vendredi, 26 août 2005
Ils ont incendié l’astre des poètes
Et Armstrong n’aurait pas
marché sur la Lune
Voilà cinq mois que j’écris plus ou moins irrégulièrement sur ce si joli blog tout bleu, bleu comme la planète bleue, cette glèbe bleue commune à toutes les plèbes, y compris la plèbe basque ou bayonnaise, bien évidemment… Cinq mois de coups de gueule et de coups de cœur, cinq mois de digressions, d’essais sur la diversité de l’art ou du vulgaire, de petits délires person- nels parfois, cinq mois pendant lesquels j’ai osé une toujours incertaine exhibition des mots et des sentiments au travers de plusieurs tentatives littéraires ou poétiques, cinq mois et un jour exactement. Aujourd’hui, vendredi 26 août 2005, j’ose avouer, exhiber un gros coup de blues –passager, il faut l’espérer--, un gros bleu à l’âme, une sorte d’ecchymose cervicale, une es- pèce de tristesse majeure, un dégoût. Aujourd’hui, je cache ma langue toute bleue dans ma bouche, derrière mes dents qui sont tellement frustrées de ne pouvoir mordre, derrière mes lèvres en manque, en manque des lèvres de Mamour qui rentrera sûrement bien tard ce soir. Olivier Baratchart l’a affirmé, les taureaux qu’il vient d’aller chercher à Salamanque ne sont pas atteints par l’épidémie de la langue bleue, non transmissible à l’homme. Je n’irai jamais voir une de ses foutues corridas criminelles et sadiques, bien évidemment… mais j’ai quand même la langue toute bleue. La langue et les doigts. Mes doigts tout bleus sur le clavier tout noir, mes doigts révoltés qui se refusent à pianoter une musique d’ambiance, un refrain d’actualité plus que jamais catastrophique sur toutes les chaînes de radio, de télé, sur toutes les chaînes qui me paralysent. Des morts partout, des morts violentes, bien évi- demment, à tous les étages, jusqu’au dernier où l’on ne pourra pas identifier les cadavres carbonisés. Noirs sous le noir, Afrique sans le frique, en plein Paris. Au cœur de mon dégoût, le cœur au bord des lèvres, la tête à la fenêtre pour reprendre mon souffle, à Bayonne, depuis ma planète bleue à moi, je la vois tout de même encore cette Lune qui inspira, sous mon regard stupéfait d’enfant, un si grand pas pour l’humanité. Et je décide de penser à autre chose. De digresser pour oublier cet immeuble en flammes dans la nuit. Tous ces incendies, ces bombes de chair et d’os, tous ces barreaux n’existent pas, n’existent plus si on décide de ne pas en parler, si on choisit de parler d’autres choses, de tout autre chose, de «sport» par exemple…
Il y a quatre cent trente trois mois et six jours exactement, le 20 juillet 1969, Lance Armstrong n’était même pas encore né, mais peut-être y avait-il déjà des traces d’EPO dans les tes- ticules de son père. Peut-être pas. Tout le monde s’en fout. Mon père à moi ne se dopait pas pour aller monter ses murs à mains nues, des murs comme des murailles jusqu’au ciel à mes yeux de fils admiratif. Je n’en suis pas certain mais il me semble bien qu’il a participé à la construction de cette muraille sociale de la ZUP, à Bayonne. Cette muraille que l’on n’aperçoit tout de même pas depuis la Lune. Chaque fois que je passe devant elle, les souvenirs affluent, rien que les meilleurs, bien évidemment… C’était une nuit, une nuit d’été, nous venions de faire l’acquisition de notre premier poste de télévision, et j’étais fasciné, seul sur le canapé de la salle à manger, hypnotisé par la pâleur bleutée des images de cette retransmission en directe. En Pays basque c’était la nuit, alors que de l’autre côté de l’Atlantique il devait faire grand jour, grand jour pour la fierté impérialiste des «maîtres» du Monde, jour J de la conquête de l’espace par les Américains. Les Américains avaient eu la chance de voir ces images inoubliables commentées en direct par Robert Anson Heinlein et Arthur C. Clarke. Ce devait être encore plus génial. Ça, je l’ai appris bien plus tard, évidem- ment… L’ORTF avait dû faire appel à Pierre Dumayet ou Pierre Sabagh, ou à Léon Zitrone, je n’en sais foutre rien. Mon cerveau juvénile n’a conservé aucun souvenir de ce genre, l’émotion était sûrement beaucoup trop forte pour que je puisse me concentrer ne serait-ce qu’un instant sur un aspect tout à fait périphérique de l’événement. D’ailleurs, il y a peu, j’en ai parlé avec une amie. C’est elle qui m’a suggéré les noms des animateurs de Cinq colonnes à la Une.
Maintenant, avec le recul et l’érosion des années, je crois que j’aimerais pouvoir m’en souvenir, pouvoir mettre d’autres noms sur cet événement fondateur de ma différence. Identifier les témoins en quelque sorte, des témoins vivants, ça serait mieux. En fait, si j’écris cette étrange note, ce soir, c’est probablement dans l’espoir que quelqu’un, quelque part, sur la Lune peut-être si internet va jusque là, qu’un témoin de ce 20 juillet 1969 devant l’écran unique de la télévision française lira ces lignes et saura me répondre. Léon Zitrone ou ses collègues ont-ils menti ? Les hommes ont-ils réellement un jour, celui-ci ou un autre, posé le pied sur l’astre blême de tous les poèmes ? Neil Armstrong serait-il un imposteur, un affabulateur, ou carrément un mythe ? Une des constantes paternalistes de mon géniteur aura été de nier l’authenticité des images que nous donnait à croire la télévision (que penserait-il d’internet aujourd’hui, je doute fort que cette «modernité» lui apparaîtrait plus crédible), et des exemples pour fonder son incrédulité, il pouvait en citer à la pelle, mais il se contentait toujours du même. Comment pouvait-on croire des images qui nous montraient Fernandel bien vivant dans «La vache et le prisonnier» ou dans un autre film --peu importe, c’était toujours Fernandel qui nous servait de démonstration-- alors que mon père savait bien qu’il était mort ? Il ne fallait pas lui la faire ! Je me suis toujours demandé comment papa pouvait être aussi certain du décès de Fer- nandel… mais, bien évidemment, je n’ai jamais osé l’interroger à ce propos.
Cela fait cent cinquante cinq mois et vingt deux jours qu’il est mort. Non pas Fernandel mais mon père, ça j’en ai la preuve. Je l’ai vu de mes yeux, j’ai baisé de mes lèvres sa froideur ca- davérique. Maintenant il est retourné à la glèbe, la glèbe d’un cimetière avec vue sur l’océan, tout de même. Un jour, des maçons construiront de belles maisons sur cette colline. Un de ces maçons aura peut-être un fils déçu que son père ne veuille pas partager son rêve cosmique. Un jour où il ne sera plus du tout important pour moi de savoir si les hommes ont marché sur la Lune ou non. Ce jour-là le rêve ira bien plus loin encore j’espère… Mais, ce soir, cette triste soirée du vendredi 26 août 2005, dans les décombres fumants d’un immeuble de misère, des larmes transparentes effacent mes futiles digressions. Il doit hurler son incrédulité, ce petit garçon qui a perdu ses parents la nuit dernière. À quoi bon s’en aller frimer dans le ciel alors qu’on n’a plus de toit sur la tête ! Lance Armstrong, quant à lui, il peut bien s’en aller gagner le Tour de la Lune, avec ou sans EPO, à l'angle du boulevard Vincent-Auriol et de la rue Edmond-Flamand tout le monde s’en fout !
Le plébéien bleu
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samedi, 20 août 2005
Du passé je me fais la boule à zéro
Ma coiffeuse
n’aime pas la pluie
Depuis la fin des fêtes de Bayonne et surtout suite à quelques commentaires sur le blog de Boris à propos du bilan «assumé» par le maire, je m’étais dit que, moi aussi, il faudrait que j’inter- roge mon coiffeur… ou plutôt ma coiffeuse. En fait c’était surtout une manière de me dire à moi-même qu’il ne fallait plus trop que je tarde, que les oreilles couvertes style Droopy ça ne sied guère à un plébéien même plus trop bleu. Ça m’énerve d’avoir les cheveux sur les oreilles, comme beaucoup d’autres choses en cette période d’ailleurs. Les vacances c’est énervant, à for- ce… Bref, je n’ai pas pris rendez-vous, comme d’hab’, j’ai juste posé la moto devant le salon, j’ai regardé au travers de la vitri- ne --une seule bonne femme la tête sous un casque feuilletant distraitement Gala tandis que je retirais le mien et y glissais mes gants— et j’ai dit bonjour à la dame en poussant la porte, bonjour mesdames, bonjour mademoiselle, pouvez-vous me couper les cheveux, là, maintenant, s’il vous plait, tout sourire, tout poli, tout quémandeur comme j’ai horreur de l’être. Elle m’a répondu par un sourire, poliment ou/et commercialement, la demoiselle que je ne reconnaissais pas comme ma coiffeuse habituelle (j’ai toujours aimé avoir des habitudes). Ce n’était pas Caroline… Elle m’a aussi répondu que, oui, c’était possible, elle me prendrait, d’ici dix minutes disons mais elle ne m’a rien dit à propos de ses fêtes de Bayonne à elle ou de celles de ses clients. Pas le moindre commentaire, ni en bien ni en mal et je me rappelle que, sur le moment, j’ai un peu bloqué. Mon sou- rire se crispant naturellement, avant de tourner les talons et de refranchir la porte pour aller acheter un journal quelconque à la librairie voisine, je me suis mangé les lèvres. J’avais trop envie de lui demander si elle était au courant pour le mort de la rue Daniel Argote, le premier soir des fêtes, si elle avait entendu quelque chose, si elle savait qui il était, comment il était mort, qui l’avait tué, assassiné peut-être, pourquoi et si même c’était tout simplement vrai qu’il y avait eu un mort à la sortie du bar des Amis… mais je n’ai rien dit de tel, j’ai juste répondu «à tout de suite», toujours en souriant, m’appliquant un peu à effacer ma crispation maladive.
Douze minutes plus tard j’étais de retour, le Canard enchaîné sous le bras et le boulet dans la gorge. Vous en avez vu beau- coup, des flics, dans les rues, durant les fêtes ? Vous les avez reconnus dans leur uniforme de «festayre» ?... Ces questions gravées sur mon front, personne n’aurait pu les lire, bien évi- demment, à cette heure. Une moche mèche m’hachait le visage alors que je déglutis péniblement en ravalant la question sui- vante, le prix prohibitif de la bière et de toutes les consom- mations d’ailleurs, l’interdiction de servir de l’alcool après deux heures, tout ça, j’aurais tant aimé savoir ce qu’elle en pensait, mais je lui ai demandé de me faire une coupe bien court partout et surtout autour des oreilles. Elle m’a invité à m’asseoir dans le fauteuil pour le shampoing, la demoiselle. «Asseyez-vous là monsieur, j’arrive, je finis madame et je suis à vous». Je me suis assis. La dame a fini de se consumer sous son cas- que. Et la demoiselle m’a prêté ses jolies petites mains douces de shampouineuse professionnelle --C’est à cause des ces fur- tifs instants de sensualité mousseuse et humide que, doréna- vant, je ne confie plus ma toison crânienne qu’à des femmes.
Sous mon crâne de moins en moins chevelu l’enquêteur, le «bloggeur journaliste» est resté bâillonné (hum, facile, mais pourquoi m’en serais-je abstenu ?). Aucune expression inves- tigatrice n’aura su franchir le mur lamentable de ma sauvage timidité. Quel gâchis ! J’écris de moins en moins et dans cette seule note que je trouve à rédiger en une semaine, plus la moindre information croustillante à offrir aux lecteurs du Plébéien bleu. Que du blabla, des perles en papier ou pire, virtuelles, du vide, juste des mots. Rien. Même pas une seule confirmation de ce qu’il serait si aisé d’inventer ! Juste l’aveu de ces questions qu’il me faudra bien, un jour, me décider à poser. À ma coiffeuse ou à n’importe qui. C’est elle qui m’a appris que Caroline ne travaillait plus là, que comme elle habitait dans les Landes, c’était mieux pour elle maintenant qu’elle coiffait dans un salon à Labenne, je crois. Je ne lui avais rien demandé, à la demoiselle, elle me parlait tout gentiment de tout et de rien, se satisfaisant de mes acquiescements polis, de la pluie et du beau temps, de ma moto, dehors, qui ne craignait rien, je n’avais pas à m’inquiéter car elle jetait régulièrement un œil dessus… Et moi pendant ce temps-là, la boule de plus en plus consciem- ment à zéro, je ressassais mes éternelles questions existen- tielles impossibles à formuler avec la bouche ouverte. Pourquoi ne pouvais-je plus les faire, ces fêtes de Bayonne ? Pourquoi me sentais-je si étranger à ces foules en rouge et blanc ? Pourquoi ces frénétiques libations de destruction massive me terrorisaient à ce point ? Pourquoi la foule me fait-elle peur ? Pourquoi la fête me fait-elle peur ? Pourquoi je n’ose plus demander pourquoi ? Y-a-t-il vraiment eu un mort, ce mercredi des fêtes de Bayonne, dans la rue, là, juste à côté de chez moi ? Est-il possible que quelqu’un invente une histoire pa- reille ? Moi je n’invente plus rien en ce moment et ça me rend un peu triste. Comment aurais-je pu lui parler de ça à la gen- tille demoiselle dont je ne connais même pas le prénom et qui m’a coupé les cheveux bien bien courts, devant-derrière et autour des oreilles ? Je me suis éveillé un instant de ma torpeur agoraphobe pour lui faire remarquer que les ciseaux avec les- quels elle me coupait les cheveux me paraissaient bien petits et elle m’a répondu, toujours souriante, que oui, j’avais probable- ment raison, elle penserait à s’en acheter des mieux, des plus grands et elle s’est tu un instant avant de reprendre le fil de ses commentaires : ça ne doit pas être cool de retrouver sa moto mouillée par la pluie le matin qu’elle a affirmé doctement tandis que mes pensées s’asséchaient de plus en plus dangereuse- ment…
Mes cheveux sont bien courts maintenant, j’en ai pour un bon moment ! Et dire qu’il y a quelques lustres je faisais, comme on dit, tous les jours des fêtes de Bayonne ! J’avais les cheveux bien plus longs, à l’époque.
Le plébéien bleu
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lundi, 15 août 2005
À la poursuite des poupées russes
Vacuité toi-même !
Je ne tenais pas particulièrement à le voir. J’étais même un peu étonné que Ramuntxo le programme à l’Atalante. En fait, pour- quoi étais-je étonné ? Vaste question quasi-existentielle pour moi, le cinéphile autoproclamé, pour le cinéma en général, pour les salles art et essais et pour mon ciné préféré en particulier. Cette question --que je n’ose ici formuler clairement-- s’inscrit peut-être dans une interprétation intuitive des propos qu’a tenu ici le programmateur passionné et passionnant sus-nommé... Mais je serais très probablement amené à en reparler, vite, la campagne pour les adhésions et ré-adhésions de l’association gestionnaire, Cinéma et Cultures, commence. Bon, bref, Les poupées russes, le film de Cédric Klapisch, je l’ai vu hier après-midi et j’ai vraiment, vraiment, beaucoup, beaucoup aimé.
Vala. C’est clair et net, presque concis. J’ai même adoré. Ouais, quasiment tout du long, j’ai pris beaucoup de plaisir. Peut-être, à un moment donné, je ne sais même plus quand exactement, ai-je eu une impression de longueur, furtivement, mais c’est très vite passé (25m x 25m x 250m), impression tout de suite diluée dans un éclat de rire que j’ai eu tant de plaisir à laisser fuser comme pour provoquer en exhibant sans retenue ma joie. Joie de vivre, je veux dire. Oui, la joie de vivre, c’est de ça dont il s’agit dans cette quête permanente de l’amour à l’inté- rieur de l’amour qui cache l’amour en attendant (espérant) le prochain (pourvu que ce ne soit pas le dernier !... et en même temps, pourvu que ce soit LUI, le Vrai, l’Entier, l’Absolu, l’Amour de ma Vie !), l’amour suivant qui n’efface pas le précédent mais qui se trouvait à l’intérieur, le suivant à l’intérieur du précédent comme dans une bien étrange poursuite gigogne. Le Xavier interprété par Romain Duris, je l’ai trouvé tout ce qu’il y a de plus euphorisant avec ses 30 ans qui sont là, juste au bout de cette rue trop droite, trop carrée, trop perpendiculaire, trop symétrique, trop académique, fasciné par la démarche chalou- pée de la plus belle fille du monde. Non, je ne vais pas raconter le film même si j’en meurs d’envie, histoire de retrouver la ba- nane que m’aura offerte Isabelle (interprétée par la géniale Cécile de France) et la dévorer à nouveau par les deux bouts en même temps. à pleine dents comme on mord dans la vie parce qu’un chiffre inscrit à rebours sur une échelle nous fait flipper. C’est immanquable, obli-ga-toire, tout le monde flippe de se voir, de se savoir vieillissant. Et là moi j’ai pris un grand bol de cette vie qui anime les maxillaires, désengorge la glotte et remplit les poumons. Je ne suis vraiment pas du genre à bouder mon plaisir et quand je suis VRAIMENT content… eh bien je pourrais mordre ceux qui veulent gâcher mon plaisir, ma joie. Ouais, je pourrais mordre Jean-Marc Lalanne, critique ci- néma aux Inrockuptibles et Emmanuel Burdeau, son homologue des Cahiers du Cinéma. Bon, OK, c’est un peu facile de vouloir se défouler ainsi mais la facilité n’effraie pas un plébéien bleu et puis ces in-disants culturels mériteraient bien un de ces jours d’être jetés en pâture à une populace déchaînée après la dé- faite de Zinédine Zidane face à Yannick Noah par exemple. C’est juste un exemple, il pourrait bien y avoir un million d’au- tres raisons de condamner les pseudo alibis intellectuels de notre cinéma intelligent à nous qu’on a : leur propre vacuité par exemple… ou leur non-existence tout simplement. Vala. Ça fait du bien à mon ulcère… N’empèche que c’est vachement beau St Pétersbourg !
13:10 Publié dans Cinéma, digression | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 11 août 2005
La string-attitude
Lui fera fermer sa bouche
Bon, ce n’est vraiment pas mon truc de causer de mode : cet aveu soudain n’étonnera pas grand monde parmi les lecteurs réguliers de ce si joli blog tout bleu… et, tout au contraire, surprendra grande- ment voire subjuguera carré- ment l’ensemble des habitants de mon petit univers si clos d’amitiés sincères. Qu’est-ce qui te prend donc de vouloir ainsi te justifier alors que personne n’a jamais eu l’idée de te brancher sur le sujet de la «fashion victim» ? Hein ! qu’il me dirait Louis*. Mouais, t’es encore démodé, ringard et même pas positif du tout en te figurant être compris par quiconque avec tes jeux de mots à la con ! qu’elle me cracherait poliment au visage, la Sandra** si elle ne se baladait pas présentement en montagne et sous les orages. Bref, je n’ai jamais aimé le string. Ni féminin et encore moins masculin. Je trouve ces bouts de tis- su ou de ficelles parfaitement ridicules. Ridicules et laids. Laids et anti-érotiques. Anti tout court. Anti… mais alors juste un poil trop court, ce poil trop court qui rend l’individu sexué ridicule quand il se veut sexy. Mais, bon, après tout, ce n’est qu’un avis. Le mien. Je n’ai jamais osé faire de réflexions à quiconque con- cernant son string (hum, je sais, il se trouvera forcément quelqu’un pour m’accuser ou me démentir, mais peu importe, là n’est pas le réel objet de cette note). Je ne me le permettrais pas. Non. Sur la plage ou n’importe où ailleurs, très franche- ment, je me vois mal reprocher à mes contemporains de ne pas partager mon sens aigu du ridicule. Ou mes critères du «sexy-attitude», c’est selon, ou vice ou versa. Aucune notion de vertu ou de moralisme ou d’éthique ou de je ne sais quoi à im- poser, ces sentiments me sembleront toujours antinomiques quand je cause de bouts de chiffons ou d’absence de chiffons… Tiens, là je pense en particulier à cette «mode» que je trouve superlativement ridicule et déjà vieille d’au moins un lustre consistant, pour une jeune fille (c’est incommensurablement plus ridicule encore si la jeune fille en question a dépassé l’âge de fréquenter un lycée en tant qu’élève), à exhiber la ficelle ho- rizontale et rectale de son string juste au-dessus de la lisière de son pantalon à taille ultra-basse et jambes éléphantesques. Le top du ridicule étant à mes yeux atteint quand, en sus, la sus-dite demoiselle exhibe dans le même temps et sur ses reins, un large tatouage «tribal». À ce spectacle navrant, je plonge cha- que fois dans le même abîme d’incompréhension, ce même sentiment d’isolement sensoriel extrême m’envahit tout à coup et je me mets à rêver à haute voix de culottes taille basse sous des jean’s moulant, ou mieux encore, sous une jolie et si légère robe à fleurs volant au vent fripon, tout ça, sur le pont, pas de culotte du tout, un oubli, une omission, une coquinerie des plus féminine… mais je m’égare, je me perds, je me damne !... Ça n’existe plus des jeunes filles innocemment aguicheuses, d’ail- leurs, c’est Jean Grenet lui-même qui l’a dit. Les jeunes filles qui choisissent et peaufinent leur vêture moderne du dessus jusqu’au dessous avec le plus parfait ridicule mais aussi parfois animées par la secrète motivation d’aguicher une jeune gente masculine forcément en rut ou tout simplement avinée (à grands coups de «botellons»), ces jeunes filles, disais-je, ou plutôt dit-il, ne peuvent plus être innocentes (a contrario de leurs mères ou grands mères qui dansaient jambes nues et tou- jours innocemment sur les ponts d’Avignon, de Bayonne ou de Pentecôte) et donc, il ne faut pas s’étonner si….
Ouais, il l’a dit ! Il a osé le dire. J’ai envie de mordre. Il ne l’a pas seulement pensé dans son for intérieur et ravalé sa libido démoniaque du midi de la vie, il l’a dit. J’ai envie de hurler. Et même répété devant des journalistes. J’ai besoin de le hurler par la fenêtre à tout Bayonne. Moi, avec ces histoires de petites culottes, je déconne. Je délire juste, je taquine, je provoque un peu, je tente d’aguicher, quoi ! Un mec censé et respectueux de la féminité au même titre que de sa propre masculinité, un mec comme le plébéien bleu par exemple, eh bien, il a le droit de déconner avec les histoires de petites culottes… mais jamais il n’évoquera le viol comme une «chance». Je le hurle. On n’a pas le droit de dire ou même de penser des trucs pareils. C’est trop grave. C’est un crime, le viol. Hurle. Le criminel n’aura jamais aucune excuse, et la victime aucune part de culpabilité. Une barrière infranchissable les séparera toujours, celle de l’acte, celle du passage à l’acte, celle du crime. Et là, je ne pense pas exagérer si je prétends qu’avec de tels propos tenus en tant que responsable politique élu, Jean Grenet se rend quelque part complice des crimes à venir. Je suis sûr qu’il m’entend là, à l’autre bout de la ville.
Il aura fallu ce grave "dérapage" verbal pour me réveiller quel- que peu de ma léthargie estivale tout autant que post-fêtes de Bayonne que j’ai, disons le, pratiquement boycottées intégrale- ment à titre tout ce qu’il y a de plus personnel et inorganisé. Il aura fallu ce "on a plus de chance de se faire violer" pour me mettre en colère. C’est un pote bloggeur qui m’a refilée l’idée, et si on se débarrassait tous de ces foutus bouts de chiffons qui chatouillent même pas entre les yeux, et si on lui remplissait sa bouche de tous ces strings «appeleurs de crimes» afin de le fai- re taire définitivement devant les micros des journalistes. Oyez- oyez, populace bayonnaise et visiteurs du soir, ayons donc tous pour une fois et spontanément une attitude citoyenne et res- ponsable : la string-attitude !
Ça me fait vraiment drôle de me la jouer comme ça style «ap- pel au peuple» surtout que là, je repense à ces ridicules jeunes filles avec leurs pantalons à la mode d’il y a un lustre et je me dis que, parfois, quand elles se retournent, c’est tout de même bien mimi ce petit bijou dans leur nombril, hum-hum, mais je m’égare encore.
*Louis n’est bien évidemment pas son véritable prénom, pfff.
** Sandra non plus, mais n’empêche que je suis tout de même inquiet à propos des orages en montagne.
23:30 Publié dans digression, politique | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 29 juillet 2005
Mais que fait donc N.S.* ?
Nous allons tous mourir
entre 2010 et 2015
À quinze jours d’intervalle, cela fait donc deux fois que la «va- che folle» vient paître dans les pâturages emmêlés de mon esprit d’éternel inquiet et me faire ainsi ruminer des idées tou- tes plus noires les unes que les autres. La première fois c’était durant le festival de la Ruée au Jazz à Bayonne, le samedi après-midi, place Lacarre, la lecture faite par les comédiens du Klinish Bewezen de la géniale pièce de Gérard Gélas, «The beautiful vache folle». Et la seconde fois, c’était hier après-midi, à Contis…
«Le secret des dieux», c’est le titre éloquent du faux docu- mentaire d’Olivier Magis qui a remporté plusieurs prix dans des festivals de courts-métrages. Je dis faux documentaire mainte- nant car je l’ai lu sur certains sites internet. Maintenant je fais mon savant, celui qui avait bien sûr tout compris mais, en fait, jusqu’à tout à l’heure encore, j’avais complètement marché dans l’astucieuse manipulation des images d’information, la panique s’était d’autant mieux emparée de moi que j’ai quelque peu tendance à la cultiver naturellement, la panique générée par ma parano je veux dire. Et là, quoique cela ne serve à rien de paniquer dans ce cas et que le «pic» du génocide que ne manquera pas d’occasionner sur l’occident minuscule le prion dévastateur de l'encéphalopathie spongiforme bovine qui, transmis à l’homme prend le doux nom de maladie neuro-machinchose de Creutzfeldt-Jakob, «pic» donc qui ne devrait pas avoir lieu avant 2010-2015 mais, bien entendu, dans le plus grand des total secrets absolus. Donc. Oui, donc, il est vain et entièrement déraisonnable de paniquer pour une telle incer- titude quant au nombre de centaines de milliers de victimes prévisibles. Là je me refuse à user du conditionnel car, bien que faux, le documentaire de ce jeune Belge impertinent me fait toutefois prendre conscience de deux réalités incontestables : 1° cette saloperie de prion peut se transmettre de quantités de manières, je ne vais pas en dresser la liste exhaustive afin de ne pas me faire le complice d’une nouvelle tourmente média- tique que nos responsables politiques et économiques auront une nouvelle fois toutes les peines du monde à faire retomber (Dutrou est depuis longtemps en prison et pas prêt d’en sortir, et les affaires de mœurs semblent malheureusement faire un peu moins recettes) ; 2° des millions et des millions de person- nes ont du ingurgiter cette saloperie d’une façon ou d’une autre avant même que n’éclate le scandale et que les premières me- sures de salubrité publique soient prises un peu efficacement.
Bon, OK, j’ai choisi un titre excessivement alarmiste pour cette note, mais si je ne le fais pas, hein, qui va le faire ? Appa- remment, à l’heure de la guerre des civilisations, de la «vache folle» tout le monde s’en fout. Une panique chasse l’autre, c’est pratique, la chasse mais n’en fait surtout pas disparaître l’origine ni n’en solutionne le moins du monde les causes qui auront immanquablement des conséquences mortelles pour des milliers et des milliers de gens. Où en sont les recherches sur les vac- cins où je ne sais quoi qui sera indispensable pour justement éviter ce que le silence actuel ne semble pas pouvoir quand même éviter, hein ? Qui s’en occupe ? Qui paie les recherches ? Combien de victimes sont déjà à déplorer ? Apparemment, plus aucune comptabilité n’est tenue, ni chez les bovins (officielle- ment, je veux dire), ni chez les humains. Avec un brin de mauvaise foi je m’autorise à souligner qu’il semblerait que les derniers cas d’ESB relevés l’auraient été aux USA. Mais je vous jure que ce n’est pas CNN qui me l’a dit, ni TF1, ni France télévision, ni aucun média « essentiel », faut vraiment la chercher, l’info. Et encore, parfois, même en cherchant, eh bien il est tout simplement impossible d’atteindre à la vérité. Bref, là, aujourd’hui, en songeant à mes céphalées de plus en plus fréquentes, à mes sautes d’humeur et à d’autres trucs que j’ai déjà oubliés, je me dis qu’il n’y a aucune raison, a priori, que je sois rassuré sur mon avenir au-delà du «pic». Putain, là, c’est sérieux, je panique, trouvez-le vite ce foutu vaccin qui me sauvera, moi et peut-être aussi Mamour qui, quoique bien peu carnassière et ne portant aucun implant dentaire n’en était pas moins gourmande de desserts gélatineux, sommes en danger de mort.
On veut des infos, et du sérieux, et pas simplement être rassurés. Et là je ne déconne pas.
Le plébéien bleu de terreur
*N.S. sont les initiales de l'"innommable**".
** Il est inscrit dans le destin de tout plébéien bleu d'assassiner au moins un "innommable" dans son existence. J'en recauserai une autre fois...
19:25 Publié dans digression | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 06 juillet 2005
C’est à Ba-ba, c’est à Yo-yo...
C'est à Neu-neu, c'est à Bayonne :
Bayonne élue à l’unanimité
des plébéiens bleus
pour accueillir
les Jeux Olympiques 2012
Grand OUF de soulagement ce midi à 13 h 49 : ce sera donc Bayonne, plus précisément un des quartiers Nord les plus hup- pés, London, qui accueillera la XXXème édition des olympiades dites modernes. J’avoue très franchement et sans plus aucune pudeur stylistique que j’étais carrément bleu de terreur au mo- ment où le président du CIO, en direct devant plusieurs millions de journalistes hystériques, Jacques Rogge a décacheté l’enve- loppe contenant le nom de la ville élue par les Maîtres du Monde et de ses anneaux de couleurs. C’est à Ba-ba… c’est à Yo-yo… c’est à Neu-neu a-t-il ânonné, m’arrachant un cri de joie et de résurrection tout autant mêlés que tonitruants. Oui, plus l’éché- ance approchait, plus je sentais monter en moi l’évidence des sept années de malheur que signifierait pour la tribu des plé- béiens bleus la désignation de Paris... Paris se rhabille présen- tement, les paillettes et les confetti seront bien vite balayés alors que moi je mets la dernière main à l’arc de triomphe que j’ai improvisé, Argote street, pour célébrer comme il se doit le salvateur événement.
Il m’aura fallu près de trois heures pour redescendre de mon petit nuage, grâce à Jacques Chirac, je ne serai pas tout de suite obligé de prendre le maquis ou contraint de vendre mon âme à coca-cola ou à mac’do. Oui, c’est Mamour qui me l’a dit, je pou- vais la remercier, remercier les 82 % d’électeurs français qui avaient voté pour Jacques Chirac en 2002. Alors merci Mamour, merci d’avoir supporté ma surtension de toutes ces dernières heures. Merci les Jacques, Rogge et Chirac, merci les Pierre et les Paul aussi, merci le Tour de France qui saura bien vite con- soler les 87 % de Français qui « souhaitaient » ces J.O. à Paris plutôt qu’à Bayonne. Ils m’auront sans nul doute sauvé la vie. En 1998, déjà, par la simple faute d’une allergie au Mondial de foot-ball j’avais été lapidé par ma famille même. D’ici 2012, j’avais 7 années, près de 2600 jours pour me faire écorcher vif, trucider, assassiner deux mille six cent fois. OUF ! Ce n’est probablement que partie remise, mais tant qu’il y a de la vie, y’a de l’espoir… et l’essentiel c’est de participer, non ?
Le plébéien bleu-blanc-beurre
PS. Jean Grenet écourtera-t-il ses vacances en Corse pour venir fêter à Bayonne Nord, comme il se doit cette joyeuse victoire de la Plèbe bayonnaise sur le parisianisme olymfric ?...
Le pape de Livinhac est également cordialement invité, bien en- tendu, à venir "bénir" nos réjouissances à Argote street !
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vendredi, 01 juillet 2005
Bayonne candidat aux JO 2012 ?
Xabi LXIII pape à Livinhac
À cinq jours de la désignation du candidat gagnant l'accueil des jeux olympiques 2012 par les cent vingt membres du CIO à Sin- gapour et comme ce vendredi 1er juillet était aussi la date prévue pour notre débri- efing de la fête des langues à Decazeville, là je repense à certains très bons moments du week-end dernier. Tout se bouscule en- core dans ma tête, les souvenirs trinquent joyeusement à la santé de l’amitié et une curieuse confidence de Xabi fait en quelque sorte le joint avec cette actualité. Je ne sais plus où nous étions précisément, rien que les deux ou avec le commando basque au complet, peu importe. Je ne sais pas comment on en vient comme ça à évoquer le principal traumatisme de son enfance. Souvent, ça doit être pour faire naître une relation compassionnelle ou plus simplement pour faire son intéressant. Bon, là, évidemment, en me racontant ce truc, Xabi, il faisait son intéressant, son athlète champion olympique du traumatisme et de la mémoire. Ce truc, c’était un 1er juillet aussi, en 1963. Ça devait se passer à De- cazeville ou à Livinhac, chez la grand-mère de Xabi, peut-être à l’heure du repas familial en écoutant les infos à la radio ou à la télé. La veille, à Rome, le pape Jean XXIII venait de mourir et les cardinaux de l’Église catholique étaient donc tous réunis en conclave afin de désigner son futur saint-père-successeur. C’est ce que devaient raconter, sans nul doute, l’ensemble des jour- nalistes sur toutes les chaînes de radio et La Chaîne de télévi- sion (tiens, à propos, je trouve assez juste de parler de chaîne même si le maillon est unique, mais, bon, le rapport avec l’olympisme est là plutôt alambiqué, j’avoue…). Et le petit Xabi de 5 ans d’âge à la sensibilité déjà exacerbée ne manqua pas d’être ému tout autant qu’interloqué par cette information. Tous les gamins de 5 ans ne sont pas aussi curieux, j’en connais mê- me qui se foutent du pape comme de l’an 40, mais Xabi n’était pas de ce bois-là, Xabi a toujours été (du moins depuis qu’il tra- vaille à la Ville de Bayonne) un inquiet. Et comme on ne s’im- provise pas inquiet, ni journaliste d’ailleurs, notre Xabi de 5 ans d’âge interrogea sa grand-mère, cet historique 1er juillet 1963, posant la seule question qu’aucun journaliste d’aucune chaîne n’avait su pour lors formuler : «Mami, cékikiva être le prochain pape ? Faut quoi pour être pape ? Tout le monde il peut être pape ?». On imagine la tension autour de la table familiale.
En début d’été, comme ça, parfois, j’ai de ces délires complè- tement flippants. Je me dis que la candidature de Paris n’a vrai- ment pas la moindre chance d’être retenue. Ça serait vraiment trop drôle, avec Chirac comme VRP en chef, c’est invendable. Et puis Madrid, pas mieux, le 11 mars, les menaces concrètes d’ETA… vraiment aucune chance non plus. Il n’y aurait que Lon- dres pour faire un peu d’ombre à Bayonne. Très peu. Mais on ne sait jamais, Xabi n’est toujours pas pape, alors… Croisons les doigts, verdict le 6 juillet, nous serons déjà en rouge et blanc pour l’ouverture des San Fermin.
Le plébéien bleu et blanc
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Plaisir décence à la station service
Virginie, tu vas
au ciné en bagnole ?
Une station service anonyme en Allemagne, la couleur jaune me dit quelque chose mais il n’y a pas de nom de marque sur les pompes… mais en fond, par contre, on distingue bien le sigle et la marque du pétrolier Shell sur le camion citerne qui passe, par hasard, c’est presque du subliminal, juste au moment où Fanny, l’héroïne des Yeux clairs, le très joli film de Jérôme Bonnell, est en train de faire le plein de sa voiture. Enfin, plutôt la voiture de son frère qu’elle a empruntée… mais cela n’a au- cune importance, je ne veux pas parler du film ni de cinéma pour l’heure mais de cette station service où est arrêtée Na- thalie Boutefeu. En général, dans les films, les réalisateurs montrent très ostensiblement l’habillage des stations services afin que le spectateur puisse identifier tout de suite la marque du pétrolier qui n’aura pas manqué, très certainement et en échange de ces quelques images diffusées sur grands écrans, de participer aux frais de production. C’est très distinctement et plusieurs fois que l’on aura l’occasion de lire le nom de la mar- que, sur la pompe, sur le pistolet ou à l’enseigne de la boutique où l’acteur sera censé s’acquitter de sa facture d’essence… dont on ignorera toujours le montant. Question à mille louis : dans quel film, français ou étranger, avez-vous pu lire le montant d’une livraison de carburant sur une pompe ?... Mince, je ne sais pas comment orthographier le ding-ding-ding du xylopho- ne, Word me le souligne tout en rouge. Bref, grâce à cette di- gression cinéphilique, j’en viens au sujet qui préoccupe le cito- yen consommateur que je suis, tout particulièrement en ce 1er juillet, date symbolique à laquelle, en France, on a coutume d’é- voquer les augmentations. Et pas seulement celle du Smic, mal- heureusement. Là je veux causer des augmentations specta- culaires des prix du gaz et du pétrole à la pompe. Bon, bien sûr, ces augmentations n’ont pas eu lieu du jour au lendemain, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet. De toutes façons, la plupart des stations sont fermées de nuit ou dotées d’automates 24h/24h, donc personne pour changer les prix cette nuit-là… ou alors ce sont des robots qui font le sale boulot… je ne sais pas… peut-être après tout. L’an prochain, je me mettrai à l’affût aux abords de la station du Leclerc, avec des jumelles de vue nocturne et je saurai. Je saurai qui est responsable de ces foutues augmentations qui me poussent à aller faire mon plein en Espagne.
Enfin, là je simplifie un peu, bien entendu. Je sais parfaitement que là c’est un autre problème, que les augmentations affectent proportionnellement les carburants en France comme en Espa- gne, que ce qui fait la différence de prix ce n’est pas l’augmen- tation mais la disparité des taxes. Disparité qui a pris un tour quasiment exponentiel depuis Maastricht, étonnant, non ! Mais, bon, je digresse à nouveau, je ne veux pas causer de cette dis- parité-là aujourd’hui : rien de neuf sous le soleil de l’unification européenne à ce chapitre. C’est juste la notion d’augmentation du prix de l’essence qui m’intéresse. Il y a je ne sais plus com- bien d’années mais sûrement un bon paquet, je devais encore être gamin, génétiquement parlant je veux dire, ouais c’était aux alentours de 1973, le premier «grand choc pétrolier», déjà à l’é- poque, on avait commencé à parler de prix plafond de l’essence, de prix maxi au-delà duquel les consommateurs à deux ou qua- tre roues décideraient immanquablement d’arrêter de consom- mer, ou alors s’amputeraient de leurs roues pour laisser repous- ser leurs jambes. On voit tout de suite très bien le lien existen- tiel entre la société de consommation et celle de l’automobile, vous me l’accorderez. Donc, dans cet ancien temps-là, déjà, on parlait de l’essence à 10 francs le litre. En même temps ça fai- sait très peur et ça semblait tout à fait impossible, irréaliste, comme dans un film d’horreur. Donc, en même temps, on culti- vait la classique et efficace terreur populaire du «on va man- quer» et en même temps on se disait que ça ne pourrait pas arriver, ou alors pas tant que nous serions vivants. Et après, hein, c’est plus pour nous, hein, on s’en fout. Pas notre problème ! Bref, l’essence à 10 balles ça nous causait, mais pas si clairement que ça finalement. Par rapport à notre pouvoir d’achat de l’époque, ça faisait vraiment trop. Trop peur et sûrement pas assez, quoique… Faudra un de ces quatre que je donne mon avis sur l’arme de la peur, l’arme de destruction massive des neurones absolue, mouais, un de ces quatre, j’en causerai… Quand le SP 95 sera à 1,50 euros à la pompe, c'est-à-dire approximativement les 10 balles fatidiques. Et c’est manifestement pour très bientôt si l’on en croit Virginie qui écrit sur le forum Le bar de la Côte (en un style copié-collé des plus alarmistes et militants à la fois). Bon, pour le très bientôt, là, Virginie, je veux bien te croire, quoique, c’est pas encore sûr, les Européens pourraient bien décider de recycler à leur compte l’idée jospinienne de la taxe flottante afin de réguler en même temps les cours du marché et la fameuse disparité dont je causais ci-dessus. Ils pourraient… si ils y voyaient un quelconque intérêt pour les compagnies pétrolières. Mais là, désolé, je ne vois pas.
Les Exxon-Mobil, BP et autres Total ou Shell se repaissent habituellement plus goulûment de la plus entièrement sauvage «libre concurrence». Ils se repaissent aussi bien des terreurs populaires du «on va manquer» que des optimistes inconscients du «on trouvera bien toujours une solution, faisons confiance au progrès et à la science». D’ailleurs ne sont-ce pas ces Maîtres du pétrole qui ont inventé l’ «horreur économique» ? Et n’est-ce pas Virginie qui se met à leur service en nous prenant pour des gogos ? Franchement, si je ne craignais pas que les pièges les plus grossiers soient souvent les plus efficaces, je me marrerais. Le «plan génial» pour lutter contre l’essence à 10 balles qu’elle nous propose n’exige pas le moindre effort de la part du citoyen consommateur de la Côte basque. Son truc à Virginie, c’est hyper simple (je n’ai pas dit simpliste, hein) : faire confiance aux marchés, les mécanismes régulateurs du marché sauront faire baisser les prix si, de Bayonne à Hendaye, nous décidons de boycotter les stations Esso et Shell. Ainsi, les deux plus grandes compagnies pétrolières au monde (Esso étant une filiale de Exxon-Mobil), avant de sombrer définitivement dans la faillite par la faute de nos réservoirs conséquemment remplis chez des concurrents (heu, disons Total par exemple), oui, les dirigeants de Shell et Exxon se concerteront immanquablement pour déci- der de baisser leurs marges et donc leurs prix à la pompe afin de nous reconquérir, nous, clients responsables qu’ils avaient un moment négligé de satisfaire pleinement. Merci Virginie de nous démonter une fois de plus combien nous pouvons vivre heureux dans cette société de consommation dont les consommateurs sont et demeureront à jamais les seuls Maîtres incontestables et incontestés. Bon, hum, à part que le message-chaîne que tu relaies ainsi du le forum de Cotebasque.net, ce n’est pas autre chose que de la pub indirecte pour Total ou BP. Rien d’autre. Aucun espoir de ce côté-là, malheureusement serais-je tenté d’ajouter (mais je résiste car je suis un citoyen conscient et mi- litant de l’écologie-sociale de père en fils). Le pire, Virginie, c’est que les plus grandes compagnies pétrolières au moooooonde ont déjà été moult fois dans le «rouge» et ce bien avant que n’ait débuté la campagne de boycott à laquelle tu participes avec tant d’allégresse. Et ça ne change rien aux cours du pétrole ni au prix à la pompe. Ça serait même très précisément le contraire. Quel- le engeance ! Vraiment on ne peut plus se fier à rien ! La régula- tion automatique des marchés, peau de balle on aura l’indécence à 10 balles. Vraiment, Virginie, je suis désolé de te dire ça aussi crûment, pour économiser sur notre facture d’essence seule la décence de l’économe sera efficiente : consommer moins, de moins en moins, et de moins en moins encore, car tout natu- rellement, un jour, du pétrole, il n’y en aura plus. Un jour. Bon, ça ne sera peut-être pas déjà pour le 1er juillet de l’an prochain. Sûrement pas, même. Je pense, j’espère… En attendant, sans t’affoler, mémère, prends plutôt ton vélo pour aller au cinoche… moi j’y vais à pieds, mais j’ai beaucoup de chance !
Le plébéien bleu pétrole
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