mercredi, 15 juin 2005
Nouvelle pétition :
David Kessler nommé
directeur à France Culture
Je viens de mettre sur mon si joli blog tout bleu un nouveau lien pour signer une pétition en faveur de France Culture. Je ne sais pas si vous faites partie des auditeurs de cette chaîne de radio un tantinet "élitiste" mais si vous ne l'étes pas évidemment je ne tiens pas plus que ça à faire du prosélitisme en sa faveur... si ce n'est qu'elle demeure parmi les dernières radios de service public encore partiellement écoutable en cela qu'elle ne prend pas ses auditeurs systématiquement pour des sourds. David Kessler, le nouveau directeur, entrera en fonction à la rentrée prochaine (c'est à dire à partir du 1er septembre 2005) en lieu et place de la très controversée Laure Adler. Bref, moi j'ai signé et vous conseille d'aller jeter un oeil du côté du site de SOS France Culture histoire de vous en faire une idée plus précise... Après, signer une pétition en ligne sur internet, c'est un geste très facile à accomplir si ce n'est qu'il laisse forcément des traces, comme toute pétition de papier d'ailleurs, et ça faut le savoir.
Tant qu'on y est dans la colonne en haut à droite de mon si joli blog tout bleu, n'oubliez pas de signer les autres pétitions... tant qu'à laisser des traces, hein, autant qu'il y en ait plein dans tous les sens pour qu'elles se mélangent... et perdent l'ennemi.
Le plébéien pétitionnaire en bleu
08:55 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 12 juin 2005
Un dimanche sur la terre…
...Où il ne se passerait rien
Dimanche matin post-référendaire, je me tourne et me retourne dans le lit depuis un petit moment déjà, à côté, Mamour dort encore bien joliment. J’adore l’observer dormir dans la semi obscurité. Nous avions décidé d’aller faire une ballade aujourd’hui, peut-être même marcher en montagne avec un couple d’amis, ou alors aller enrouler quelques virages avec la nouvelle Jument bleue, mais encore dans mon apnée méditative post-onirique, je me souviens que la météo d’hier nous prévoyait des orages et de la pluie pour aujourd’hui. Pourtant, du dehors me parvient une intense luminosité. Ce ne serait pas la première fois que nos météorologues nationaux se seraient enduits d’erreur en guise de protection contre les coups de soleil, et là, par la fenêtre, c’est grand soleil, grand ciel bleu, grand beau temps quoi ! Je bondis, me précipite dans les premiers vêtements qui me tombent sous la main --ceux de la veille font l’affaire-- et sprinte de ma foulée la plus féline jusqu’à la boulangerie du Boulevard d’Alsace-Lorraine afin de m’acquitter de ma principale mission dominicale : les croissants. Un plébéien bleu est très réactif, c’est d’ailleurs un de ses principaux traits de caractère.
La boulangerie est un des lieux essentiels de vie et de cohésion sociale, tout du moins dans mon quartier. Toutes les classes sociales s’y côtoient. Les SDF qui font la manche à l’entrée ne savent pas discerner l’origine des pièces jaunes et s’en foutent d’ailleurs. Du moins je le suppose, je digresse. Bref, là dans la queue j’ai senti une main se poser sur mon épaule et j’ai entendu son sourire avant de le voir. Un plébéien bleu, quoique très réactif est parfois un peu dans la Lune. Je ne l’avais pas vue, je n’avais encore vu personne d’ailleurs... Smack-smack, les bises claquent, c’est Maddi. Son sourire est comme tatoué sur son visage et ça lui va bien. Elle aussi a bondi en voyant le grand beau temps à sa fenêtre. Et en ce dimanche matin où il ne s’est encore rien passé sur Terre, pour Maddi c’est programme plage. À la boulangerie, elle fait la queue pour acheter une bouteille d’eau à emporter. Bref, rien ne presse, Mamour doit dormir encore, il est tôt, nous décidons d’aller boire un café ensemble à la terrasse du Balto. C’est à deux pas, à deux bonds devrais-je dire tant nous voici tout deux bondissants tels des Basques contents d’ignorer la victoire du B.O. au championnat de France de rugby.
Petite parenthèse sur cette «info» futile et inintéressante : Alors que nous étions bien installés en terrasse à déguster nos cafés, un camion de supporters biarrots hystériques est passé avec la sono à fond qui vociférait du «Aupa B.O.». Je n’avais encore jamais eu l’heur d’entendre cette foutue rengaine qui leur sert d’hymne, mais alors là, non, c’est grave, superlativement nul et désespérant. Le genre de truc qui me fout tout de suite en rogne, mais alors tout de suite. Et puis y’a aussi que je désespère très vite de l’humanité, pour un oui ou pour un non, faut avouer. Je viens de le dire, un plébéien bleu c’est hyper réactif, et en l’occurrence ça insulte à tours de bras tout ce qui bouge avec un drapeau rouge et blanc à la main. Faut dire qu’ils s’époumonaient un peu dans le vide et l’indifférence ambiante, je rappelle que nous étions boulevard d’Alsace-Lorraine… à Bayonne. Mais ça ne semblait aucunement refroidir leurs ardeurs qui ne pouvaient qu’évoluer crescendo malgré mes «bande d’abrutis» et autres doigts provocateurs, malheureusement… Après, d’un côté, je me dis, et s’ils m’avaient entendu, et s’ils s’étaient arrêtés, et s’ils étaient descendus de leur camion, hum, j’aurais probablement été assez con pour ne pas m’enfuir et me laisser casser la gueule… Ça finira par m’arriver un de ces quatre. J’ai eu encore du bol ce dimanche matin, il faisait si beau temps tandis que Mamour devait espérer son petit déjeuner : «Alors, les croissants, ça vient ?», fermons la parenthèse.
Il est onze heures et quelques, un croissant se noie dans le thé brûlant avant de se faire déchirer d’un coup de dents rageur. La journaliste de France Inter vient d’annoncer la nouvelle unique et «énaurme» qui alimentera tout son bulletin d’information et les suivants durant au moins quarante-huit heures. Sur toutes les radios, dans toutes les télévisions on ne parle et parlera plus que de ça. Le plébéien bleu est également explosif, faut faire extrêmement gaffe en essayant de manipuler ces grosses choses-là. Et que je trépigne, et que je fulmine, et que j’enrage. Mamour, elle, est zen. Pas complètement réveillée non plus, faut dire. Ça aide à conserver sa zénitude. Les croissants sont déjà presque complètement rongés par l’acide au creux de mon estomac, Kriss a pris le relais dans son «dimanche par hasard» et tente de nous faire partager cette même et unique émotion possible à cette heure et sur cette planète… je n’en crois pas ce qui me reste d’indépendance et de jugeote entre les oreilles. Désormais, nos «élites» et leurs serviles relais médiatiques l’ont décrété, l’émotion sera unique et o-bli-ga-toire. Et pour ce faire, on prendra bien soin d’effacer toute interférence, il n’y aura pas d’autre actualité possible. Il ne se passe rien sur Terre pendant qu’on nous invite, à longueurs de flashs et d’émissions spéciales, à communier avec l’«élite». Tous les «citoyens» consommateurs d’information se doivent de partager cette même joie «énaurme» qui remplit tout. En ce dimanche de liesse unanime, il n’y a pas eu de série d’attentats en Iran. Ni un, ni dix, ni cent morts : aucun. Aucun mort non plus dans ce train qui n’a pas déraillé suite à une explosion sur la ligne entre Moscou et Grozny en Tchétchénie. Les Italiens n’ont pas voté ce dimanche, même pas à moins de 30 %, jamais on a voulu les consulter sur un sujet de société aussi brûlant que la bioéthique, et jamais l’église catholique n’est intervenue dans le débat. Jamais non plus, en ce dimanche d’orgasme journalistique généralisé, les ministres des Finances du G8 n’ont envisagé d’annuler la dette de 18 pays parmi les plus pauvres de la planète. Jamais leurs homologues européens aux Affaires étrangères n’ont discuté du budget de l’UE pour la période allant de 2007 à 2013, d’ailleurs, s’ils l’avaient fait, qui cela aurait-il intéressé ? Il n’y a pas eu non plus de réunion à Madrid entre les ministres de la Culture de 70 pays pour remettre en cause la marchandisation de la culture. Ce dimanche matin, le port de Bayonne n’a pas été bloqué par des pêcheurs d’anchois. Comme il ne se passe rien de rien, pas même dans les commissariats où des militants basques prétendent avoir été torturés, il ne sera pas possible de donner crédit à des assertions inexistantes qui accuseraient la France d’être acteur dans cette politique tortionnaire menée par l’Espagne. Et puis surtout, sur les ondes de France Inter, à partir de 11 heures en ce dimanche matin d’«énaurmité», même le rugby était devenu hors sujet et le Biarritz Olympique n’avait jamais emporté le bouclier de Brénus.
Quand il ne se passe rien comme ça, moi, faut que j’invente. Que je m’invente un monde, un autre monde qui serait possible, un monde avec de belles routes viroleuses où poser les roues de ma Jument bleue pour y jouer à rester vivants à deux. Oui Mamour, nous irons nous balader à moto, si tu veux bien… une fois que je me serais un peu calmé…
Tu m’as conseillé de leur écrire, à France Inter, pour me défouler un peu, et ça m’a calmé. Tu as eu raison, comme très souvent, et j’ai probablement eu tort de haïr Florence Aubenas en ce dimanche matin si joliment ensoleillé.
Le bleu et blanc plébéien
13:45 Publié dans digression, écrits sur fond bleu | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 09 juin 2005
Plympton et le plaisir inavouable
Hair High
Samedi 4 juin 2005, vingt-trois heures quarante-cinq, salle Antton Ezeiza de l’Autre cinéma à Bayonne, premier rang, fauteuil du milieu, les pieds loin devant moi, je lève mon bras droit et ne dis pas «je le jure» mais fais signe à Thomas, le projectionniste, de renvoyer la bobine. En vain. Hum. Il est tard et il a beaucoup de route à faire pour rentrer. Hair High en boucle, ce sera pour une autre fois. Dans un autre monde, sur une autre planète… ou peut-être tout simplement un des jours suivants. Moi, je fantasme déjà sur la nuit Plympton que je vais «exiger» à Ramuntxo. Hum-hum, ça aura quand même très probablement du mal à passer malgré mon «énaurme» influence sur sa géniale programmation. Nous n’étions que deux dans la salle ce soir-là. Deux fanatiques. L’autre… il vaut mieux que je ne le dénonce pas.
Jeudi 9 juin 2005, dix-neuf heures quarante-cinq, comptoir de la Taverne, à l’Atalante. Avec Jean-Phi et Bruno, on rigole graveleusement à propos de godets et puis très vite, Filadelfio relançant la discussion apéritive, notre cinéphilie chronique reprend le dessus. Évidemment, je lui cause de Hair High et de Bill Plympton. Ses sourcils se soulèvent anachroniquement et un sourire entendu les souligne. «Bill Clinton ?!» qu’il m’interroge, surpris ! Il est Italien, ça explique, et nous re-sombrons dans le grave.
Lundi 13 juin, vingt-et-une heures, je ne sais pas encore quelle salle à l’Autre cinéma, je m’assiérai à ma place habituelle pour revoir Hair High et lever mon bras droit à la fin de la projection… avant de m’enchaîner définitivement à mon fauteuil en guise de protestation contre les dernières séances. Je vais jouer mon Eddy Mitchellena et ça n’est pas du flan, si la salle n’est pas pleine comme un œuf je raconte le film sur mon si joli blog tout bleu.
Meuh non ! les films, moi je ne les raconte pas. D’ailleurs, je ne saurais pas. J’en parle toujours sans vraiment en parler. C’est mon truc de critique à moi que j’ai. Soit je descends soit j’encense, mais sans jamais déflorer. Et puis, du Plympton, ça ne se déflore pas, ça se… non, vraiment trop grave. Trop grave de passer à côté d’un tel plaisir inavouable !
Robinson Crusoé
21:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2)
55% de Oui aux vacances
Avec Mamour, fin mai, nous avons passé une super semaine de vacances en Auvergne du côté de La Bourboule. Grand beau temps tout du long, accueil chaleureux, très belles balades, repas gastronomiques et apéros gargantuesques, tout plein de petits bonheurs offerts et reçus grâce à la jolie Marie, à son tonton Jean-Claude, à Florence qui prévoyait déjà un hiver rigoureux les aiguilles à la main, aux charmants voisins Delphine et Denis, les enfants, tout un univers inconnu jusqu'alors qui pour nous très vite s'est fait familier et confortable. Oui, Jean-Claude, nous nous sommes vraiment si bien sentis chez toi ! Merci pour tout. Merci pour ton amitié qui vaut si cher et que tu donnes... Hum, Mamour a repris la cigarette très vite aussitôt rentrée à Bayonne... et moi les apéros. La chair est faible, tu le sais bien q;o)
45% de Non au boulot
Histoire de perpétuer un peu ces si jolis souvenirs, et comme je m'essaie aujourd'hui à la fabrication de gifs animés, j'ai affiché sur la page d'accueil de mon si joli blog tout bleu un petit diaporama de vacances. C'est juste un petit plaisir égoïste, en espérant que cette animation ne rebutera pas de trop mes visiteurs. Désormais, l'Auvergne sera "tendance" sur le blog du plébéien bleu.
L'éternel vacancier bleu
16:35 Publié dans Blog, digression | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 08 juin 2005
Xavier Ride expose aux Corsaires
Il n'est peut-être pas très connu en Pays basque mais son exposition à la galerie des Corsaires, 44, quai du même nom à Bayonne, du 6 au 16 juin prochains vaut vraiment de secouer un peu sa curiosité. Pour une première fois je m'essaie à publier dans mon si joli blog tout bleu un reportage photographique sur de la peinture. Une peinture qui a su me parler... et pas seulement parce qu'elle fait à sa manière l'apologie des fêtes de Bayonne.
La peinture est particulière…
Elle donne autant qu’elle prend.
Elle donne la possibilité de voyager,
De rêver, d’imaginer, de faire son propre chemin, c’est ce que j’aime :
Que d’autres auteurs (car le spectateur devient auteur en interprétant ce qu’il voit) ressentent la peinture, la vivent pour l’apprécier sans chercher à comprendre.
Elle prend du temps, des envies, des rêves de celui qui la fait et celui qui la regarde.
Elle nous prend une part de subconscient, quelque chose de personnel, propre à chacun, égoïstement pour soi.
Je travaille avec du café, des collages, de la peinture et des crayons noirs : mélange qui donne à la fois un côté réel, connu et une part d’imagination au visuel de ma production.
Une nuance, une image transparente, comme aperçue en rêve ou lors d’un mirage.
Un instant volé à l’impalpable.
Xavier Ride
L'homme au chapeau
(cliquer sur ce texte pour encadrer le tableau)
Le bleu génie
(cliquer sur ce texte pour encadrer le tableau)
Fort comme un éléphant
(cliquer sur ce texte pour encadrer le tableau)
L'oiseau qui fait mouche
(cliquer sur ce texte pour encadrer le tableau)
Série Fêtes de Bayonne au café
(cliquer sur ce texte pour encadrer le tableau)
(cliquer sur ce texte pour encadrer le tableau)
(cliquer sur ce texte pour encadrer le tableau)
(cliquer sur ce texte pour encadrer le tableau)
(cliquer sur ce texte pour encadrer le tableau)
(cliquer sur ce texte pour encadrer le tableau)
Xavier Ride aura travaillé quelques mois derrière le comptoir de la Taverne à l'Atalante et c'est là que j'ai appris à apprécier sa chaleur humaine communicative... C'est peut-être le lieu qui veut ça, mais pas seulement. Le personnage, s'il ne ressemble pas tout à fait à ce que j'ai découvert de son oeuvre picturale, est habité par le sourire que nous offre ses tableaux si forts de café. Merci pour ton sourire Xavier, à très bientôt en Pays basque et sur Bayonne, j'espère. Que ce petit reportage photographique te soit un homage de sympathie de la part d'un des piliers de comptoir que tu auras su charmer durant ton trop court séjour à l'Atalante.
Le plébéien bleu
23:25 Publié dans copinage | Lien permanent | Commentaires (0)
Azraël est un mangeur de pipas :
Être ou ne pas être,
c’est pareil !
«Qu’est-ce qu’il est beau !» m’a dit Mai en sortant de l’Autre cinéma cet après-midi. Avec Mamour nous nous étions assis en face de la sortie, au soleil, sur la rambarde au bord de l’Adour, le temps que ces dames fument une cigarette. Dehors, il fait sacrément bon, vraiment. Une magnifique journée de juin… Je les ai laissées partir seules à la plage. Enfin, sans moi je veux dire car il doit y avoir du monde sur le sable à cette heure. Là, moi j’ai plutôt envie d’ombre et de solitude. Sûrement pour recompter les plumes d’Azraël (pour mémoire et afin d’éviter toute confusion, je rappelle que le chat cruel qui terrorise les schtroumfs n’a pas de plumes ni d’ailes et que lui n’est surtout pas beau mais tout simplement ridicule). Une, deux, trois… plus une, plus une encore, Mai parlait bien évidemment de Abbas Esfandiari qui joue son propre rôle dans le génial film iranien Mohsen Amiryoussefi… et moi je persiste à vouloir compter les plumes sur les ailes arrachées de l’ange de la Mort. Celui de la tradition musulmane, bien entendu, Azraël, l’associé d’Esfandiar. A moins que ce ne soit l’inverse. «Être ou ne pas être, c’est pareil» déclame théâtralement le héro thanatopracteur. Et ce n’est pas un clin d’œil hasardeux pour moi. Azraël et Esfandiar c’est du pareil au même. Ils sont tous les deux complètement magiques. Magique surtout ce cinéma qui nous est venu d’Iran par un bel après-midi presque estival. Et si drôle aussi. Il me manque énormément de références culturelles pour déchiffrer tout l’humour qui se lâche ici comme des perles d’explosions joyeuses, mais je le pressens avec bonheur et c’est là toute la magie du cinéma… Quatre, cinq, six, et la septième porte bonheur, je vais chercher dans les pages jaunes les adresses de toutes les pompes funèbres du coin. Et puis je vais inviter tous les thanatopracteurs de chez nous à voir ce film qui les rend héroïques et beaux… Qui sait, les rituels, religieux ou non, ont peut-être du bon ! J’y songerai en mangeant des pipas bruyamment, sans complexe… Vivants ou morts, courez donc voir ce film et le bonheur vous lavera. Moi je me sens tout frais et tout propre, mais je m’emmèle encore en recomptant les plumes d’Azraël.
Il fait encore grand soleil par ma fenêtre, l'heure est aux grandes décisions existentielles : je vais donc aller conter fleurette à Mamour sur la plage...
Robinson Crusoé
17:15 Publié dans Cinéma, digression | Lien permanent | Commentaires (0)
La médiature du cercle fermé
La forfaiture
Dimanche 29 mai 2005, 55% des Français se prononcent contre la ratification du Traité Constitutionnel européen.
Lundi 6 Juin 2005, la nouvelle ministre française des affaires européenne, Catherine Colonna, déclare officiellement que la France trouve souhaitable que la processus de ratification continue.
C'est apparemment ce qu'on appelle représenter son pays. En d'autres temps, on appelait ça un crime de haute trahison.
Alors que la médiature fait mine de s'inquiéter du fossé qui la sépare de plus en plus évidemment de l'écrasante majorité des Français, alors qu'elle tente par tous les moyens de justifier ses privilèges et sa morgue par des pseudo-analyses consternantes d'aveuglement sur les résultats du référendum, et soulage ses angoisses charlatanesques par l'annonce des remèdes en peau de lapin qu'elle ne croit même plus de taille à endiguer la Colère que son assourdissant mépris fait mûrir depuis des années, sa bêtise fondamentale est entrain de solder les comptes de la démocratie, et elle ne s'en aperçoit même pas.
La médiature : je n'ai trouvé que ce terme pour désigner le conglomérat de privilèges économiques, politiques et surtout médiatiques qui rassemble ce qui s'auto-proclame encore les "élites" de notre pays (et de la plupart des pays d'Europe occidentale) : une grande majorité des élus des collectivités territoriales, nationales et des instances de l'Union européenne en font évidemment partie, mais également la plupart de leurs techniciens-technocrates, des haut fonctionnaires et bien sûr l'écrasante majorité des "communicants" de tout bord qui jouent sans cesser à renvoyer la balle en attendant que l'ascenseur revienne, sondeurs, marketeurs, publicitaires, journalistes.
La médiature n'est pas innombrable, et elle est unie dans une suffisance d'elle-même qui dépasse largement ses clivages économiques internes et ses divergences de méthodes et quelquefois idéologiques. C'est elle qui nous repaît depuis des années d'une "opinion" dont elle ne dissocie plus la mesure de la fabrication, qu'elle saucissonne par pragmatisme en "segments" et autres CSP qui salopent l'esprit et désespèrent le cœur. C'est elle aussi qui nous repaît de "Démocratie" sans jamais questionner ni le concept, ni les moyens mis en œuvre par la République pour le réaliser, ni surtout l'adéquation du fonctionnement réel de nos institutions et du pouvoir en général avec le premier principe de la démocratie, celui de la délégation majoritaire du pouvoir des citoyens à leurs représentants et de la légitimité de ceux-ci en tant qu'ils agissent conformément à ce mandat.
En omettant depuis les temps déjà lointains de l'utopie fondatrice de questionner et d'évaluer régulièrement le concept et le fonctionnement de la démocratie, la médiature, dont le règne se confond à peu près avec elle, a d'abord imposé le principe démocratique comme meilleur (jusque là on peut être d'accord, Monsieur Churchill), puis comme seul principe possible de gouvernement d'une société. Puis, plusieurs guerres récentes dont celle d'Irak en sont le résultat, comme fin en soi, épuisant du même coup sa fragile nature dans cette aporie qu'il est dès lors possible d'imposer la démocratie à un peuple.
Pendant les quelques semaines où, la médiature prenant soudain la mesure de la rébellion inattendue de la majorité des Français, elle fit assaut de toutes les intimidations, de tous les anathèmes, de tous les trucages et de toutes les divisions pour tenter d'endiguer la vague du NON, c'est en même temps cette évolution du principe démocratique vers sa fin qu'elle consacrait, vidant le concept de ses dernières forces en ne cessant de l'invoquer pour mieux le ternir, et d'une façon d'autant plus définitive qu'elle s'y employait devant ce peuple même qui l'avait fait renaître.
Les Français ont majoritairement dit NON à la ratification du traité constitutionnel. Au lieu, comme on l'attendrait, que nos représentants s'emploient à faire respecter par l'Union cette décision pourtant très claire, on nous propose des emplâtres à base de priorité à l'emploi et de remaniement ministériel bidon, pendant que nos analystes appointés se font frissonner le clapoir sur le thème "ne serions-nous pas en situation pré-révolutionnaire?". La trahison patente et assumée de la dernière volonté démocratique de ce peuple par un Président de la République en état de forfaiture sonne bel et bien le glas de l'espérance démocratique. Il reste à espérer que le peuple Français trouve dans la force et la patience de son histoire la volonté de construire, par-delà la tempête qui s'annonce, des lendemains qui ne désenchantent que ceux qui l'auront poussé à bout.
Serge Rivron, le 7 juin 2005
10:05 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 06 juin 2005
Mon Pays basque bisque rage !
Idigoras est mort,
pas moi !
D’une manière générale, le ouèbe se fout bien pas mal du Pays basque. Ce vendredi 3 juin, sur le ouèbe francophone, je n’ai trouvé que deux sites suisses pour rendre compte du décès de Jon Idigoras. Hormis, bien entendu, les sites basques engagés. Toute la France se fout bien des emphysèmes emportant à 69 ans les militants et patriotes basques ; à droite ou à gauche, en haut ou en bas, le citoyen internaute de langue française n’avait peut-être même jamais lu ou vu quoi que ce soit concernant cet homme à l’abord bourru mais chaleureux. En fait, très probablement, de ce côté-ci du «clavier azerty», je dois être le seul à avoir songé à mettre les drapeaux en berne en guise de deuil. J’espérerais bien un démenti, mais, malheureusement, il n’y en aura pas… Drôle d’idée tout de même que de se mettre en berne pour Jon Idigoras, que de se proclamer en deuil ou de décréter, heu, disons au moins trois quarts d’heure de bordel tonitruant mais respectueux en son honneur.
Le pire c’est que ça ne l’aurait même pas amusé, tout le contraire même, peut-être, je ne suis pas sûr… peut-être qu’en vieillissant, hum, je ne sais pas, peut-être ? Bref, ce n’est pas que je cultive une quelconque affection à l’adresse de Jon Idigoras maintenant que le voici mort, guère plus que de son vivant, mais encore sous l’émotion de l’annonce de sa disparition j’ai bien envie de l’inscrire à mon Panthéon privatif. Un Panthéon dont je n’avais encore jamais causé à quiconque, tout du moins en ces termes. Probablement parce que je n’avais pas même la conscience de sa possible existence. Peut-être n’est-il que furtif ? Ou virtuel ? Ça serait bien la mode ici ! Toujours est-il qu’il n’a qu’un seul étage et pas de vitrine, pas le moindre parking souterrain, ni catacombe, et surtout aucun ascenseur. L’échafaud n’est pas aboli dans la rancœur et la haine des anti-basques, alors gaffe. Mon Panthéon à moi que j’ai aujourd’hui, il est en rez-de-chaussée et sans même un toit à se mettre sur le cadavre. Quasi-pathétique. En fait, Jon Idigoras, je l’ai très peu connu personnellement. Et pas du tout intimement. Pour ceux qui ne le connaissent pas du tout, ni de près ni de loin, et je vous suppute majoritaires parmi les lecteurs du plébéien bleu, j’ai mis en liens quelques sites causant de lui, de sa vie, son œuvre, tout ça. La plupart sont en espagnol, désolé ! q:o/ Voilà… que disais-je ?
Oui, assez pathétique ce souvenir dans ma mémoire toujours aussi confuse (un de ces quatre il faudra que je tente d’analyser les troubles récurrents de ma mémoire, psy-machinchose range ton portefeuille, c’est la mienne !), pathétique cette image où il tient le bout du comptoir à la Conso, entouré de sa garde rapprochée, entre deux attaques du GAL, un verre de Montilla à la main. J’interprète son regard dans le mien comme animé par la haine, et moi je baisse les yeux. Ça serait vraiment très long à expliquer tout ça, tout ces sentiment contradictoires qui m’habitaient alors et me visitent encore cycliquement. Lui, le député de Herri Batasuna, il était bien entendu une cible de choix pour les tueurs appointés par le terrorisme d’État. Moi aussi, à l’époque, j’étais menacé par ces mêmes porte-flingues, tout du moins me le figurais-je en faisant quotidiennement et paranoïaquement le tour de mon véhicule chaque fois avant d’y monter. Nous participions ensemble aux mêmes manifestations de dénonciations, aux mêmes obsèques à répétition. Pour les ennemis du peuple basque, nous figurions sur la même liste des gêneurs à abattre, lui en tête, moi en queue, mais au-dessus de sa moustache-barricade, ses yeux me mitraillaient chaque fois qu’ils me voyaient. Les miens l’ont-ils aussi mitraillé par défi et par dépit, je ne le sais plus ? Peut-être. Qu’importe ! Il est décédé ce vendredi 3 juin sans que je n’aie jamais eu la chance de lui serrer la main.
Cette année, manifestement, j’ai un réel problème avec mes deuils. Je ne sais pas les identifier. D’aucuns penseraient que je fais ici le deuil de ma jeunesse perdue ou de mes idées politiques patriotiques et basques… et révolutionnaires… et rouges, oui, et rouges. Que nenni. Le rouge c’est aussi la couleur des enragés et le plébéien bleu est aujourd’hui tout rouge de cette rage qui lui donne si bon teint. Oui, j’enrage parce que Jon Idigoras est mort, et le peuple basque est bien loin d’être libéré, émancipé, autodéterminé, indépendant, ou comme on voudra, mais je crains que les choses n’aient guère avancé politiquement en Pays basque ces vingt dernières années. La déchirure au sein de notre peuple est plus large que jamais, les plaies encore plus profondes et nombreuses, le peuple espagnol nous hait comme jamais et les Français nous ignorent de plus en plus ostensiblement, ou alors si ils ne nous ignorent pas, ils font comme les Espagnols, ils nous haïssent.
J’enrage d’impuissance. Même entre Basques nous continuons à nous entre-haïr et pas souvent cordialement. Là non plus, les choses n’ont pas avancé. Et j’ai même peur que des dizaines de milliers d’Idigoras mitraillent encore du regard des dizaines de milliers d’anti-Idigoras qui le leur rendent bien. Et même dans le dos, comme des lâches, eux… Et pire encore que tout, je me dis que ce sont finalement tous ces milliers de deuils virtuels qui ont obscurci et obscurcissent toujours et peut-être encore pour des décennies l’horizon si verdoyant du Pays basque des poètes. Putain, où ai-je foutu cette maudite gomme à déterrer les vivants, où ai-je mis cette volonté gramscienne d'optimisme qui seule sait tempérer le pessimisme de la raison, tout ça, patin couffin ? J’enrage. Ils étaient des centaines de milliers d’Espagnols à manifester à Madrid pour que l’on continue à bouffer du Basque ad vitam aeternam et jusqu’à ce que mort s’en suive. Et Idigoras est mort. Merde ! Y’en a marre !...
J’aurais bien bu un Montilla, mais on n’en trouve plus de ce côté-ci de la frontière. Désolant.
Le plébéien bleu
20:55 Publié dans digression, écrits sur fond bleu, politique | Lien permanent | Commentaires (3)