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Merci de nourrir les poissons en mon absence

lundi, 06 juin 2005

Mon Pays basque bisque rage !

Idigoras est mort,

pas moi !


D’une manière générale, le ouèbe se fout bien pas mal du Pays basque. Ce vendredi 3 juin, sur le ouèbe francophone, je n’ai trouvé que deux sites suisses pour rendre compte du décès de Jon Idigoras. Hormis, bien entendu, les sites basques engagés. Toute la France se fout bien des emphysèmes emportant à 69 ans les militants et patriotes basques ; à droite ou à gauche, en haut ou en bas, le citoyen internaute de langue française n’avait peut-être même jamais lu ou vu quoi que ce soit concernant cet homme à l’abord bourru mais chaleureux. En fait, très probablement, de ce côté-ci du «clavier azerty», je dois être le seul à avoir songé à mettre les drapeaux en berne en guise de deuil. J’espérerais bien un démenti, mais, malheureusement, il n’y en aura pas… Drôle d’idée tout de même que de se mettre en berne pour Jon Idigoras, que de se proclamer en deuil ou de décréter, heu, disons au moins trois quarts d’heure de bordel tonitruant mais respectueux en son honneur.

Le pire c’est que ça ne l’aurait même pas amusé, tout le contraire même, peut-être, je ne suis pas sûr… peut-être qu’en vieillissant, hum, je ne sais pas, peut-être ? Bref, ce n’est pas que je cultive une quelconque affection à l’adresse de Jon Idigoras maintenant que le voici mort, guère plus que de son vivant, mais encore sous l’émotion de l’annonce de sa disparition j’ai bien envie de l’inscrire à mon Panthéon privatif. Un Panthéon dont je n’avais encore jamais causé à quiconque, tout du moins en ces termes. Probablement parce que je n’avais pas même la conscience de sa possible existence. Peut-être n’est-il que furtif ? Ou virtuel ? Ça serait bien la mode ici ! Toujours est-il qu’il n’a qu’un seul étage et pas de vitrine, pas le moindre parking souterrain, ni catacombe, et surtout aucun ascenseur. L’échafaud n’est pas aboli dans la rancœur et la haine des anti-basques, alors gaffe. Mon Panthéon à moi que j’ai aujourd’hui, il est en rez-de-chaussée et sans même un toit à se mettre sur le cadavre. Quasi-pathétique. En fait, Jon Idigoras, je l’ai très peu connu personnellement. Et pas du tout intimement. Pour ceux qui ne le connaissent pas du tout, ni de près ni de loin, et je vous suppute majoritaires parmi les lecteurs du plébéien bleu, j’ai mis en liens quelques sites causant de lui, de sa vie, son œuvre, tout ça. La plupart sont en espagnol, désolé ! q:o/ Voilà… que disais-je ?

Oui, assez pathétique ce souvenir dans ma mémoire toujours aussi confuse (un de ces quatre il faudra que je tente d’analyser les troubles récurrents de ma mémoire, psy-machinchose range ton portefeuille, c’est la mienne !), pathétique cette image où il tient le bout du comptoir à la Conso, entouré de sa garde rapprochée, entre deux attaques du GAL, un verre de Montilla à la main. J’interprète son regard dans le mien comme animé par la haine, et moi je baisse les yeux. Ça serait vraiment très long à expliquer tout ça, tout ces sentiment contradictoires qui m’habitaient alors et me visitent encore cycliquement. Lui, le député de Herri Batasuna, il était bien entendu une cible de choix pour les tueurs appointés par le terrorisme d’État. Moi aussi, à l’époque, j’étais menacé par ces mêmes porte-flingues, tout du moins me le figurais-je en faisant quotidiennement et paranoïaquement le tour de mon véhicule chaque fois avant d’y monter. Nous participions ensemble aux mêmes manifestations de dénonciations, aux mêmes obsèques à répétition. Pour les ennemis du peuple basque, nous figurions sur la même liste des gêneurs à abattre, lui en tête, moi en queue, mais au-dessus de sa moustache-barricade, ses yeux me mitraillaient chaque fois qu’ils me voyaient. Les miens l’ont-ils aussi mitraillé par défi et par dépit, je ne le sais plus ? Peut-être. Qu’importe ! Il est décédé ce vendredi 3 juin sans que je n’aie jamais eu la chance de lui serrer la main.

Cette année, manifestement, j’ai un réel problème avec mes deuils. Je ne sais pas les identifier. D’aucuns penseraient que je fais ici le deuil de ma jeunesse perdue ou de mes idées politiques patriotiques et basques… et révolutionnaires… et rouges, oui, et rouges. Que nenni. Le rouge c’est aussi la couleur des enragés et le plébéien bleu est aujourd’hui tout rouge de cette rage qui lui donne si bon teint. Oui, j’enrage parce que Jon Idigoras est mort, et le peuple basque est bien loin d’être libéré, émancipé, autodéterminé, indépendant, ou comme on voudra, mais je crains que les choses n’aient guère avancé politiquement en Pays basque ces vingt dernières années. La déchirure au sein de notre peuple est plus large que jamais, les plaies encore plus profondes et nombreuses, le peuple espagnol nous hait comme jamais et les Français nous ignorent de plus en plus ostensiblement, ou alors si ils ne nous ignorent pas, ils font comme les Espagnols, ils nous haïssent.

J’enrage d’impuissance. Même entre Basques nous continuons à nous entre-haïr et pas souvent cordialement. Là non plus, les choses n’ont pas avancé. Et j’ai même peur que des dizaines de milliers d’Idigoras mitraillent encore du regard des dizaines de milliers d’anti-Idigoras qui le leur rendent bien. Et même dans le dos, comme des lâches, eux… Et pire encore que tout, je me dis que ce sont finalement tous ces milliers de deuils virtuels qui ont obscurci et obscurcissent toujours et peut-être encore pour des décennies l’horizon si verdoyant du Pays basque des poètes. Putain, où ai-je foutu cette maudite gomme à déterrer les vivants, où ai-je mis cette volonté gramscienne d'optimisme qui seule sait tempérer le pessimisme de la raison, tout ça, patin couffin ? J’enrage. Ils étaient des centaines de milliers d’Espagnols à manifester à Madrid pour que l’on continue à bouffer du Basque ad vitam aeternam et jusqu’à ce que mort s’en suive. Et Idigoras est mort. Merde ! Y’en a marre !...

J’aurais bien bu un Montilla, mais on n’en trouve plus de ce côté-ci de la frontière. Désolant.

Le plébéien bleu

dimanche, 29 mai 2005

On a gagné !

Georges W. Bush a perdu !

Giscard d'Estaing a perdu !

Tony Blair a perdu !

Jose L. Zapatero a perdu !

Silvio Berlusconi a perdu !

Gerhard Shroeder a perdu !

Jacques Chirac a perdu !

Le Baron Sellière a perdu !

Machinchose a perdu !

Compatissons ?


NON !


à 100 % chez les plébéiens bleus


22:25 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (6)

Une exclusivité sur fond bleu

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des votes exprimés en France, en ce dimanche 29 mai 2005, l'ont été en faveur du NON pour rejeter sans la moindre ambiguïté le projet de Traité établissant une Constitution pour l'Europe. A l'heure qu'il est nous ne pouvons encore rien prévoir de l'ampleur du séisme politique (du tsunami serais-je plutôt tenté de dire) qui secouera l'Hexagonie au lendemain de cet énorme sursaut républicain et social. Quelques bruits courent déjà pourtant. Des bruits de démission persistants concernant le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Des bruits de dissolution du côté du Palais Bourbon. Et même quelques bruits de coursive à propos de l'avenir de Jacques Chirac... Mais ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir entendu clamer en direct sur nos écrans plus trop catholiques la fureur de sa déconfiture (confiture de cerises, bein entendu)... Et quant à Daniel Cohn Bendit, il viendrait de s'étouffer avec un bretzel en forme de pavé soixante-huitard, les plus mortels parait-il.

à suivre...

Le plébéien bleu

16:30 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Après une semaine de réflexion

Le plébéien bleu

a voté !


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Après une semaine de vacances plutôt très très agréables en compagnie de Mamour et de quelques nouveaux amis, me voici de retour... et plus citoyen que jamais. Alors dès ce midi j'ai chevauché ma superbe Jument bleue afin d'aller accomplir mon devoir de citoyen en introduisant le bulletin "salvateur*" dans l'urne adéquate.
Dans la journée, bien avant les résultats officiels, je ne manquerai pas de donner à mes fidèles lecteurs et en exclusivité l'annonce de la victoire du Bien sur le Mal, du Bleu sur le Orange, du Beurre et l'Argent du Beurre sur le Fromage ou, éventuellement, le suspens est déjà insoutenable, du Non sur le Oui. A tout de suite, donc...

et très bien voté

même !



Le plébéien bleu

* Les oui-ouistes ne nous ont-ils pas prédit l'Apocalypse en cas de victoire du Non... Très franchement, on se demande pourquoi ils nous demandent notre avis alors !



13:30 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (1)

samedi, 21 mai 2005

Manif à Bayonne

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Plus de 300 personnes se sont rassemblées en fin d'après-midi pour manifester en couleurs leur refus du Traité établissant une Constitution pour l'Europe.

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photos "le plébéien bleu"

23:20 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 17 mai 2005

Collier de nouilles, le retour

TCE anti-européen

medium_collier_de_nouilles_europeen_2.jpgFinalement c'est trop important, je décide de rapatrier mon collier de nouilles européen sur mon si joli blog tout bleu. Une fois de plus grâce à rezo.net je suis tombé sur ce nouvel argumentaire : Témoignage d'un revenu du Oui. Apparemment, ce Thibaud de La Hosseraye existe bien, même si il ressemble quasi trait pour trait à la caricature que l'on est habitué à faire de l'intellectuel libéral raffariniste. En fait, peu importe qui il est vraiment, ce qui compte en l'occurrence c'est la teneur encore exclusive, il me semble, et à mon sens tout à fait irréfutable de son argumentation en faveur d'un "Non de raison". Si jusqu'alors je le pressentais bien, et cela fondait intrinséquement la détermination de mon vote Non, désormais je sais argumenter clairement pour exprimer la teneur carrément anti-européenne de cette Constitution qui nous est proposée. Afin de vous offrir un avant-goût de ce un peu long texte fondamentalement effrayant, je reproduis ici quelques extraits un peu au hasard mais pour le moins édifiants :

...4/ Sur le refus français de la Constitution de l’UE, il n’y a donc pas de différence entre Non de gauche et Non de droite (au moins européenne) alors qu’il y a une divergence radicale sur le fond entre oui de droite et de gauche (même si ce n’est plus la même droite –ni sans doute la même gauche) puisque la droite approuve le libéralisme tel que le normalise la Constitution alors que la gauche ne l'accepte et ne consent à le constitutionnaliser que dans la perspective de le corriger, compléter, détourner ou contourner, c'est-à-dire qu'avec beaucoup moins de cohérence que la droite, elle soutient ardemment une Constitution...dont elle nous assure déjà qu'elle fera tout pour en neutraliser l'orientation !

...7/ Les sociolibéraux du PS et des Verts ne cessent d’arguer de la Charte des droits fondamentaux pour y voir une protection contre toute « dérive ultralibérale » (puisqu'ils n’ont rien contre le libéralisme) alors qu’ils prétendent réduire la partie III, loi-cadre prédéterminant la politique économique et sociale de l’UE, à une simple synthèse récapitulative « pour mémoire » des traités antérieurs, sans véritable valeur constitutionnelle (même s’ils n’osent pas aller expressément jusqu’à cette contre-vérité, ils s’efforcent de la suggérer par des artifices rhétoriques). La vérité est inverse : la Charte n’a pas de valeur juridiquement contraignante puisque tout en s’inscrivant dans la Constitution, elle y inscrit en même temps la restriction explicite qu’aucun de ses articles ne saurait prévaloir, dans aucun des Etats membres, sur les pratiques institutionnelles de cet Etat (cf. II-111-2, II-112-4 et 5 et le préambule) (19). Au contraire, la partie III, elle, se présente elle-même comme absolument contraignante et elle est littéralement normative. Si elle est intégrée dans la Constitution, ce n’est donc pas comme un corps étranger (ce qui est le cas, en revanche, pour la Charte) mais bien en effet pour lier l'adoption de la Constitution à un engagement au respect des principes de l’idéologie libérale qu’elle explicite sans équivoque et des conséquences pratiques impliquées par ces principes et qu’elle détaille par le menu.

...10/ Ceux qui prétendent une renégociation de l’organisation actuelle de l’UE inenvisageable choisissent d’ores et déjà de ne pas se conformer à la volonté nationale et la trahissent déjà en affaiblissant d’avance leur propre Nation au cas où le Non l’emporterait puisqu’ils ne se voient que plaider coupables et contraints au profil bas pour toute éventuelle renégociation ultérieure. C'est exactement ce que l'on appelle une forfaiture, et ce, quelle que soit l'issue du scrutin.

...13/ Mais le premier argument à prendre en compte par ceux qui veulent vraiment l'Europe, qu'elle soit Union de Nations ou supra-nationale, c'est que tout en limitant le pouvoir des Nations, cette Constitution est d'abord anti-européenne : elle normalise un libre-échange interne identique entre les Etats-membres à celui de l’ensemble des Etats-membres avec le reste du monde et qui tend à ouvrir les frontières de l’Europe selon un mode strictement analogue à celui selon lequel elle ouvre les frontières de ses Etats-membres à l’« intérieur » de l’Europe. La sujétion économique des Nations à la logique libérale de l'Union n'a pour fonction que d'assujettir l'Union elle-même à un libre-échange mondial dans lequel ni son défaut de cohésion, économique aussi bien que politique, son refus normatif de toute stratégie planificatrice ou monétaire ne peut que la conduire à se dissoudre à vitesse accélérée pour le seul profit de détenteurs de capitaux d'origine et de destination indifférente (22). Tout se passe comme si nous n'assistions plus à une construction de l'Europe, mais à la programmation méthodique de sa dilution.

...16/ En définitive, cette Constitution n'a qu'une seule finalité, en laquelle réside en même temps son originalité absolue: c'est d'instituer, pour la première fois au monde, un contre-Droit (24). Elle le fait en élevant la concurrence au rang de principe normatif. Le Droit s'oppose à la loi du plus fort et à l'état de guerre perpétuelle où le plus fort ne cesse d'avoir à prouver qu'il l'est. Le contre-Droit de la concurrence dit au contraire : « Battez-vous, et que le plus fort gagne! ». Evidemment, pour gagner, le plus fort n'a aucun besoin d'aucun droit. En revanche, il a besoin qu'on ne lui oppose pas le Droit. Il lui faut donc un contre-Droit, un contre-feu au Droit, un droit qui s'oppose au Droit comme le contre-feu s'oppose au feu, en lui coupant l'herbe sous le pied. Le contre-Droit ne dit pas seulement que la guerre est un droit (rien d'original à cela, ni de contraire au Droit) ; il ne définit pas simplement des règles pour la pratique de la guerre (telles que celles de la Convention de Genève) ; il déclare l'exigibilité prioritaire de la guerre de tous contre tous...pour le meilleur profit de chacun (« Battez-vous, tuez vous...mais ne vous faîtes pas mal ! »).


Hum, alors, vous hésitez encore à aller voter Non ce dimanche 29 mai ?
Faites donc circuler cette argumentation, causez-en même à vos adversaires dans les repas de famille, ce n'est pas possible, ils ne peuvent pas gagner, le Non doit l'emporter.


Le plébéien bleu



12:05 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (6)

dimanche, 15 mai 2005

Référendum constitutionnel :

Cette bizarre campagne

par Serge Rivron

Cette campagne est bizarre, parce que dans un premier temps tout le monde s'accordait sur le fait que le texte soumis à notre suffrage était un mauvais texte, au moins dans sa forme, et souvent sur telle ou telle partie de son fond. La différence entre les tenants du oui et ceux du non était alors que les premiers répétaient à l'envi que si le texte était certes très imparfait, on s'emploierait dès que voté à le faire évoluer pour qu'il soit mieux, alors que les seconds affirmaient texte à l'appui que ce ne serait pas possible.
Cette campagne est bizarre, parce que les tenants du oui ne cessent à présent de dire que ce texte est excellent, qu'il est le résultat d'un tas d'heure de discussions très ouvertes et que le refuser est inenvisageable parce qu'on ne pourra jamais le rediscuter.
Cette campagne est bizarre parce que ce mauvais texte, qui devrait être au centre du débat puisque c'est sur lui qu'il va falloir se prononcer, sert à tout sauf à enrichir le débat : ceux qui le rejettent s'échinent à démolir les propositions qu'il avance sans être d'accord sur celles qu'il faudrait lui opposer, et ceux qui le soutiennent n'ont d'autres justifications que de s'évertuer à lui faire dire autre chose voire l'inverse que ce qu'il dit.
Cette campagne est bizarre : le texte à ratifier compte plus de 500 pages, et ceux qui l'ont écrit n'arrêtent pas de nous expliquer que seules les 60 premières sont à considérer. Alors pourquoi en ont-ils écrit 460 de plus ?
Cette campagne est bizarre. On voudrait croire que ceux qui défendent la Constitution, parce qu'ils l'aiment bien, aimeraient la lire, mais ils ne citent jamais précisément le moindre de ses articles, et s'empressent d'en empêcher ceux qui sont contre. On préfère nous passer des reportages pour expliquer que l'Union européenne a fait du beau boulot depuis 35 ans, ce dont personne ne semble disconvenir.
Cette campagne est bizarre : on se demande où est passé Philippe Seguin – que la médiature unanime avait, à l'époque du référendum pour Maastricht, élu leader charismatique du non. On se dit qu'il n'y a sans doute pas de leader charismatique du non cette fois-ci, alors qu'on se rappelle que pour Masstricht ç'avait été exactement la même pagaille dans le camp du non (et du oui, d'ailleurs) et qu'il n'y avait pas plus de raison qu'aujourd'hui de trouver dans cette pagaille un leader charismatique, mais qu'on l'avait quand même trouvé.
Cette campagne est bizarre, il n'y a pas non plus de leader charismatique dans le camp du oui, mais Jack Lang semble bien vouloir de ce rôle, puisque le Président de la République refuse de l'assumer et ne veut surtout pas que Nicolas Sarkozy s'en empare. Et on essaye de nous expliquer que le bordel est seulement dans le camp du non.
Cette campagne est bizarre. La voix de ceux qui sont pour ce texte a priorité absolue dans tous les grands médias, ceux qui expriment ce choix détiennent l'essentiel des postes de pouvoir depuis 25 ans, et ils n'arrivent pourtant pas à convaincre largement les Français de l'intelligence de leur point de vue.
Cette campagne est bizarre : on n'a aucune envie de porter au pouvoir ceux qui disent non, mais on n'a aucune confiance en ceux qui disent oui.
Cette campagne est bizarre : tout le monde accuse tout le monde d'en vouloir à l'Europe, mais personne ne paraît s'apercevoir que la Constitution proposée ne définit jamais ce que c'est que l'Europe.
Cette campagne est bizarre. Ceux qui se prononcent pour cette Constitution au prétexte de ses avancées démocratiques et sociales regrettent qu'elle ait été jetée en pâture au suffrage universel ; et ceux qui se prononcent pour le non au prétexte qu'elle n'est pas assez démocratique et pas assez sociale se revendiquent pour la plupart d'idéologies assez peu démocrates et pas très douées pour la prospérité des peuples.
Cette campagne est bizarre : les partisans du oui accusent ceux du non d'être frileux et peureux, mais ils ont peur que le non l'emporte parce qu'ils pensent que nous risquerions d'être mal jugés et mis au ban par les autres pays.
Cette campagne est bizarre. Ce texte que plus de 60 de ses propres articles nomment sans ambages la Constitution, est systématiquement appelé Traité par ceux qui l'approuvent lorsqu'ils expliquent à ceux qui redoutent son immuabilité une fois voté que ça n'est pas vrai du tout. Ils reprochent en revanche à ceux qui rejetteraient ce texte que ce serait une grande inconséquence que d'empêcher la Charte de droits fondamentaux d'être inscrite dans la Constitution, parce que cette inscription lui ferait gagner en respectabilité et garantirait sa durée.
Cette campagne est bizarre : les partisans du oui affirment que ce Traité pourra être modifié dès demain, mais il est selon eux inenvisageable de rediscuter le moindre article du projet en cas de victoire du non, parce que les 25 pays de l'Union ne pourront plus jamais se remettre d'accord.
Cette campagne est bizarre : les partisans du non sont jusqu'à 55% dans certains sondages. Or les médias semblent croire qu'ils soient très bien représentés par 4 à 5 leaders de partis politiques minuscules qui n'ont pas l'air de s'entendre du tout entre eux.
Cette campagne est bizarre : on nous dit sans arrêt que les 55% de Français qui s'apprêtent à dire non sont des vieux un peu trouillards et légèrement arriérés qui sont mal informés parce qu'ils habitent la province. Or je corresponds bien moins à ce profil que Jack Lang et même que Serge July, qui pourtant voteront oui, à ce qu'ils disent.
Cette campagne est bizarre : les ténors du oui anticipent comme une épouvante en cas de non le retour prévu au Traité de Nice qu'ils ont pourtant signé avec enthousiasme, quand les ténors du non qui l'ont toujours dénoncé sont prêts à faire avec encore un moment en attendant mieux.

Cette campagne est bizarre : malgré tout, elle pourrait bien finir par une victoire du oui.

11:25 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 01 mai 2005

Mensonge n° 3 :

La directive Bolkestein serait

impossible avec la Constitution


Qui dit cela ?

Les socialistes favorables au oui :
C’est au nom des raisons qui leur ont fait adopter le traité constitutionnel que les socialistes s’opposent à la directive Bolkestein. Cette directive est en effet contraire à de très nombreuses dispositions du traité constitutionnel. La directive dite Bolkestein est contestable au regard des dispositions nouvelles introduites par le Traité Constitutionnel.
En effet, on sait que ce projet de directive aurait pour résultat de mettre en concurrence les systèmes législatifs et conventionnels des Etats membres pour les activités de services qu’il vise à libéraliser. Et que cette mise en concurrence aurait sans nul doute pour effet de « tirer » vers le bas les protections sociales, le droit du travail, la protection des consommateurs, le droit à la santé, le droit à un environnement de qualité.
Aucune disposition de cette directive n’est en effet prévue :
- pour interdire la détérioration des conditions de vie et de travail des travailleurs, par exemple.
- pour rendre obligatoire une évolution des droits sociaux qui permettrait une amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs.
Inacceptable en soi, la directive Bolkestein est clairement contraire aux dispositions du traité Constitutionnel.

Pourquoi est-ce un mensonge ?

Tout simplement parce qu’il n’y a rien de nouveau dans la constitution qui s’oppose à la directive Bolkestein. Toutes les garanties qui seraient dans la constitution sont déjà dans le traité de Nice ou dans la charte des droits fondamentaux (voir mensonges n°2 et 5).
Donc, de deux choses l’une : ou la directive est déjà en contradiction avec les règles du traité de Nice et la charte des droits fondamentaux ou elle ne l’est pas.
Dans le premier cas qu’attendent tous ceux qui, tel M. Barnier, hurlent aujourd’hui contre une directive qu’ils ont approuvée hier, pour dénoncer son illégalité ?
Dans le cas contraire la constitution n’apportera rien de plus pour s’opposer à la directive Bolkestein.
D’ailleurs, monsieur Bolkestein est un chaud partisan de la constitution. Lui même n’y voit donc pas plus d’incompatibilité qu’avec l’actuel traité de Nice
En fait, quand on compare l’esprit de la directive Bolkestein et l’esprit de la Constitution Européenne, on trouve la même conception de l’harmonisation européenne qui doit se faire par la concurrence et le marché et surtout pas par la loi et la réglementation.
Le projet de directive Bolkestein est dans le droit-fil du projet de constitution et en est une excellente illustration. Il vise à libéraliser les services dans l’Union, en leur appliquant le principe du pays d’origine quant aux droits sociaux. Ainsi une agence de placement ou un cabinet de conseil pourraient établir leur siège social dans un pays à faible protection sociale et fournir leurs services en France par exemple sans avoir à respecter le droit à la sécurité sociale ou à la retraite. On a vu que l’article I-4-1 et le préambule de la charte des droits fondamentaux en partie II réduisaient les libertés fondamentales à "la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux" (à quand une déclaration des droits de l’homme et des marchandises ?). Plus explicitement encore, dans la "sous section 3- Liberté de prestation des services", l’article III-144 dit que "dans le cadre de la présente sous-section, les restrictions à la libre prestation des services sont interdites à l’égard des ressortissants des États membres établis dans un État membre autre que celui du destinataire de la prestation". Les travailleurs peuvent circuler librement sans discrimination en ce qui concerne "l’emploi, la rémunération et les autres conditions de travail" (III-133). En revanche, dans cet article et ceux qui suivent, rien n’est dit sur la discrimination liée à la protection sociale des travailleurs. Le projet de traité affirme par ailleurs que l’Union Européenne s’en remet au marché pour "favoriser l’harmonisation des systèmes sociaux" (III-209), que toute harmonisation sociale entre États membres est explicitement exclue (III-210-2-a), et que les États membres s’efforcent de libéraliser les services "au-delà de la mesure qui est obligatoire" (III-148). Absolument rien ne s’oppose donc à la directive Bolkestein dans le projet de constitution, bien au contraire. D’ailleurs une autre directive "concernant l’accès aux marchés des services portuaires" est dans les tiroirs de la Commission, avec le même principe du pays d’origine...
La directive Bolkestein a aussi son complément avec la directive sur le temps de travail en préparation qui prévoit de porter la durée hebdomadaire du travail de 48 heures à 65 heures après accord écrit du salarié (sic), et de modifier la définition de la durée du travail pour distinguer «période de garde active» et «période de garde inactive», cette dernière étant exclue du temps de travail compté pour le salarié.


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