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Merci de nourrir les poissons en mon absence

jeudi, 01 décembre 2005

Expo à l'Atalante

du 1er au 29 décembre

 

19:35 Publié dans copinage | Lien permanent | Commentaires (2)

lundi, 14 novembre 2005

(pub)

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(cliquez sur l'image pour voir le programme)

17:00 Publié dans copinage | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 22 septembre 2005

C'est la fête à Bayonne nord :

 

Agur, Adishatz, Azul, Salut, Hallo,

Iep, Salaman aleikoum, Hola, Bom

dia, Hello, Diama, N'Guène,

Shalom...

 

Habitantes et habitants des quartiers Saint Bernard, Saint Esprit, Sainte Croix, Saint Etienne, Saint Frédéric, nous avons pris l'habitude de nous réunir chaque automne. Retrouvons- nous autour de nos diversités pour profiter d'un Festival haut en couleurs, en sons, en goûts. Tombons les vestes grises du quotidien pour nous rencontrer, échanger et partager avec pour seuls soucis la convivialité et la bonne humeur ! Toutes et tous bénévoles, avec le concours d'associations et le soutien de par- tenaires institutionnels, nous avons concocté un menu pour tous les goûts qui peuvent se marier à merveille. N'oubliez pas de venir y ajouter votre note épicée, et la fête n'en sera que plus savoureuse.

 

Aupa Festival Baiona !

 

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(cliquez sur l'affiche pour lire le programme)

00:05 Publié dans copinage | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 23 juillet 2005

Le coup d'éclat du grand soir

Dans les yeux clairs

de Maritxu



Il y a très exactement 15 jours (j’aime bien avoir parfois, com- me ça, des formulations journalistiques), je rédigeais une note pour exprimer mon enthousiasme suite à la projection de Les Yeux Clairs à l’Autre cinéma, mais en même temps pour re- gretter que nous n’ayons eu droit qu’à 4 séances et que, donc, pour mézigue, il s’en était fallu de vraiment très peu que je passe à côté d’un de ces si jolis films français qui se font mal- heureusement de plus en plus rares. Cette courte note, je l’écrivais sous la forme d’une lettre ouverte, d’une Supplique à Ramuntxo… Est-il encore nécessaire que je rappelle ici qui est Ramuntxo, mon programmateur de cinéma préféré, le directeur de l’Atalante et de l’Autre cinéma à Bayonne, très probablement l’un des meilleurs cinéma art et essai de la planète bleue ? Voici donc qui est rappelé, ou tout simplement précisé. Bref, Ra- muntxo était en vacances quand je lui demandais si il pouvait expliquer le fait qu’un si joli film puisse aussi vite disparaître des écrans sans même pouvoir donner une chance au bouche à oreille de lui offrir le succès qu’il mérite. Et là Ramuntxo est revenu et il m’a écrit, au plébéien bleu je veux dire, en privé, un courrier qui m’a beaucoup ému à plus d’un titre, mais là n’est pas le moment que je me répande sur mon émotivité génétiquement immuable, un très amical courriel que je choisis de reproduire ici dans la colonne des notes et non pas celle des commentaires, parce que ses explications, quoique s’adressant peut-être un peu trop spécifiquement à des initiés, méritent d’être lues par un maximum de passionnés de cinéma. Et com- me je suis convaincu que pour traîner ses yeux du côté de ce si joli blog tout bleu il faut vraiment être, aussi, cinéphile, je me dis que mes visiteurs ne seront pas non plus insensibles à son propos :

Salut, mon bon vieux Xan !

T'as toujours la patate, le mordant aux dents et la langue sur la clavier ! Et puis les yeux sur les toiles... T'es allé voir ce que j'avais de mieux à proposer ce (petit) mois-ci : un docu sur le Jazz, sic, et puis aussi El Cielito et pis Les Yeux d'Olga, pour qui je n'ai pas eu ceux de Chimène, me dis-tu ... Certainement... Quatre séances et hop, à la baye ! Oui, la loi du genre, malgré un prix Jean Vigo dont j'ai repris les termes publics dans ma présentation sur la Gazette.
C'est quoi, LES YEUX CLAIRS ? "Un film que j'ai conseillé en vain autour de moi puisqu'il est désormais impossible de le voir. Mmmm il est comme ça des moments vraiment difficiles dans la vie !" dis-tu sur ton site... "Ça, c'est mort..." pourrait aussi le qualifier, puisque cette expression est devenue l'expression la plus couramment utilisée entre exploitants de cinéma. "C'est mort", donc lire : "Bonnell, dégage ! T'encombres ! Tu gê- nes " ? Avec quoi, il gêne, le Jérôme ? Avec son film à 12 copies France ? Avec sa moyenne de 34 entrées par semaine et par copie depuis sa sortie ? Non... Il gêne pour autre chose, cer- tainement... Il gêne au milieu de ces gros films moisis qui se prélassent dans des abîmes d’épouvantable... Il gêne la tyrannie du rire organisée par des rejetons consanguins de Zidi au QI de betterave de cantine, rayonnants de bêtise solidaire... Il gêne pour son goût dans le gruau, peut-être... Il n'aurait pas dû me gêner, moi, à L'Atalante. Mais je l'avais point vu... Et aujour- d'hui, toujours pas... Et puis, le film, il n'est plus là... Normal... C'est-à-dire : dans la norme. On l'a flingué, le Bonnell, on l'a balancé... Un bijou, ça se montre, on y fait gaffe : on n'a jamais eu la possibilité de le voir avant sa sortie et je pense n'avoir reçu à son sujet aucun coup de fil du distributeur (je ne suis pas une star, mais tous les distributeurs connaissent les 15 salles en France qui passeront ce film)... Bonnell ? Premières balles ! Elles viennent du marché, et de nos espoirs déçus, de nos coups der- rière la tête, exploitants, distributeurs, producteurs... Mauvaise période, Bonnell : lui et son film, ils n'y sont pour rien, mais bon, ça a bastonné sec ces temps-ci. Et il a pris un coup au passage, lui aussi... Le problème n'est même pas de savoir qui a com- mencé les hostilités, entre blasés, cyniques, furieux ou plus cu- rieux : son film, il est allongé, là, je suis d'accord... Et je ne sais pas les relever, ces films. Je sais plus... J'ai su, mais je sais plus... Voilà... Pas la peine de réfléchir plus loin, Xan : Comment on fait ? Comment on dit ? J'ai pris des jours de vacances et ça s'éclaircit un peu... Il nous faudra un coup d'éclat, Xan... Je sais pas quoi, mais après une victoire, on se sentira plus forts, plus nets, plus précis. Et là, on appellera le Bonnell, on lui présentera nos excuses et il viendra faire un tour chez nous, promis... Mais j'attends le truc... Merci en tous cas pour ton appel. Continue...

Ramuntxo


Bon, mon toujours sacrément jeune et moderne Ramuntxo (au fait, je ne te l’ai pas encore dit, mais j’ai horreur que l’on m’ap- pelle «mon bon vieux» car je ne suis ni «bon» ni «vieux» ni «troglycérine») !
Je ne suis pas certain d’avoir tout bien bien compris dans ta let- tre. Mais, hum, ça m’arrive assez couramment quand je lis un peu vite tes éditoriaux dans la gazette, donc je relis et je relis encore, et là, cette histoire de «coup d’éclat», bon, après tout, toi-même tu dis que tu ne sais pas bien de quoi il pourrait s’agir… Et puis je suis aussi très surpris que tu «attendes», com- me si ce «truc» pourrait nous tomber du cielito ou je ne sais d’où ! Tu connais mon avis sur la question comme disait Mon- sieur Hontas, pour moi, ce «truc» ça sera la passion du cinéma que nous serons de plus en plus nombreux à vouloir diffuser. Le CINÉMA, le SI je le décide, le NÉ pour être libre et le MA passion que j’essaie d’exprimer sur fond bleu parce que c’est plus joli, je trouve. Tu vois, Ramuntxo, un moment j’ai cru que tu faisais allusion à l’éventualité d’un super génial film à succès pour la rentrée qui rattraperait à lui seul toutes les gamelles de l’année… Tu vois ! Là j’ai plein de titres qui me viennent à l’esprit… mais comment être certain qu’un seul pourrait être le bon. Celui qui sauvera le Cinéma et le Monde et boostera de façon expo- nentielle les entrées à l’Atalante et à l’Autre cinéma ? Si c’est vraiment à ce film-là que tu songeais, j’aurais peut-être une contre-proposition à te faire, d’ailleurs elle figure déjà depuis quelques jours, assez discrètement je l’avoue, dans mon dia- porama des films à voir en ce moment (là, en haut et à droite, tu vois ces images qui se succèdent toutes les deux secondes !). Un film qui s’intitulerait «Coup d’éclat» avec «Truc» et la ma- gnifique «Maritxu» (Gaby Sylvia) surtout au générique, tout en haut à gauche, disais-je. Clique donc sur l’affiche, ci-dessous, et tu entendras également un extrait du tube que deviendra très vite la musique du film.
l'écho répond : aiiiiiime aiiiiiiime

Ne crois pas que je me moque, que je tente ainsi de maintenir à distance respectable une certaine angoisse, non ! J’y crois. Je crois que l’audace paiera toujours. Et de l’audace cinémato- graphique, à Bayonne, tiens j’en vois déjà pas mal avec ces autocollants de Dig qui fleurissent partout, ce film documentaire sur le rock que tu programmeras tout l’été. Ramuntxo, moi je ne crois pas aux miracles, ni trop au hasard d’ailleurs. Par contre, la persévérance et la passion, je suis plus que jamais convaincu qu’elles seront forcément la trame essentielle du scénario de notre Victoire. Ou de notre Victoire. Il n’y a pas d’alternative à la vie et à l’intelligence.

Le plébéien bleu cielito



jeudi, 07 juillet 2005

Soyons vigilants le 9 août 2005 :

Aujourd'hui

Radio Londres

est en panne



Ce matin, en me levant, je ne sais pas comment ça se fait, mais je n’ai pas allumé la radio. Il est des gestes comme ça qui font partie de la programmation génétique chez les plébéiens quelle que soit leur couleur de peau, des gestes automatiques qui en entraînent d’autres, un peu moins automatiques, et on fi- nit par se brosser les dents, tous les matins après le petit dé- jeuner thé-au-lait-deux-tartines-beurrées-et-confiturées sans même avoir encore pris conscience que peut survenir la fin du monde, là, comme ça, sans coup de semonce, juste parce que la radio dans la salle de bain, grésillant pendant que je prends ma douche, pourrait m’annoncer que je suis un Américain, un Madrilène ou, euh, disons un Londonien. Après, la radio, c’est comme le reste, dans l’air du temps, ça peut dépendre, des lieux, des époques, des modes et puis aussi du camp dans le- quel on se situe, que l’on choisit ou que l’on soutient. On peut écouter Radio Paris qui n’est plus trop allemand ou Radio Lon- dres qui l’est parfois et donc ment aussi… bref, this morning, i don’t know why but i was completely deaf. Du dentifrice entre les oreilles, on peut imaginer pire comme trouble obsessionnel compulsif. N’empêche que, ce matin, avant d’aller chez le den- tiste, j’ai tout de même eu l’idée d’allumer l’ordi (comme quoi toutes les modifications génétiques ne sont pas possibles, même accidentellement), de me connecter à mon si joli blog tout bleu pour constater que mes stats sont légèrement en hausse (y’a pas de miracle, si je n’écris pas, la curiosité de mes visiteurs s’estompe très vite), de consulter les titres de l’information sur cotebasque.net puis sur rezo.net, et enfin d’ouvrir ma boîte Outlook pour lire mes courriels. Txus est très matinal, lui, il n’était même pas sept heures du mat’ quand il a posté. Un envoi groupé afin de relayer la lettre ouverte de Xipri, lettre que je reproduis in-extenso ci-dessous. Donc, avant d’enfiler mon blouson, j’ai un peu speedé pour le mettre en ligne un peu proprement -- depuis que j’ai réussi à trouver la modification du code html pour justifier mes notes, je passe un temps fou pour césurer à la main –, faut dire que ça tombait plutôt bien, ces derniers temps j’ai eu plusieurs critiques à propos de mon blog pour me reprocher de ne plus y parler de «politique basque». Ce genre de critiques, à chaque fois ça me fout mal, mais alors vraiment mal, surtout que je n’ai aucune excuse. Aucune. L’actualité politique basque je la suis. Peut-être pas de façon frénétique, mais disons que pour le moins je me tiens informé : au passage j’en profite pour faire un peu de promo en revendiquant haut et fort mon abonnement en cours à Ekaitza

Ouais, d’ailleurs, ce matin j’ai bien lu l’info sur le ouèbe de France 3 Aquitaine à propos de l’extradition de Eneko Aizpuru. Évidemment que ce genre d’infos me fout complètement en rogne, j’interdis à ceux qui me connaissent et m’apprécient plutôt plus que moins d’en douter. Je suis très souvent en rogne comme ça, mais en même temps, ça arrive tellement souvent ce genre d’infos-là, depuis tellement longtemps déjà que je me suis habitué à ne même plus m’inventer d’excuses pour ne pas gueuler, pour ne plus mordre. De temps en temps encore je mords, mais avec le sentiment désastreux que je me déchire moi-même le ventre pour rien. Et ce matin, le courriel du ca- marade Txus m’aura un peu secoué dans le sens des poils dressés sur les bras par l’émotion. Merci camarade ! Un jour durant, j’aurai réussi à faire renaître en moi la conviction de participer à un élan de justice et de solidarité militante, de pou- voir agir même avec des moyens dérisoires face aux médias de la domination et du décervelage. L’événement essentiel de ce jeudi 7 juillet 2005, grâce à cette lettre ouverte ci-dessous, ne se limitera heureusement pas aux 800 € que j’ai dû dépenser pour m’offrir deux belles dents en céramique jaune, assortie à mon sourire satisfait de plébéien bleu.
Ce midi, pour une raison tout aussi inexplicable que ce matin, ma radio était encore en panne. Ou plutôt, disons que cette fois je l’ai éteinte. A moins que ce ne soit Mamour ? Je ne sais plus, peu importe. Demain, et après-demain, et après-après demain, et la plupart des jours qui suivront, mes courbes de biorythme se décroiseront et j’aurai toutes les peines du monde pour ne pas devenir Américain, Madrilène ou Londonien. Mais le 9 août prochain je serai Donostiar, ça c’est sûr. Nous serons tous Donostiar, j’espère.

Xipri Askatu !


Le plébéien bleu

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Zipriano FERNANDEZ-GARCIA
Prisonnier politique basque
1564-B/202
CP de Lannemezan
Rue des Saligues
BP 166
65307 Lannemezan cedex


Chers amis,


Arrêté le 25 octobre 1999 à Pau, j’ai été condamné en 2001 à 8 ans de prison ainsi qu’à une interdiction défini- tive de territoire français, mesure qui constitue une dou- ble peine et qui remet en cause le statut de citoyen eu- ropéen des Basques.
J’arrive en fin de peine le 9 août prochain et bien que je ne sois passé devant aucune commission qui aurait exa- miné les modalités de cette expulsion, on peut être cer- tain qu’elle aura lieu, et que la police française me re- conduira à la frontière espagnole(1). Dès lors, ma liberté sera soumise à la seule appréciation de la police espa- gnole. Normalement, je devrais être laissé en liberté sur le territoire espagnol, la justice de ce pays ne m’ayant pas réclamé. Mais la réalité de notre terre basque (ré- pression policière, judiciaire, économique…) nous fait toujours craindre le pire. Qui plus est, dans mon cas, même si j’entends que les dernières expulsions de compagnons basques se sont « bien » passées, je garde dans mon esprit et sur ma peau le souvenir de mon pas- sage par la caserne de la Guardia Civil d’Intxaurrondo, dans ma ville de Donostia (San Sebastian), en octobre 1987, avec ses tortures, les électrodes, les sacs en plas- tique appliqués sur la tête jusqu’à l’évanouissement, les simulacres d’exécutions sur une petite colline toute pro- che, les coups et les humiliations sans limites.
Bref. Même si je ferai une grève de la faim, pas très longue(2), je ne peux me sentir que démuni face à une telle menace, et c’est pourquoi je vous demande de rester vigilant quant à ce qui m’arrivera le 9 août, et de bien vouloir intervenir auprès des autorités compétentes s’il le faut.
Je vous remercie par avance pour votre aide.

Xipri


(1) Si cette expulsion en tant que telle est légale puis- qu’une interdiction de territoire a été prononcée, le pays de destination devrait tout aussi légalement être choisi par la personne expulsable, ce qui n’est jamais le cas lors des expulsions de Basques arrivant en fin de peine.
(2) Les Basques qui vont être expulsés font générale- ment une grève de la faim afin d’arriver à la frontière espagnole dans un état physique le plus faible possible, du moins ne permettant pas à la Guardia Civil de les tor- turer.

jeudi, 30 juin 2005

Decazeville fête toutes les langues :

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C’est si joli un Mescladis !

Tous les feux de la St Jean se sont réunis pour enflammer le ciel de Decazeville en cet après-midi de la fête des langues 2005. Nos feux de la St Jean à nous, à Hazparne, à Donibane, les feux que nous avons chargés dans notre convoi d’amitié jusqu’à Mois- sac pour y mettre aussi le feu à l’été au milieu de la nuit du 24… chez Bernadette et Serge. Ce samedi 25 juin, chez David, chez Franck, Chez Dominique et Jean-François, chez Christophe, chez Aldo et chez Robert, chez Benoît et Lili et chez Xabi aussi, tout le ciel de l’Aveyron est repeint en bleu pour nous accueillir, nous les Basques déjà habités depuis plus de 10 000 ans par l’esprit du Mescladis.
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Nous voici à nouveau invités à nous ressourcer, pour la quatri- ème année consécutive, au pays du cœur du cœur, Decaze, la capitale du Mescladis, à l’ombre chaleureuse des humains qui marchent debout, qui chantent dans toutes les langues du mé- tissage et qui nous sourient parce qu’ils sont fiers, et qui sont fiers parce que nous leur sourions sous la chaleur. Combien ? Trente-sept degrés à l’ombre ? Quelle ombre ? Ici pas la moin- dre ombre qui ne soit humaine et vivante, la température de cette ombre du Mescladis c’est celle des corps réunis pour s’em- mêler, se mélanger les langues…
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À cinq heures de l’après-midi, je ne suis pas dans le poème de Garcia Lorca, il n’est jamais partout en même temps la même heure, la jeune femme au fichu fleuri me sourit furtivement, ses mains travaillent mécaniquement une pâte épaisse et blanche. Elle est Kurde, tout du moins s’active-t-elle sur le stand kurde à fabriquer comme à la chaîne des sortes de talos. Ce soir nous aurons une «terrible» concurrence me dis-je en poursuivant mon tour de «reporter-photographe» sur la place. Je n’ai pas osé m’approcher, pas osé leur parler, j’ai pris la photo d’un peu trop loin encore trop intimidé par la chaleur du Mescladis ; je n’ai pas osé aller aux nouvelles, faire connaissance, au moins me pré- senter… nous le ferons un peu plus tard à l’initiative de Xabi en distribuant notre cageot de cerises de Moissac à tous les parti- cipants que nous irons visiter sur leurs stands. Ça sera une ini- tiative unanimement appréciée, à chaque fois on nous deman- dera si il s’agit bien de cerises d’Itxassou et nous répondrons chaque fois par un petit sourire gêné que non, que nous ne pou- vions pas, trop loin, la chaleur, le transport, tout ça… Peu im- porte l’explication, tout le monde ne retiendra que le goût sucré des cerises, l’échange des sourires, l’énergie et la franchise par- tagée des poignées de mains.
Quelques pas plus loin, je prends un peu de recul pour mettre le soleil hors cadre. Les photos des stands arabophones et portu- gais seront inexploitables à cause du contre-jour. L’anglais pire encore. Je m’improvise bien piètrement « reporter »…
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Face aux jolies petites Italiennes, là c’est encore ma timidité maladive. Enfin, je dis Italiennes mais leurs cartes d’identité cla- ment très certainement leur citoyenneté française, leur naissan- ce à Decazeville dans l’Aveyron ou dans la région. D’ailleurs, elles ne parlent pas l’italien, comprennent juste quelques mots mais connaissent par coeur les chansons traditionnelles. Ce sont leurs mères ou leurs grands-mères qui sont nées en Italie, qui parlent encore italien entre elles. Elles sont assises au fond du stand, alors je m’enhardis quelque peu. Leur mélodieuse langue des Pouilles me fait des papouilles au creux de la trompe d’Eus- tache et, clic-clac, c’est dans la boîte. Mince, juste elles ont tourné le dos, le petit drapeau masque la Mama, et puis surtout je ne sais pas mettre le son sur ce si joli blog tout bleu qui de- meure tristement muet.
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Mille et une ombres

en pleine lumière


Il faut que je presse le pas, mon «commando» m’attend à la buvette. Leurs longues ombres impatientes me font des signes de loin. Un instant, devant le chapiteau des organisateurs, j’hé- site à participer au forum, un débat passionné sur la pluralité des langues que je prends en cours et puis que je déserte tout aussitôt. Je m’en veux déjà. L’année prochaine je me préparerai mieux. Je m’y engage solennellement. Je promets aux uns et aux autres, mais là je ne suis pas prêt, je ne sais pas improviser à l’oral, le sujet me passionne, bien évidemment, la situation diglossique en Pays basque, la part essentielle de la langue dans la transmission de la culture, tout ça, je suis convaincu que nous avons tous des ombres différentes et la que la langue est l’om- bre indissociable de notre culture. Hasard de ma visite des stands, je passe juste devant celui de l’espéranto au moment où je me fais ces réflexions. Clic-clac, je les ai mis dans la boîte. Ils sont un peu tristes, je trouve, à vouloir inventer une novlangue, une ombre unique pour tous. La magie du corps culturel c’est qu’il peut multiplier les ombres, presque jusqu’à l’infini, pour enrichir la culture dans la diversité qui lui donne vie et sens. Oui, l’année prochaine, c’est promis. Au nom du «commando» des Basques, je préparerai une intervention pour participer à cette théorisation de l’esprit du Mescladis. Sauf à perdre définitive- ment la mémoire, je ne peux oublier un tel engagement !…
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J’allonge encore le pas… Je n’oublierai pas non plus de prendre une casquette. D’une année sur l’autre, parait-il, il y a de moins en moins de platanes. Les derniers rescapés sur la place aux voitures ont déjà signé leur arrêt de mort dans le goudron fondu : un instant j’ai pourtant songé à pétitionner pour les sau- ver. Mais la nuit, quand elle viendra enfin pour faire se mêler toutes les ombres dans la fête musicale du Mescladis, je ren- contrerai Jean-Claude et la pétition, je la signerai, au moins virtuellement, un million de fois, pour réinventer des arbres de vie là où les racines plongent leurs doigts impatients dans les verres d’anisade, pour trinquer et trinquer encore. François, Alberto, Ginette, range ton portefeuille c’est la mienne. Je dois faire chauffer la poêle, la plancha est déjà chaude, Marie s’active aux talos, ils m’attendent, Jean-Luc fait patienter les affamés, Xabi confie à Maddi la responsabilité de notre stand culturel, en nocturne. Le «commando» est au complet, chacun à son poste, sur tous les fronts à la fois. Le feu est dans nos cœurs. Le feu. La joie dans nos veines. Cette année nous avons amené un très bon rouge bio de Navarre. Mille fois j’ai dû répéter son nom en langue basque. Mille fois on a dû, toute la nuit, me le traduire dans toutes les langues du Mescladis. Mille fois on a trinqué. Et là je ne me souviens plus de son nom… Les filles ont dansé à s’en casser les jambes, les garçons ont chanté à s’en déchirer la voix, tous les talos ont été mangés.
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L’an prochain, promis, je ne renâclerai pas pour que nous ame- nions davantage de matériel. Nous amènerons davantage de li- vres, davantage de tee-shirts et des casquettes aussi, et des briquets aussi, plein de briquets différents avec plein de flammes dedans, nous amènerons aussi cent talos de plus et dix bou- teilles de txakoli, et du patxaran, et nous ramènerons dans nos mains et dans nos lèvres la même amitié encore renforcée par la joie de retrouver, plus chaleureux que jamais, nos amis du Mescladis.

Le plébéien de toutes les couleurs

21:20 Publié dans copinage | Lien permanent | Commentaires (3)

lundi, 20 juin 2005

élu au zapping de cotebasque.net

Bonjour Phil,


C'est avec pas mal de retard que je me décide à t'écrire cette petite lettre ouverte sur mon si joli blog tout bleu. En fait, plus d'une semaine de retard. Mais vieux motard ayant dépassé la quarantaine, ça excuse, non ? Bref, je voulais te remercier ici pour ta tentative de coup de pouce à mes "stats" (en fait, je crains de devoir t'avouer que ta pub n'a été quasiment d'aucun effet sur la fréquentation du Plébéien bleu, mais, bon, on sait ce que c'est avec la pub, hein, un peu comme avec les sondages, n'est-ce pas !)... et surtout pour le texte flatteur qui accompagnait la sélection de mon si joli blog tout bleu dans le zapping de cotebasque.net, le seul et unique génial portail internet généraliste et hétéroclite de la Côte basque, ouf !
Donc, encore merci, et permets-moi, très sincèrement, de te féliciter pour ton bon goût.
Moi aussi, figure-toi, j'ai très bon goût. Mamour ne saurait que le confirmer, je te jure, malgré quelques maldisants qui affirmeraient très facilement le contraire. Mais passons.
C'est avec ce bon goût naturel qui me caractérise que j'ai su sélectionner ton site comme le portail essentiel de mon quotidien d'internaute basque. Et ce depuis déjà plusieurs années. Je n'aurais pas l'impudeur de compter, rassure-toi, ni ton âge ni le mien n'aurait à y gagner il me semble. Ceci dit et pour ceusses de mes si gentils visiteurs qui ne l'auraient pas encore remarqué, je signale que c'est bien à la meilleur place que j'ai mis un lien vers ton "site majeur" (tu en as pas mal d'autres, je crois) et j'en profite pour réitérer ici mon invitation à imiter mon choix fruit d'une longue et jamais contredite expérience.
Vala pour le retour d'ascenseur.
Bon.
Hum, là, je me disais, tant que j'y suis à te faire de la pub, faudrait pareil que je dise deux mots de ton dernier édito. Sur cotebasque.net, l'édito c'est la cerise qui cache l'arbre, la tarte en pleine poire, le meilleur de la niouzelaiteur, le piment dans la sangria, la vague mythique qui efface les tsunami médiocratiques, les plumes du Quetzalcoatl, la plume de Phil quoi ! Ouais, Phil, il est vraiment très plaisant de te lire. Réjouissant. Si je n'étais si timide et modeste, je te solliciterais bien pour faire des commentaires sur mon si joli blog tout bleu !... Mais je n'oserais jamais, c'est sûr. Je n'ose jamais demander aux gens, moi. Je suis comme ça, il faut toujours que j'attende que les choses me tombent du ciel toutes seules, j'ai trop lu Newton dans ma prime jeunesse. On ne s'en remet pas, je te jure.
Re-bref, pour ton édito, je voulais te demander, ta sixième résolution, hein, ça signifie quoi ? C'est le lien manquant vers le site de l'Atalante sur ton portail, ou c'est que tu as en projet de leur en fabriquer un nouveau avec tes petits doigts tout emplumés ?... Tu auras compris que je compte quelques amis du côté de la rue Denis Etcheverry.
Vala-vala. Je sais jamais comment conclure les lettres.
Cordialement, c'est chaleureux mais peut-être un peu trop convenu de la part d'un plébéien bleu.
Aller, je me décide, je fais court, mais tu apprécieras quand même, j'espère.
Adixkideki.



PS. J'en profite pour inviter mes très chers visiteurs à voter en faveur du Plébéien bleu en cliquant sur le bouton que j'ai intégré en bas et à gauche de cette page. Je dois impérativement gri- gnoter des places au top 50. Merci pour vos encouragements.

samedi, 18 juin 2005

À propos de Adèle, la scène perdue

Une quête poignante

sur la plage


Il fait doux, le sable est doux, le vent est doux, le paysage au loin est doux jusqu’à l’horizon adouci par ma rêverie voyageuse. De doux petits moutons bleus en for- me de jolis nuages font de doux petits bisous au ciel tout blanc et pur. Et Adèle dit qu’elle les avale- rait, les garçons, qu’elle les cacherait très loin dans les plis de l’éther. Mais de quels garçons parle-t-elle ? Et est-ce bien déjà Adèle qui parle ? C’est écrit en italiques, comment savoir ? Peut-être est-ce Marie qui parle là ? Marie, c’est Marie Cosnay, l’écrivaine. Drôle de féminin ! Tous les féminins me sont étran- ges. La littérature m’apparaît souvent étrange. L’écrit vain. Les cris vains. Vain et vaine. Une goutte de ma sueur tâche les caractères obliques. Maintenant il se met à faire chaud en plein soleil. Le livre commence par une espèce de digression comme ça, en italiques. Et il se conclut dans la même typographie dis- tanciée… je n’ai pas résisté, il a fallu que je feuillette très vite jusqu’à la dernière page, dernière page qui est une page blanche, d’ailleurs. Je trouve ça étrange, les italiques je veux dire, et j’ai du mal à entrer dans cette histoire qui n’en est pas une. Ou alors est-ce peut-être simplement l’histoire de tout un chacun, ce repli intime et inavouable qui s’écrit généralement à la troisième personne du singulier, toujours singulier parce que l’être a besoin de sonder sa différence… Ou alors je ne suis tout simplement pas apte à comprendre les mots des filles. medium_adele_la_scene_perdue.3.jpgMais elle, alterne. Elle alterne le Je et le Elle. Adèle et Marie. Marie et Adèle. Le Il et le Il. Matteo et Stéphane. Stéphane ou Matthieu. Ou les deux en même temps, un seul et même Il ?... Le sable entre mes orteils, soudainement sous mes cuisses, tout mon épi- derme le plus doux et le plus sensible frémit de cette dureté innombra- ble qui le blesse... m.... le livre m’a échappé des mains, juste au moment où Adèle raconte l'acci- dent, cet accident de voiture emportant toute Une famille dans la spi- rale du big-bang. Et si cette famille c’était celle de Marie ? J’en viens à regretter de connaître le visage qui n’apparaît pas en quatrième de couverture. Le joli visage de la jolie Marie Cosnay me sourit si joliment, comme toujours. Comme si ce sourire rayonnait dans ces pages où se trame le drame du passé. Du passé dont elle ne fera jamais table rase. L’homme, la femme, l’enfant assis sur le siège arrière, tous les trois se liguent pour me jeter du sable dans les yeux. Ma maladresse est punie, il est interdit de laisser tomber un tel livre avant la dernière page, avant que l’effeuillage n’aboutisse à cette surface toute blanche sous le ciel au grand bleu désormais. La plage est dans mon cœur, les vagues roulent dans ma tête et... désormais, Marie Cosnay, je sais la fleur amère de ton âge. Tu as avoué ta naissance et ce bien des nuits blanches avant qu’elle advienne. Peu importe si c’est toi, Marie, ça pourrait être la fille allongée sous le parasol là-bas. Ou sous le sable. Il y a peut-être une fille allongée sous le sable et qui ne parle que dans les livres ? Qui réinvente sans cesse son histoire. Sa perpétuelle quête de l’origine.
Bravo Marie.
Ton livre est dans mon sac de plage, Mamour le lira. Et après on le rendra à Benjamin qui le relira aussi peut-être pour com- menter ma note. Quatre-vingts pages d’une écriture très aérée ça devrait se dévorer plus que se li- re. Eh bien non, Marie, tu ne te lais- ses pas dévorer, ni surtout feuille- ter, ni picorer, tu ne veux certaine- ment pas qu’on te lise facilement, même sur la plage, même quand tout est douceur autour de soi et que l’a priori était forcément favorable. A écrire ces lignes pour toi j’ai le souffle qui se coupe encore. L’apnée me fait reporter le point final de cette note de lecture. Reporter à une relecture. Relire. Adèle ou Marie l’énigme ne peut me quitter.
Merci Adèle.

Le plébéien bleu

PS. "Adèle, la scène perdue" est éditée par Cheyne, une "petite entreprise" indépendante qui n'a pas usurpé son appellation de Poéthèque.

21:00 Publié dans copinage | Lien permanent | Commentaires (7)