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dimanche, 19 juin 2005
Robinson Crusoé balance à tout va
Traiter un film de «merde»
peut-il être légal ?
Ces derniers temps, en parlant de cinéma sur mon si joli blog tout bleu, j’ai de plus en plus de mal à oser dire du mal des films. Et pourtant, des «films de merde», j’en ai vu quelques uns et même quelques unes, pour dire la «merde» qui peut parfois polluer mes écrans habituellement préservés. Pour donner une idée de ce que j’aurais pu évoquer dans cette colonne si j’osais m’y lâcher en toute liberté et quiétude, disons que ces dernières semaines j’aurais au moins descendu «Last Days» en priorité, et puis aussi, sur un tout autre registre, «Travaux». Peut-être que j’aurais osé dire un peu de mal de «Villa Paranoïa» en con- tredisant ainsi les choix de mon programmateur unique et pré- féré. Peut-être que j’aurais dénoncé un «Crime trop Farpait» contre la folie cinéphilique dans la dernière livraison commer- ciale d’Alex de La Iglesia. Peut-être même que j’aurais osé mettre un bémol dans l’enthousiasme des spectateurs de «La Luz Prodigiosa», au risque de m’enclore définitivement derrière mes barbelés de cinéphile marginal, incompris parce qu’incom- préhensible. Bref, pour de multiples raisons, Robinson Crusoé a pris son vendredi, jour du poison, et préfère s’autocensurer.
La première raison de cette autocensure c’est que je ne veux surtout pas prendre le risque de nuire à la fréquentation de mes salles préférées. Non pas que je me fasse des illusions sur le nombre de lecteurs que je pourrais influencer avec mes notes et autres digressions ici… mais on ne sait jamais. Ma sensibilité aux aléas étant de plus en plus exacerbée, je me dis que la conjoncture morose, voire déprimée étant, que vu la météo dramatiquement estivale, ça suffit bien déjà, il n’est pas besoin d’en rajouter, les CGR et consorts s’y entendront suffisamment pour colatéraliser encore davantage les dégâts.
La deuxième raison, c’est tout simplement la Raison que je ma- jusculise. Je me dis que c’est dégueulasse de vouloir descendre un film au prétexte qu’on ne l’a pas aimé, ou qu’on s’est fait chier, ou qu’éventuellement il aurait pu carrément nous fâcher, heurter notre sensibilité, nos convictions, tout ça. C’est trop facile et puis surtout j’ai pris conscience que de recourir à la violence des mots peut nuire gravement à ma crédibilité parce que la plupart de mes contemporains qui voient les mêmes films que moi ont aimé voire adoré «Last Days», ne se sont pas fait chier un seul instant durant les «Travaux»… Je deviendrais peut-être un peu plus raisonnable, disons, euh, peut-être. Ou hy- pocrite. Ce qui est synonyme. Farpois. Bref, et pour être tout à fait franc, j’ai tout simplement peur de me faire lapider à l’Atalante si je dis du mal de «Villa Paranoïa» et trucider à la maison par Mamour si j’écris une ligne de critique négative sur le film de Miguel Hermoso. Ça devient tellement dangereux là que je n’ose plus citer le titre de ce film à la lumière si prodigieuse. Les cons qui prétendent que le danger peut s’avérer le meilleur des stimulants, la plus indispensable des drogues, eh bien je leur réponds qu’ils peuvent bien me traiter de con, mais moi quand j’ai peur, je fuis… Non sans avoir mordu quelque peu avant, bien entendu.
La foultitude d’autres raisons qui me feraient aujourd’hui m’autocensurer, en fait et en vrac, ce sont la flemme, le beau temps, mes difficultés d’écriture, ma nouvelle moto, la flemme, le bruit du clavier qui empêche Mamour de dormir au petit matin, le ciel gris, la flemme, parfois le doute aussi, je dois l’avouer --seul sur son île déserte on peut bien se laisser aller à l’introspection critique, hein--, la flemme oui, la flemme avant tout… et puis merde, il peut bien y avoir une vie au-delà du blog, non !
Voilà, tout ça parce que je viens de lire une dépêche de Reuters à propos de Beaujolais et de liberté d’expression. Je me disais que si les cinéculteurs se mettaient à faire des procès aux cri- tiques qui balancent sur leurs films de merde… eh bien, qu’est-ce qui se passerait ? Heu, je ne sais pas, ça ferait vendre du papier comme on dit, et puis on parlerait de leurs films de merde, et peut-être que les gens iraient les voir, leurs films de merde je veux dire, parce que les gens sont comme ça, c’est vachement curieux et voyeur un gens. Et grégaire surtout. On comprendrait alors pourquoi Robinson Crusoé n’aime pas les gens. Et pas le Beaujolais non plus, d’ailleurs. Par contre, le cinéma…
Le plébéien bleu alias
08:45 Publié dans Cinéma, digression | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 18 juin 2005
À propos de Adèle, la scène perdue
Une quête poignante
sur la plage
Il fait doux, le sable est doux, le vent est doux, le paysage au loin est doux jusqu’à l’horizon adouci par ma rêverie voyageuse. De doux petits moutons bleus en for- me de jolis nuages font de doux petits bisous au ciel tout blanc et pur. Et Adèle dit qu’elle les avale- rait, les garçons, qu’elle les cacherait très loin dans les plis de l’éther. Mais de quels garçons parle-t-elle ? Et est-ce bien déjà Adèle qui parle ? C’est écrit en italiques, comment savoir ? Peut-être est-ce Marie qui parle là ? Marie, c’est Marie Cosnay, l’écrivaine. Drôle de féminin ! Tous les féminins me sont étran- ges. La littérature m’apparaît souvent étrange. L’écrit vain. Les cris vains. Vain et vaine. Une goutte de ma sueur tâche les caractères obliques. Maintenant il se met à faire chaud en plein soleil. Le livre commence par une espèce de digression comme ça, en italiques. Et il se conclut dans la même typographie dis- tanciée… je n’ai pas résisté, il a fallu que je feuillette très vite jusqu’à la dernière page, dernière page qui est une page blanche, d’ailleurs. Je trouve ça étrange, les italiques je veux dire, et j’ai du mal à entrer dans cette histoire qui n’en est pas une. Ou alors est-ce peut-être simplement l’histoire de tout un chacun, ce repli intime et inavouable qui s’écrit généralement à la troisième personne du singulier, toujours singulier parce que l’être a besoin de sonder sa différence… Ou alors je ne suis tout simplement pas apte à comprendre les mots des filles. Mais elle, alterne. Elle alterne le Je et le Elle. Adèle et Marie. Marie et Adèle. Le Il et le Il. Matteo et Stéphane. Stéphane ou Matthieu. Ou les deux en même temps, un seul et même Il ?... Le sable entre mes orteils, soudainement sous mes cuisses, tout mon épi- derme le plus doux et le plus sensible frémit de cette dureté innombra- ble qui le blesse... m.... le livre m’a échappé des mains, juste au moment où Adèle raconte l'acci- dent, cet accident de voiture emportant toute Une famille dans la spi- rale du big-bang. Et si cette famille c’était celle de Marie ? J’en viens à regretter de connaître le visage qui n’apparaît pas en quatrième de couverture. Le joli visage de la jolie Marie Cosnay me sourit si joliment, comme toujours. Comme si ce sourire rayonnait dans ces pages où se trame le drame du passé. Du passé dont elle ne fera jamais table rase. L’homme, la femme, l’enfant assis sur le siège arrière, tous les trois se liguent pour me jeter du sable dans les yeux. Ma maladresse est punie, il est interdit de laisser tomber un tel livre avant la dernière page, avant que l’effeuillage n’aboutisse à cette surface toute blanche sous le ciel au grand bleu désormais. La plage est dans mon cœur, les vagues roulent dans ma tête et... désormais, Marie Cosnay, je sais la fleur amère de ton âge. Tu as avoué ta naissance et ce bien des nuits blanches avant qu’elle advienne. Peu importe si c’est toi, Marie, ça pourrait être la fille allongée sous le parasol là-bas. Ou sous le sable. Il y a peut-être une fille allongée sous le sable et qui ne parle que dans les livres ? Qui réinvente sans cesse son histoire. Sa perpétuelle quête de l’origine.
Bravo Marie.
Ton livre est dans mon sac de plage, Mamour le lira. Et après on le rendra à Benjamin qui le relira aussi peut-être pour com- menter ma note. Quatre-vingts pages d’une écriture très aérée ça devrait se dévorer plus que se li- re. Eh bien non, Marie, tu ne te lais- ses pas dévorer, ni surtout feuille- ter, ni picorer, tu ne veux certaine- ment pas qu’on te lise facilement, même sur la plage, même quand tout est douceur autour de soi et que l’a priori était forcément favorable. A écrire ces lignes pour toi j’ai le souffle qui se coupe encore. L’apnée me fait reporter le point final de cette note de lecture. Reporter à une relecture. Relire. Adèle ou Marie l’énigme ne peut me quitter.
Merci Adèle.
Le plébéien bleu
PS. "Adèle, la scène perdue" est éditée par Cheyne, une "petite entreprise" indépendante qui n'a pas usurpé son appellation de Poéthèque.
21:00 Publié dans copinage | Lien permanent | Commentaires (7)
mercredi, 15 juin 2005
Nouvelle pétition :
David Kessler nommé
directeur à France Culture
Je viens de mettre sur mon si joli blog tout bleu un nouveau lien pour signer une pétition en faveur de France Culture. Je ne sais pas si vous faites partie des auditeurs de cette chaîne de radio un tantinet "élitiste" mais si vous ne l'étes pas évidemment je ne tiens pas plus que ça à faire du prosélitisme en sa faveur... si ce n'est qu'elle demeure parmi les dernières radios de service public encore partiellement écoutable en cela qu'elle ne prend pas ses auditeurs systématiquement pour des sourds. David Kessler, le nouveau directeur, entrera en fonction à la rentrée prochaine (c'est à dire à partir du 1er septembre 2005) en lieu et place de la très controversée Laure Adler. Bref, moi j'ai signé et vous conseille d'aller jeter un oeil du côté du site de SOS France Culture histoire de vous en faire une idée plus précise... Après, signer une pétition en ligne sur internet, c'est un geste très facile à accomplir si ce n'est qu'il laisse forcément des traces, comme toute pétition de papier d'ailleurs, et ça faut le savoir.
Tant qu'on y est dans la colonne en haut à droite de mon si joli blog tout bleu, n'oubliez pas de signer les autres pétitions... tant qu'à laisser des traces, hein, autant qu'il y en ait plein dans tous les sens pour qu'elles se mélangent... et perdent l'ennemi.
Le plébéien pétitionnaire en bleu
08:55 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 12 juin 2005
Un dimanche sur la terre…
...Où il ne se passerait rien
Dimanche matin post-référendaire, je me tourne et me retourne dans le lit depuis un petit moment déjà, à côté, Mamour dort encore bien joliment. J’adore l’observer dormir dans la semi obscurité. Nous avions décidé d’aller faire une ballade aujourd’hui, peut-être même marcher en montagne avec un couple d’amis, ou alors aller enrouler quelques virages avec la nouvelle Jument bleue, mais encore dans mon apnée méditative post-onirique, je me souviens que la météo d’hier nous prévoyait des orages et de la pluie pour aujourd’hui. Pourtant, du dehors me parvient une intense luminosité. Ce ne serait pas la première fois que nos météorologues nationaux se seraient enduits d’erreur en guise de protection contre les coups de soleil, et là, par la fenêtre, c’est grand soleil, grand ciel bleu, grand beau temps quoi ! Je bondis, me précipite dans les premiers vêtements qui me tombent sous la main --ceux de la veille font l’affaire-- et sprinte de ma foulée la plus féline jusqu’à la boulangerie du Boulevard d’Alsace-Lorraine afin de m’acquitter de ma principale mission dominicale : les croissants. Un plébéien bleu est très réactif, c’est d’ailleurs un de ses principaux traits de caractère.
La boulangerie est un des lieux essentiels de vie et de cohésion sociale, tout du moins dans mon quartier. Toutes les classes sociales s’y côtoient. Les SDF qui font la manche à l’entrée ne savent pas discerner l’origine des pièces jaunes et s’en foutent d’ailleurs. Du moins je le suppose, je digresse. Bref, là dans la queue j’ai senti une main se poser sur mon épaule et j’ai entendu son sourire avant de le voir. Un plébéien bleu, quoique très réactif est parfois un peu dans la Lune. Je ne l’avais pas vue, je n’avais encore vu personne d’ailleurs... Smack-smack, les bises claquent, c’est Maddi. Son sourire est comme tatoué sur son visage et ça lui va bien. Elle aussi a bondi en voyant le grand beau temps à sa fenêtre. Et en ce dimanche matin où il ne s’est encore rien passé sur Terre, pour Maddi c’est programme plage. À la boulangerie, elle fait la queue pour acheter une bouteille d’eau à emporter. Bref, rien ne presse, Mamour doit dormir encore, il est tôt, nous décidons d’aller boire un café ensemble à la terrasse du Balto. C’est à deux pas, à deux bonds devrais-je dire tant nous voici tout deux bondissants tels des Basques contents d’ignorer la victoire du B.O. au championnat de France de rugby.
Petite parenthèse sur cette «info» futile et inintéressante : Alors que nous étions bien installés en terrasse à déguster nos cafés, un camion de supporters biarrots hystériques est passé avec la sono à fond qui vociférait du «Aupa B.O.». Je n’avais encore jamais eu l’heur d’entendre cette foutue rengaine qui leur sert d’hymne, mais alors là, non, c’est grave, superlativement nul et désespérant. Le genre de truc qui me fout tout de suite en rogne, mais alors tout de suite. Et puis y’a aussi que je désespère très vite de l’humanité, pour un oui ou pour un non, faut avouer. Je viens de le dire, un plébéien bleu c’est hyper réactif, et en l’occurrence ça insulte à tours de bras tout ce qui bouge avec un drapeau rouge et blanc à la main. Faut dire qu’ils s’époumonaient un peu dans le vide et l’indifférence ambiante, je rappelle que nous étions boulevard d’Alsace-Lorraine… à Bayonne. Mais ça ne semblait aucunement refroidir leurs ardeurs qui ne pouvaient qu’évoluer crescendo malgré mes «bande d’abrutis» et autres doigts provocateurs, malheureusement… Après, d’un côté, je me dis, et s’ils m’avaient entendu, et s’ils s’étaient arrêtés, et s’ils étaient descendus de leur camion, hum, j’aurais probablement été assez con pour ne pas m’enfuir et me laisser casser la gueule… Ça finira par m’arriver un de ces quatre. J’ai eu encore du bol ce dimanche matin, il faisait si beau temps tandis que Mamour devait espérer son petit déjeuner : «Alors, les croissants, ça vient ?», fermons la parenthèse.
Il est onze heures et quelques, un croissant se noie dans le thé brûlant avant de se faire déchirer d’un coup de dents rageur. La journaliste de France Inter vient d’annoncer la nouvelle unique et «énaurme» qui alimentera tout son bulletin d’information et les suivants durant au moins quarante-huit heures. Sur toutes les radios, dans toutes les télévisions on ne parle et parlera plus que de ça. Le plébéien bleu est également explosif, faut faire extrêmement gaffe en essayant de manipuler ces grosses choses-là. Et que je trépigne, et que je fulmine, et que j’enrage. Mamour, elle, est zen. Pas complètement réveillée non plus, faut dire. Ça aide à conserver sa zénitude. Les croissants sont déjà presque complètement rongés par l’acide au creux de mon estomac, Kriss a pris le relais dans son «dimanche par hasard» et tente de nous faire partager cette même et unique émotion possible à cette heure et sur cette planète… je n’en crois pas ce qui me reste d’indépendance et de jugeote entre les oreilles. Désormais, nos «élites» et leurs serviles relais médiatiques l’ont décrété, l’émotion sera unique et o-bli-ga-toire. Et pour ce faire, on prendra bien soin d’effacer toute interférence, il n’y aura pas d’autre actualité possible. Il ne se passe rien sur Terre pendant qu’on nous invite, à longueurs de flashs et d’émissions spéciales, à communier avec l’«élite». Tous les «citoyens» consommateurs d’information se doivent de partager cette même joie «énaurme» qui remplit tout. En ce dimanche de liesse unanime, il n’y a pas eu de série d’attentats en Iran. Ni un, ni dix, ni cent morts : aucun. Aucun mort non plus dans ce train qui n’a pas déraillé suite à une explosion sur la ligne entre Moscou et Grozny en Tchétchénie. Les Italiens n’ont pas voté ce dimanche, même pas à moins de 30 %, jamais on a voulu les consulter sur un sujet de société aussi brûlant que la bioéthique, et jamais l’église catholique n’est intervenue dans le débat. Jamais non plus, en ce dimanche d’orgasme journalistique généralisé, les ministres des Finances du G8 n’ont envisagé d’annuler la dette de 18 pays parmi les plus pauvres de la planète. Jamais leurs homologues européens aux Affaires étrangères n’ont discuté du budget de l’UE pour la période allant de 2007 à 2013, d’ailleurs, s’ils l’avaient fait, qui cela aurait-il intéressé ? Il n’y a pas eu non plus de réunion à Madrid entre les ministres de la Culture de 70 pays pour remettre en cause la marchandisation de la culture. Ce dimanche matin, le port de Bayonne n’a pas été bloqué par des pêcheurs d’anchois. Comme il ne se passe rien de rien, pas même dans les commissariats où des militants basques prétendent avoir été torturés, il ne sera pas possible de donner crédit à des assertions inexistantes qui accuseraient la France d’être acteur dans cette politique tortionnaire menée par l’Espagne. Et puis surtout, sur les ondes de France Inter, à partir de 11 heures en ce dimanche matin d’«énaurmité», même le rugby était devenu hors sujet et le Biarritz Olympique n’avait jamais emporté le bouclier de Brénus.
Quand il ne se passe rien comme ça, moi, faut que j’invente. Que je m’invente un monde, un autre monde qui serait possible, un monde avec de belles routes viroleuses où poser les roues de ma Jument bleue pour y jouer à rester vivants à deux. Oui Mamour, nous irons nous balader à moto, si tu veux bien… une fois que je me serais un peu calmé…
Tu m’as conseillé de leur écrire, à France Inter, pour me défouler un peu, et ça m’a calmé. Tu as eu raison, comme très souvent, et j’ai probablement eu tort de haïr Florence Aubenas en ce dimanche matin si joliment ensoleillé.
Le bleu et blanc plébéien
13:45 Publié dans digression, écrits sur fond bleu | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 09 juin 2005
Plympton et le plaisir inavouable
Hair High
Samedi 4 juin 2005, vingt-trois heures quarante-cinq, salle Antton Ezeiza de l’Autre cinéma à Bayonne, premier rang, fauteuil du milieu, les pieds loin devant moi, je lève mon bras droit et ne dis pas «je le jure» mais fais signe à Thomas, le projectionniste, de renvoyer la bobine. En vain. Hum. Il est tard et il a beaucoup de route à faire pour rentrer. Hair High en boucle, ce sera pour une autre fois. Dans un autre monde, sur une autre planète… ou peut-être tout simplement un des jours suivants. Moi, je fantasme déjà sur la nuit Plympton que je vais «exiger» à Ramuntxo. Hum-hum, ça aura quand même très probablement du mal à passer malgré mon «énaurme» influence sur sa géniale programmation. Nous n’étions que deux dans la salle ce soir-là. Deux fanatiques. L’autre… il vaut mieux que je ne le dénonce pas.
Jeudi 9 juin 2005, dix-neuf heures quarante-cinq, comptoir de la Taverne, à l’Atalante. Avec Jean-Phi et Bruno, on rigole graveleusement à propos de godets et puis très vite, Filadelfio relançant la discussion apéritive, notre cinéphilie chronique reprend le dessus. Évidemment, je lui cause de Hair High et de Bill Plympton. Ses sourcils se soulèvent anachroniquement et un sourire entendu les souligne. «Bill Clinton ?!» qu’il m’interroge, surpris ! Il est Italien, ça explique, et nous re-sombrons dans le grave.
Lundi 13 juin, vingt-et-une heures, je ne sais pas encore quelle salle à l’Autre cinéma, je m’assiérai à ma place habituelle pour revoir Hair High et lever mon bras droit à la fin de la projection… avant de m’enchaîner définitivement à mon fauteuil en guise de protestation contre les dernières séances. Je vais jouer mon Eddy Mitchellena et ça n’est pas du flan, si la salle n’est pas pleine comme un œuf je raconte le film sur mon si joli blog tout bleu.
Meuh non ! les films, moi je ne les raconte pas. D’ailleurs, je ne saurais pas. J’en parle toujours sans vraiment en parler. C’est mon truc de critique à moi que j’ai. Soit je descends soit j’encense, mais sans jamais déflorer. Et puis, du Plympton, ça ne se déflore pas, ça se… non, vraiment trop grave. Trop grave de passer à côté d’un tel plaisir inavouable !
Robinson Crusoé
21:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2)
55% de Oui aux vacances
Avec Mamour, fin mai, nous avons passé une super semaine de vacances en Auvergne du côté de La Bourboule. Grand beau temps tout du long, accueil chaleureux, très belles balades, repas gastronomiques et apéros gargantuesques, tout plein de petits bonheurs offerts et reçus grâce à la jolie Marie, à son tonton Jean-Claude, à Florence qui prévoyait déjà un hiver rigoureux les aiguilles à la main, aux charmants voisins Delphine et Denis, les enfants, tout un univers inconnu jusqu'alors qui pour nous très vite s'est fait familier et confortable. Oui, Jean-Claude, nous nous sommes vraiment si bien sentis chez toi ! Merci pour tout. Merci pour ton amitié qui vaut si cher et que tu donnes... Hum, Mamour a repris la cigarette très vite aussitôt rentrée à Bayonne... et moi les apéros. La chair est faible, tu le sais bien q;o)
45% de Non au boulot
Histoire de perpétuer un peu ces si jolis souvenirs, et comme je m'essaie aujourd'hui à la fabrication de gifs animés, j'ai affiché sur la page d'accueil de mon si joli blog tout bleu un petit diaporama de vacances. C'est juste un petit plaisir égoïste, en espérant que cette animation ne rebutera pas de trop mes visiteurs. Désormais, l'Auvergne sera "tendance" sur le blog du plébéien bleu.
L'éternel vacancier bleu
16:35 Publié dans Blog, digression | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 08 juin 2005
Xavier Ride expose aux Corsaires
Il n'est peut-être pas très connu en Pays basque mais son exposition à la galerie des Corsaires, 44, quai du même nom à Bayonne, du 6 au 16 juin prochains vaut vraiment de secouer un peu sa curiosité. Pour une première fois je m'essaie à publier dans mon si joli blog tout bleu un reportage photographique sur de la peinture. Une peinture qui a su me parler... et pas seulement parce qu'elle fait à sa manière l'apologie des fêtes de Bayonne.
La peinture est particulière…
Elle donne autant qu’elle prend.
Elle donne la possibilité de voyager,
De rêver, d’imaginer, de faire son propre chemin, c’est ce que j’aime :
Que d’autres auteurs (car le spectateur devient auteur en interprétant ce qu’il voit) ressentent la peinture, la vivent pour l’apprécier sans chercher à comprendre.
Elle prend du temps, des envies, des rêves de celui qui la fait et celui qui la regarde.
Elle nous prend une part de subconscient, quelque chose de personnel, propre à chacun, égoïstement pour soi.
Je travaille avec du café, des collages, de la peinture et des crayons noirs : mélange qui donne à la fois un côté réel, connu et une part d’imagination au visuel de ma production.
Une nuance, une image transparente, comme aperçue en rêve ou lors d’un mirage.
Un instant volé à l’impalpable.
Xavier Ride
L'homme au chapeau
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Le bleu génie
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Fort comme un éléphant
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L'oiseau qui fait mouche
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Série Fêtes de Bayonne au café
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Xavier Ride aura travaillé quelques mois derrière le comptoir de la Taverne à l'Atalante et c'est là que j'ai appris à apprécier sa chaleur humaine communicative... C'est peut-être le lieu qui veut ça, mais pas seulement. Le personnage, s'il ne ressemble pas tout à fait à ce que j'ai découvert de son oeuvre picturale, est habité par le sourire que nous offre ses tableaux si forts de café. Merci pour ton sourire Xavier, à très bientôt en Pays basque et sur Bayonne, j'espère. Que ce petit reportage photographique te soit un homage de sympathie de la part d'un des piliers de comptoir que tu auras su charmer durant ton trop court séjour à l'Atalante.
Le plébéien bleu
23:25 Publié dans copinage | Lien permanent | Commentaires (0)
Azraël est un mangeur de pipas :
Être ou ne pas être,
c’est pareil !
«Qu’est-ce qu’il est beau !» m’a dit Mai en sortant de l’Autre cinéma cet après-midi. Avec Mamour nous nous étions assis en face de la sortie, au soleil, sur la rambarde au bord de l’Adour, le temps que ces dames fument une cigarette. Dehors, il fait sacrément bon, vraiment. Une magnifique journée de juin… Je les ai laissées partir seules à la plage. Enfin, sans moi je veux dire car il doit y avoir du monde sur le sable à cette heure. Là, moi j’ai plutôt envie d’ombre et de solitude. Sûrement pour recompter les plumes d’Azraël (pour mémoire et afin d’éviter toute confusion, je rappelle que le chat cruel qui terrorise les schtroumfs n’a pas de plumes ni d’ailes et que lui n’est surtout pas beau mais tout simplement ridicule). Une, deux, trois… plus une, plus une encore, Mai parlait bien évidemment de Abbas Esfandiari qui joue son propre rôle dans le génial film iranien Mohsen Amiryoussefi… et moi je persiste à vouloir compter les plumes sur les ailes arrachées de l’ange de la Mort. Celui de la tradition musulmane, bien entendu, Azraël, l’associé d’Esfandiar. A moins que ce ne soit l’inverse. «Être ou ne pas être, c’est pareil» déclame théâtralement le héro thanatopracteur. Et ce n’est pas un clin d’œil hasardeux pour moi. Azraël et Esfandiar c’est du pareil au même. Ils sont tous les deux complètement magiques. Magique surtout ce cinéma qui nous est venu d’Iran par un bel après-midi presque estival. Et si drôle aussi. Il me manque énormément de références culturelles pour déchiffrer tout l’humour qui se lâche ici comme des perles d’explosions joyeuses, mais je le pressens avec bonheur et c’est là toute la magie du cinéma… Quatre, cinq, six, et la septième porte bonheur, je vais chercher dans les pages jaunes les adresses de toutes les pompes funèbres du coin. Et puis je vais inviter tous les thanatopracteurs de chez nous à voir ce film qui les rend héroïques et beaux… Qui sait, les rituels, religieux ou non, ont peut-être du bon ! J’y songerai en mangeant des pipas bruyamment, sans complexe… Vivants ou morts, courez donc voir ce film et le bonheur vous lavera. Moi je me sens tout frais et tout propre, mais je m’emmèle encore en recomptant les plumes d’Azraël.
Il fait encore grand soleil par ma fenêtre, l'heure est aux grandes décisions existentielles : je vais donc aller conter fleurette à Mamour sur la plage...
Robinson Crusoé
17:15 Publié dans Cinéma, digression | Lien permanent | Commentaires (0)