si besoin était encore, la bien piètre qualité, pour ne pas dire pire, des doublages (et cela sans parler du choix des voix ou de la diction des acteurs réalisant les doublages en français… à part Aurore Clément qui manifestement se doublait elle-même) tout comme les approximations systématiques du sous-titrage. Me concernant cela aurait plutôt confirmé un a priori récurrent… Toujours est-il que, disons un peu grâce à ce bug de la V.M . sur Paris Première, j’ai pu pour la première fois depuis longtemps regarder un film en version doublée. Et je suis loin de le regretter. Vraiment. Paris Texas est vraiment un chef d’œuvre… à revoir dans une salle de cinéma et sur grand écran pour encore mieux jouir de la beauté de cette lumière de novembre au Texas photographiée par Robby Müller… et en V.O. Et Nastassja Kinski, dans son pull-over rouge, hum… Au fait, quelqu’un aurait-il de ses nouvelles depuis son «retour» sur les écrans dans An American Rhapsody en 2001 et À ton image de Aruna Villers en 2002 ?
Un dernier truc, L’Homme sans passé sur ARTE, ils l’ont diffusé en V.O. C’est tout du moins ce que prétend Télérama, je viens de vérifier. Et c’est tout de même sans aucun regret, même si Mamour a trouvé quelques longueurs à Paris Texas. Moi je n’espère désormais plus qu’une chose, que Ramuntxo nous le programme à l’Autre cinéma.
Le plébéien bleu
* V.O.F. = Version Originale Française (mais alors vraiment originale, hum)
23:30 Publié dans Cinéma, digression | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 15 mai 2005
Référendum constitutionnel :
Cette bizarre campagne
par Serge Rivron
Cette campagne est bizarre, parce que dans un premier temps tout le monde s'accordait sur le fait que le texte soumis à notre suffrage était un mauvais texte, au moins dans sa forme, et souvent sur telle ou telle partie de son fond. La différence entre les tenants du oui et ceux du non était alors que les premiers répétaient à l'envi que si le texte était certes très imparfait, on s'emploierait dès que voté à le faire évoluer pour qu'il soit mieux, alors que les seconds affirmaient texte à l'appui que ce ne serait pas possible.
Cette campagne est bizarre, parce que les tenants du oui ne cessent à présent de dire que ce texte est excellent, qu'il est le résultat d'un tas d'heure de discussions très ouvertes et que le refuser est inenvisageable parce qu'on ne pourra jamais le rediscuter.
Cette campagne est bizarre parce que ce mauvais texte, qui devrait être au centre du débat puisque c'est sur lui qu'il va falloir se prononcer, sert à tout sauf à enrichir le débat : ceux qui le rejettent s'échinent à démolir les propositions qu'il avance sans être d'accord sur celles qu'il faudrait lui opposer, et ceux qui le soutiennent n'ont d'autres justifications que de s'évertuer à lui faire dire autre chose voire l'inverse que ce qu'il dit.
Cette campagne est bizarre : le texte à ratifier compte plus de 500 pages, et ceux qui l'ont écrit n'arrêtent pas de nous expliquer que seules les 60 premières sont à considérer. Alors pourquoi en ont-ils écrit 460 de plus ?
Cette campagne est bizarre. On voudrait croire que ceux qui défendent la Constitution, parce qu'ils l'aiment bien, aimeraient la lire, mais ils ne citent jamais précisément le moindre de ses articles, et s'empressent d'en empêcher ceux qui sont contre. On préfère nous passer des reportages pour expliquer que l'Union européenne a fait du beau boulot depuis 35 ans, ce dont personne ne semble disconvenir.
Cette campagne est bizarre : on se demande où est passé Philippe Seguin – que la médiature unanime avait, à l'époque du référendum pour Maastricht, élu leader charismatique du non. On se dit qu'il n'y a sans doute pas de leader charismatique du non cette fois-ci, alors qu'on se rappelle que pour Masstricht ç'avait été exactement la même pagaille dans le camp du non (et du oui, d'ailleurs) et qu'il n'y avait pas plus de raison qu'aujourd'hui de trouver dans cette pagaille un leader charismatique, mais qu'on l'avait quand même trouvé.
Cette campagne est bizarre, il n'y a pas non plus de leader charismatique dans le camp du oui, mais Jack Lang semble bien vouloir de ce rôle, puisque le Président de la République refuse de l'assumer et ne veut surtout pas que Nicolas Sarkozy s'en empare. Et on essaye de nous expliquer que le bordel est seulement dans le camp du non.
Cette campagne est bizarre. La voix de ceux qui sont pour ce texte a priorité absolue dans tous les grands médias, ceux qui expriment ce choix détiennent l'essentiel des postes de pouvoir depuis 25 ans, et ils n'arrivent pourtant pas à convaincre largement les Français de l'intelligence de leur point de vue.
Cette campagne est bizarre : on n'a aucune envie de porter au pouvoir ceux qui disent non, mais on n'a aucune confiance en ceux qui disent oui.
Cette campagne est bizarre : tout le monde accuse tout le monde d'en vouloir à l'Europe, mais personne ne paraît s'apercevoir que la Constitution proposée ne définit jamais ce que c'est que l'Europe.
Cette campagne est bizarre. Ceux qui se prononcent pour cette Constitution au prétexte de ses avancées démocratiques et sociales regrettent qu'elle ait été jetée en pâture au suffrage universel ; et ceux qui se prononcent pour le non au prétexte qu'elle n'est pas assez démocratique et pas assez sociale se revendiquent pour la plupart d'idéologies assez peu démocrates et pas très douées pour la prospérité des peuples.
Cette campagne est bizarre : les partisans du oui accusent ceux du non d'être frileux et peureux, mais ils ont peur que le non l'emporte parce qu'ils pensent que nous risquerions d'être mal jugés et mis au ban par les autres pays.
Cette campagne est bizarre. Ce texte que plus de 60 de ses propres articles nomment sans ambages la Constitution, est systématiquement appelé Traité par ceux qui l'approuvent lorsqu'ils expliquent à ceux qui redoutent son immuabilité une fois voté que ça n'est pas vrai du tout. Ils reprochent en revanche à ceux qui rejetteraient ce texte que ce serait une grande inconséquence que d'empêcher la Charte de droits fondamentaux d'être inscrite dans la Constitution, parce que cette inscription lui ferait gagner en respectabilité et garantirait sa durée.
Cette campagne est bizarre : les partisans du oui affirment que ce Traité pourra être modifié dès demain, mais il est selon eux inenvisageable de rediscuter le moindre article du projet en cas de victoire du non, parce que les 25 pays de l'Union ne pourront plus jamais se remettre d'accord.
Cette campagne est bizarre : les partisans du non sont jusqu'à 55% dans certains sondages. Or les médias semblent croire qu'ils soient très bien représentés par 4 à 5 leaders de partis politiques minuscules qui n'ont pas l'air de s'entendre du tout entre eux.
Cette campagne est bizarre : on nous dit sans arrêt que les 55% de Français qui s'apprêtent à dire non sont des vieux un peu trouillards et légèrement arriérés qui sont mal informés parce qu'ils habitent la province. Or je corresponds bien moins à ce profil que Jack Lang et même que Serge July, qui pourtant voteront oui, à ce qu'ils disent.
Cette campagne est bizarre : les ténors du oui anticipent comme une épouvante en cas de non le retour prévu au Traité de Nice qu'ils ont pourtant signé avec enthousiasme, quand les ténors du non qui l'ont toujours dénoncé sont prêts à faire avec encore un moment en attendant mieux.
Cette campagne est bizarre : malgré tout, elle pourrait bien finir par une victoire du oui.
11:25 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 13 mai 2005
Shizo ou Schizo au Kazakhstan :
La schizophrénie du cinéma
Mercredi soir il y avait "soirée" à l'Autre cinéma. Et comme je suis devenu un inconditionnel de la programmation de Ramuntxo, je ne pouvais évidemment pas manquer ce rendez-vous. Donc, 20h40, j'arrive devant la caisse où Jean-Phi semble devoir "batailler" avec des spectateurs à qui il explique le chemin pour rejoindre l'Atalante à temps avant la projection de Lemming (dont je viens de causer). En effet, à l'Autre cinéma, la salle est pleine et... ça me semble quand même un peu bizarre. En fait, c'est la petite salle qui est pleine, celle où on projette Le Crime Farpait (je vais le voir cet après-midi) : malaise !
Salle René Vautier, nous ne serons que six à faire le voyage aux confins des mondes chinois, russe et iranien en compagnie de Guka Omarova. Pour un très joli «petit film» que nous pourrons quand même voir ou revoir jusqu’au 24 mai à l’Atalante. Comme on aurait pu dire mon programmateur préféré, ce premier film de la réalisatrice kazakh «nous donne des nouvelles de cette Asie centrale qui ne se donne jamais en spectacle aux feux de l’actualité furtive de nos écrans cathodiques» (imité-je bien ?). Et pour avoir encore plus de nouvelles, il aurait fallu que je reste au «débat» afin d’écouter le très certainement passionnant témoignage de Guillaume Reynard, le talentueux illustrateur de la plaquette de présentation du film pour la France. Mais je n’ai pas osé, la schizophrénie cinéphilique fait des dégâts dans ma tête aussi. Il était pourtant si souriant et avenant ce Guillaume Reynard qui s’était déplacé, depuis très loin certainement, pour seulement six spectateurs (et pour un film et un pays auquel il est manifestement très attaché). Et qui souriait quand même, sincèrement, ça ne s’imite pas facilement la sincérité, malgré l’amertume d’une salle pleine à côté de sa salle quasiment aussi déserte que les steppes du Kazakhstan. Je m’en veux de cette «fuite» et voudrais lui présenter mes excuses si c’était possible… Alors en attendant, j’ai tout bien lu la plaquette que l’on trouve sur le comptoir de la caisse à l’Atalante, et puis aussi tout bien le dossier de presse… Le Crime Farpait me changera un peu les idées cet aprém’…
Robinson Crusoé
11:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 12 mai 2005
Le Lemming aurait-il des Palmes ?
«Voilà un film qui ne risque pas d’être primé à Cannes» m’a dit Mamour cet après-midi en sortant de la salle de cinéma. Là, à chaud, cette réflexion laconique m’a plutôt scotché. Surtout que nous n’avions pas trop le temps de discuter. Moi, j’étais encore entièrement sous le choc, donc je n’ai su que bredouiller quelque chose dans le genre «oui, t’as raison… mais j’ai tout de même bien aimé… pas toi ?»… Ce n’est pas la première fois que nous avons des avis divergents sur un film. Quoique très généralement nos goûts cinématographiques sont très proches (nous avons pas mal de points communs comme ça qui autorisent un certain optimisme sur la pérennisation de notre projet de couple), il est arrivé que nos sentiments après une projection soient radicalement en opposition… par exemple très récemment encore à propos de Le Couperet de Costa-Gavras, mais je me refuse à en causer ici car ce serait faire de la pub à du gâchage de pellicule au prix où qu’elle est (j’exagère à peine). Bref, nous avons quand même commencé à en discuter, de Lemming je veux dire. Oui Lemming le film de Dominik Moll, celui qui était projeté hier en ouverture du festival de Cannes et que Ramuntxo n’avait pas encore vu mais que son instinct de programmateur de génie a su mettre en bonne place sur sa grille du mois de mai. Lemming, oui, vous savez, le petit rongeur aux mœurs surprenantes qui vit exclusivement dans le Grand Nord, au nord de la Finlande, là où on trouve parfois aussi des rockers étonnants… mais là n’est pas le sujet. Oui, le lemming, c’est précisément la «clé» de ce film tout aussi énigmatique que passionnant. Cent vingt neuf minutes de tension extrême quasi ininterrompue. En sortant de la salle, j’avais des crampes aux mains… et plein d’interrogations dans la tête. «Le public était très partagé à la sortie du film hier soir» m’avait prévenu Mamour… Maintenant que je crois avoir compris l’essentiel de la trame irrationnelle du film, je pense que c’est parce qu’une bonne partie du public n’a pas su tout déchiffrer que persiste ce malaise à la sortie. En fait, pour moi tout s’est éclairé quand je suis sorti des chiottes. Sur le mur de droite, alors que j’étais tout bien concentré sur mon trône, j’ai suivi du regard une petite fissure et j’y ai vu… le St Esprit ! Non, là je déconne, j’ai tout simplement repensé à cette histoire de clé que Charlotte Gainsbourg-Rampling donne à Laurent Lucas, j’ai repensé à sa blessure à la main censée avoir été faite par le féroce lemming… et puis j’ai revu le lemming tout séché ramassé par Bénédicte qui n’était plus Alice, et j’ai tout pigé. Génial que je me suis dit ! En fait, je pressentais bien que ce film était génial en sortant de la salle, même si pour lors je n’avais pas encore tout bien-bien compris. Re-bref, je ne vais pas vous le raconter ce film au scénario VRAIMENT génial. Je répète ce même mot de «génial» à l’envi car tout simplement c’est le seul qui convienne à mon sens. Quoique bien peu «palmophile» je pressens (tous ces pressentiments seraient-ils le fruit de la fameuse «fissure» ?) que Lemming n’est pas, comment dire ? oui, n’est pas formaté pour une palme à Cannes. Et pourtant, peut-être qu’il mériterait un prix du meilleur scénario, peut-être que les deux Charlotte devraient triompher ex aequo pour la palme de la meilleure actrice . Et peut-être qu’aussi cet odieux charmeur d’André Dussolier… Et Laurent Lucas. Meilleurs acteurs. Et le génial réalisateur, bien sûr, meilleurs génial parmi les génials. On a souvent dit que Dominik Moll, et tant que scénariste comme en tant que réalisateur, avait largement puisé dans le cinéma de Hitchcock ou de David Lynch... Le David Lynch de la manipulation et le Hitchcock de la tension où il excelle peut-être mieux encore que ses maîtres. Oui, Lemming saura susciter entre spectateurs d'interminables discussions afin de confronter les différentes lectures "possibles" de l'histoire, même si au fin des fins une seule lecture peut l'emporter au pays fictionnel de tous les irrationnels. Mais peut-être que Lemming nous propose une "solution" rationnelle un peu trop complexe pour concurrencer le "mystère hitchcockien", peut-être qu'il flirte un peu trop avec la trame en forme de puzzle à miroirs du Spider de David Cronenberg ! Le génie ne se ponctue pas forcément des ovations complices du grand public. Je ne sais pas si cela est heureux ou malheureux. Le Lemming aura-t-il des Palmes pour remonter depuis la bonde de nos éviers jusqu'à son mytique Grand Nord d'où, tous les 30 ans, il recommencera son inexplicable migration mortelle ?
Robinson Crusoé
22:00 Publié dans Cinéma, digression | Lien permanent | Commentaires (6)
Finalement, l’Airbus A380
s’abstiendra de voter
lors du référendum
En effet, le conseil d’administration d’EADS, la maison mère d’Airbus (le hangar, en termes techniques) a déclaré hier qu’il ne prendrait pas de "décisions difficiles, qui risqueraient de heurter les sensibilités nationales", avant le référendum sur le traité constitutionnel européen.
Les discussions achopperaient sur l’éventuelle nomination d’un Allemand à la tête d’Airbus, chasse gardée traditionnelle des Français (car si le groupe est binational, c’est indéniablement franco qui arrive en premier dans franco-allemand, ce qui justifie cet état de fait).
Bien que nous soyons unis dans la diversité, faudrait pas non plus que la diversité commence à se faire des films, non mais !
Grave-Patrie
10:05 Publié dans Grave-patrie | Lien permanent | Commentaires (0)