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Merci de nourrir les poissons en mon absence

mardi, 06 septembre 2005

Comment se loger décemment

près d’un office du tourisme ?

 

Le Pays basque n’est pas…

 

medium_le_pays_basque_n_est_pas_a_vendre_petit_.jpgLe jeudi 11 août dernier, un quidam ano- nyme aurait découvert, dans une pou- belle toute proche de l’office de tourisme de Bayonne, une bombe artisanale toute aussi anonyme mais, selon les sources officielles, bien peu explosive. Bon. L’évé- nement n’a rien de si extraordinaire que ça, même si… et même si… Des engins explosifs ou réputés tels faisant long feu, ce n’est pas chose rare en Pays basque nord, surtout ces dernières années. Il ar- rive même parfois, mais là beaucoup plus rarement, que ceux- ci fonctionnent et occasionnent des dégâts matériels. Ces der- niers temps, manifestement en lien avec une crise du logement sans précédent décuplée par un niveau de spéculation immo- bilière encore jamais atteint, plusieurs agences immobilières ainsi que des complexes hôteliers ou résidentiels ont été ciblés par les poseurs de bombes. Parfois avec succès. Mais encore jamais, tout du moins depuis (faudra que je vérifie) des lustres et des lustres, un office de tourisme n’avait été visé. Faudra que je vérifie aussi l’existence de poubelles publiques aux abords du bâtiment bayonnais visé par cet attentat car, il me semblait bien que, depuis fort longtemps déjà, il est devenu impossible de se débarrasser civiquement d’un papier dans la rue. Bref, pendant les quelques jours qui ont suivi cet évé- nement, le landernau médiatique côte basquais aura pas mal spéculé sur l’identité présumée de ses auteurs et, avec le recul que m’autorise le rythme aléatoire de mes écrits sur ce si joli blog tout bleu, quoique très moyennement influencé par cet air du temps-là, durant cette courte période où l’actualité est encore actuelle, j’ai également eu envie de savoir qui et quoi, et surtout à quelle stratégie politique il faut attribuer ce dépôt d’encombrant sur lequel enquête la cellule anti-terroriste du parquet de Paris, poil au quiqui.

Je ne vais pas citer l’organisation qui aurait téléphoniquement revendiqué (revendication que je crois tout à fait crédible, mais là n’est pas mon propos…) cette action en alertant les pompiers, mais juste souligner que le porte-parole de la ligue dissoute en question aurait conclu son avertissement par un impératif «le Pays basque n’est pas à vendre». Bon. Outre que ce slogan manque quelque peu de modernité à mon sens, à première vue, je trouve que la ligne stratégique d’une condamnation franche et déterminée de la spéculation immobilière perd en lisibilité ce qu’elle gagne en confusion en prenant pour cible un objectif matériel spécifiquement orienté sur la promotion touristique en général. En clair, un office de tourisme ne fait pas le même boulot qu’une agence immobilière. Et tous les boums n’ont pas le même sens. Bon. Ceci dit, il est vrai que quand on s’oppose à la marchandisation du Pays basque (ne suis-je pas moderne ?), cela ne concerne pas seulement le foncier ou l’immobilier, le label «Euskal Herria» recouvre tout, tout et même le reste, depuis le fromage de brebis à la confiture de cerises noires jusqu’aux «innovations» en provenance de la technopole Izarbel, en passant par les danses du groupe Luixa à Béhobie ou carrément les fêtes de Bayonne… À ce propos, et tant qu’à spéculer sur le sexe des poubelles piégées, il me semble qu’une telle stratégie symboliste aurait été renforcée dans son efficacité par une «explosion promotionnelle» AVANT les fêtes de Bayonne, juste quelques jours avant, disons une semaine, dans l’idéal. Mais je me fourvoie très certainement quant aux véritables motivations du ou de la ou des poseurs de bombe. À cause d’une toute petite difficulté de lisibilité je me mets à tout mélanger, à mettre tout sur le même plan, dans le même sac, le tourisme vert à la ferme et les golfs dix-huit trous avec vue imprenable sur les Pyrénées, les fonctionnaires impuissants de l’office HLM et les 95 kollabos d’Orpi, les gentils de Kukuxumusu et les mercantiles de 64, les corridas en août et le surf en février, le Musée basque de Bayonne et le Mac Drive de St Jean de Luz, le prix d’une bouteille d’Irouléguy et celui d’une cartouche de cigarettes à Dantxaria… les limites sont parfois bien confuses mais il faut toutefois bien comprendre que refuser de vendre son pays ne signifie nullement s’opposer à la marchandisation de son image identitaire. D’ailleurs, hein, cette frontière au milieu du Pays basque, nous les Basques, nous n’en voulons pas. Parfois je me trouve un peu cynique… et confus autant.

 

Ceux qui achètent et vendent le Pays basque

 

Toujours à propos de tourisme, de Pays basque à vendre ou à marchandiser, de 11 août et d’engin explosif, et afin d’illustrer ma conclusion provisoire sur le sujet, je prendrai nettement moins de précautions rhétoriques pour citer un «collègue» bloggeur bayonnais (le label «Euskal Herria» c’est aussi son satellite internétesque gros d’une toute petite dizaine de blogs répertoriés dans l’arrondissement de Bayonne), le seul à s’être permis un commentaire «à chaud», un certain Aitor je crois. Lui aussi c’est «le Pays basque n’est pas à vendre» qui l’aura fait réagir. Là s’affiche notre unique pixel de complicité, car moi, plébéien de condition et bleu de couleur, je ne me suis pas contenté de vouloir réagir, j’ai attendu, j’ai réfléchu et je n’ai écru qu’après avoir essayé de comprendre. Et maintenant je dois avouer que je n’ai pas tout compris. Bien sûr, quand Aitor répond au slogan de Pindar (signature utilisée par les premiers patriotes basques du nord à l’avoir popularisé, dans les années 70, à ma connaissance) par un tout aussi ridicule que méprisant «je croyais qu’il était déjà propriété française», il m’énerve gra- ve et c’est très exactement à la suite de cet énervage virtuel que j’ai finalement compris ce qui me semble devoir être l’es- sentiel de la motivation d’un aspirant saboteur d’office de tou- risme en Pays basque. Quand le bloggeur anonyme (pas moi, l’autre, bien évidemment) prétend tourner en ridicule le slogan patriotique au prétexte que tout le Pays basque serait déjà vendu à la France (et qui donc l’aurait vendu, qui, des noms ?), c’est avant tout et tout simplement pour nier l’existence d’une patrie des Basques. Voilà. Le Pays basque existe-t-il, a-t-il ja- mais existé, existera-t-il un beau jour ou un grand soir ? Là est la question, la vraie question, la seule question serais-je tenté d’exagérer en paraphrasant Shakespeare. Excusez du peu. Au passé comme au présent et au futur, ma réponse est sans am- biguïté OUI. Oui le Pays basque existe et non Aitor, tu n’es pas marrant, je ne dirai pas ce que je pense de ton acuité intellec- tuelle… poils aux aisselles. Bref, une question en entraînant une autre, j’y ai finalement pas mal réfléchi et, afin de m’adapter aux limites imposées par le format de mon si joli blog tout bleu, j’ai choisi de formuler personnellement ma réponse par la pluralité optionnelle d’un QCM.

 

Le Pays basque n’est pas…

(cliquez sur votre réponse)

1° ) à vendre.

2° ) à louer.

3° ) français.

4° ) ni espagnol.

5° ) béarnais.

6° ) bleu.

 

Le plébéien bleu butane

Misère et malheur préfèrent le noir

 

La colère aussi

 

Des dizaines de morts à Paris dans les incendies d’immeubles insalubres ou pour le moins vétustes, cette nuit du 29 au 30 août, et juste avant l’été aussi. Des centaines voire des milliers de victimes en Louisiane et à la Nouvelle Orléans, la nature se venge en inventant des catastrophes que seuls les hommes sa- vent fomenter. Des dizaines, des centaines de milliers de géno- cidés de la guerre économique sur tout un continent, la terre d’Afrique est noire. Noire, la même couleur que toutes ces victimes dont les corps se mettent à pourrir spontanément dans nos consciences, ces victimes d’une même et unique guerre mondialisée. Dans l’échelle dégringolante de victimisation, nos sociétés « occidentales » ont plus que jamais peur du noir. Être noir c’est toujours pire que tout. Le pire des malheurs, ici et maintenant plus qu’hier et dans l’œil du voisin, être noir signifie malheur, misère et mort. Les trois «M» de la haine. Et maintenant, comme toujours, dans nos boites à images toutes faites, dans nos boites à voix de son maître, dans nos boites à plus d’idées ronronne l’hypocrite compassion, cette compassion médiatique à grand spectacle formatée pour échanger des bons sentiments contre un aveu général d’impuissance. La machine continue à tourner, folle cette roue de l’infortune qui cherche et trouve ses coupables parmi les victimes.

L’«Innommable» est au premier rang, comme toujours, tous les spots sont pour lui, tous les micros lui sont tendus et il continue à distiller sa haine du noir : il faut raser les squatts, chartériser les mal-logés ou les délogés ; pour supprimer la misère et le malheur, chassons-les bien loin de chez nous, broyons les noirs, tous les noirs, les femmes et les enfants d’abord, et le bonheur, la confiance reviendront. La campagne électorale bât le beurre de l’argent et de toutes les peurs du noir, l’«In- nommable» se rendra sûrement au chevet de son mentor Jacot le Rictus, président de toutes les bananes par intérim, pour distraire sa cour flagorneuse, devant les caméras éblouies de tant d’humanité il mime un combat de boxe charentaise avec son ami de cent jours… et me reviennent en mémoire déjà ces mots de haine ordinaire, minables :

 

 

Déjà les boites se sont remises à jacasser. Les coupables, il faut des coupables, pas responsables mais coupables, les jeu- nes des banlieues sont les coupables. Le pire, le plus effrayant que nature, c’est qu’il s’agirait de filles, de jeunes filles, d’une simple dispute entre jeunes filles qui aboutit au nouveau drame. Mais ce n’est pas le même immeuble, on est plus à Paris là, ni au Val de Grace, on mélange les catastrophes dans le grand chaudron de l’information et le citoyen spectateur du premier étage fulmine contre les noirs, peu importe. On n’a pas précisé la couleur des jeunes filles, pour une fois, par pudeur (sont elles voilées ?), ou pour laisser un peu tourner sur son élan la roue folle de l’imaginaire populaire… ou alors parce qu’on n’a pas d’images à vomir on rajoute, sibyllin, qu’être français peut avoir des origines plurielles, et bleu, et blanc, et beurre, mais pas noires, ou alors loin, très loin, très exotique, très «y’a bon banania», et rassurez-vous, bonnes et moins bonnes gens, les coupables sont identifiés, l’«Innommable» saura bien les punir, nous en débarrasser.

Toutes les nuits les enfants ont peur

Je hais l’«Innommable». De plus en plus fort. Parce qu’il me fait de plus en plus peur. Il y a quelques semaines, par défi et par goût du «bon mot» j’avais affirmé, en tout petit comité, devant des amis, que mon destin, ou plutôt celui du plébéien bleu était de l’assassiner. Normalement, je ne suis pas quelqu’un qui croit à la destiné, mais j’aime le noir, la couleur noire, j’aime à dire que ma colère est noire et donc belle. Malheureusement je ne sais pas assassiner, faudrait peut-être que j’apprenne…

 

Le plébéien noir de colère

jeudi, 11 août 2005

La string-attitude

Lui fera fermer sa bouche

 

les strings rouges portent plainte contre le maire de BayonneBon, ce n’est vraiment pas mon truc de causer de mode : cet aveu soudain n’étonnera pas grand monde parmi les lecteurs réguliers de ce si joli blog tout bleu… et, tout au contraire, surprendra grande- ment voire subjuguera carré- ment l’ensemble des habitants de mon petit univers si clos d’amitiés sincères. Qu’est-ce qui te prend donc de vouloir ainsi te justifier alors que personne n’a jamais eu l’idée de te brancher sur le sujet de la «fashion victim» ? Hein ! qu’il me dirait Louis*. Mouais, t’es encore démodé, ringard et même pas positif du tout en te figurant être compris par quiconque avec tes jeux de mots à la con ! qu’elle me cracherait poliment au visage, la Sandra** si elle ne se baladait pas présentement en montagne et sous les orages. Bref, je n’ai jamais aimé le string. Ni féminin et encore moins masculin. Je trouve ces bouts de tis- su ou de ficelles parfaitement ridicules. Ridicules et laids. Laids et anti-érotiques. Anti tout court. Anti… mais alors juste un poil trop court, ce poil trop court qui rend l’individu sexué ridicule quand il se veut sexy. Mais, bon, après tout, ce n’est qu’un avis. Le mien. Je n’ai jamais osé faire de réflexions à quiconque con- cernant son string (hum, je sais, il se trouvera forcément quelqu’un pour m’accuser ou me démentir, mais peu importe, là n’est pas le réel objet de cette note). Je ne me le permettrais pas. Non. Sur la plage ou n’importe où ailleurs, très franche- ment, je me vois mal reprocher à mes contemporains de ne pas partager mon sens aigu du ridicule. Ou mes critères du «sexy-attitude», c’est selon, ou vice ou versa. Aucune notion de vertu ou de moralisme ou d’éthique ou de je ne sais quoi à im- poser, ces sentiments me sembleront toujours antinomiques quand je cause de bouts de chiffons ou d’absence de chiffons… Tiens, là je pense en particulier à cette «mode» que je trouve superlativement ridicule et déjà vieille d’au moins un lustre consistant, pour une jeune fille (c’est incommensurablement plus ridicule encore si la jeune fille en question a dépassé l’âge de fréquenter un lycée en tant qu’élève), à exhiber la ficelle ho- rizontale et rectale de son string juste au-dessus de la lisière de son pantalon à taille ultra-basse et jambes éléphantesques. Le top du ridicule étant à mes yeux atteint quand, en sus, la sus-dite demoiselle exhibe dans le même temps et sur ses reins, un large tatouage «tribal». À ce spectacle navrant, je plonge cha- que fois dans le même abîme d’incompréhension, ce même sentiment d’isolement sensoriel extrême m’envahit tout à coup et je me mets à rêver à haute voix de culottes taille basse sous des jean’s moulant, ou mieux encore, sous une jolie et si légère robe à fleurs volant au vent fripon, tout ça, sur le pont, pas de culotte du tout, un oubli, une omission, une coquinerie des plus féminine… mais je m’égare, je me perds, je me damne !... Ça n’existe plus des jeunes filles innocemment aguicheuses, d’ail- leurs, c’est Jean Grenet lui-même qui l’a dit. Les jeunes filles qui choisissent et peaufinent leur vêture moderne du dessus jusqu’au dessous avec le plus parfait ridicule mais aussi parfois animées par la secrète motivation d’aguicher une jeune gente masculine forcément en rut ou tout simplement avinée (à grands coups de «botellons»), ces jeunes filles, disais-je, ou plutôt dit-il, ne peuvent plus être innocentes (a contrario de leurs mères ou grands mères qui dansaient jambes nues et tou- jours innocemment sur les ponts d’Avignon, de Bayonne ou de Pentecôte) et donc, il ne faut pas s’étonner si….

«Les fêtes de Bayonne sont à la mode. Elles attirent 1,5 million de personnes. Il faut veiller à les garder belles.»

Ouais, il l’a dit ! Il a osé le dire. J’ai envie de mordre. Il ne l’a pas seulement pensé dans son for intérieur et ravalé sa libido démoniaque du midi de la vie, il l’a dit. J’ai envie de hurler. Et même répété devant des journalistes. J’ai besoin de le hurler par la fenêtre à tout Bayonne. Moi, avec ces histoires de petites culottes, je déconne. Je délire juste, je taquine, je provoque un peu, je tente d’aguicher, quoi ! Un mec censé et respectueux de la féminité au même titre que de sa propre masculinité, un mec comme le plébéien bleu par exemple, eh bien, il a le droit de déconner avec les histoires de petites culottes… mais jamais il n’évoquera le viol comme une «chance». Je le hurle. On n’a pas le droit de dire ou même de penser des trucs pareils. C’est trop grave. C’est un crime, le viol. Hurle. Le criminel n’aura jamais aucune excuse, et la victime aucune part de culpabilité. Une barrière infranchissable  les séparera toujours, celle de l’acte, celle du passage à l’acte, celle du crime. Et là, je ne pense pas exagérer si je prétends qu’avec de tels propos tenus en tant que responsable politique élu, Jean Grenet se rend quelque part complice des crimes à venir. Je suis sûr qu’il m’entend là, à l’autre bout de la ville.

Il aura fallu ce grave "dérapage" verbal pour me réveiller quel- que peu de ma léthargie estivale tout autant que post-fêtes de Bayonne que j’ai, disons le, pratiquement boycottées intégrale- ment à titre tout ce qu’il y a de plus personnel et inorganisé. Il aura fallu ce "on a plus de chance de se faire violer" pour me mettre en colère. C’est un pote bloggeur qui m’a refilée l’idée, et si on se débarrassait tous de ces foutus bouts de chiffons qui chatouillent même pas entre les yeux, et si on lui remplissait sa bouche de tous ces strings «appeleurs de crimes» afin de le fai- re taire définitivement devant les micros des journalistes. Oyez- oyez, populace bayonnaise et visiteurs du soir, ayons donc tous pour une fois et spontanément une attitude citoyenne et res- ponsable : la string-attitude !
Ça me fait vraiment drôle de me la jouer comme ça style «ap- pel au peuple» surtout que là, je repense à ces ridicules jeunes filles avec leurs pantalons à la mode d’il y a un lustre et je me dis que, parfois, quand elles se retournent, c’est tout de même bien mimi ce petit bijou dans leur nombril, hum-hum, mais je m’égare encore.

 

Le plébéien bleu de colère

 

*Louis n’est bien évidemment pas son véritable prénom, pfff.

** Sandra non plus, mais n’empêche que je suis tout de même inquiet à propos des orages en montagne.

dimanche, 24 juillet 2005

Gora eusko gudariak !*

Hommage aux combattants

Imanol Gomez GonzalezHors des frontières quasiment étanches, dorénavant, du com- munautarisme patriotique et ré- volutionnaire basque (ouf ! c’est devenu vraiment long à définir géopolitiquement une telle «né- buleuse famille» que j’ai pour- tant si bien connue, intimement connue même... et qui demeure malgré tout la mienne), Imanol Gomez Gonzalez est mort dans l’indifférence médiatique la plus amalgameuse. Faut dire que les feux de l’actualité nous projet- tent tous les jours, au rythme de clips publicitaires en boucle, les images d’explosions en chaîne autrement plus terrifiantes et vendeuses de papiers quotidiens (PQ). En fait, pour faire simple, mercredi 20 juillet, sur une petite route aux alentours de Flaugnac dans le Lot, Imanol se serait tué tout seul en voiture, et les gendarmes à motos qui le poursuivaient (ils l’auraient pris en chasse un peu par hasard) n’auraient songé qu’à le secourir en alertant au plus vite les secours qui ne pourront malheureusement que constater son décès à son arrivée à l’hôpital de Cahors. Voilà donc un fait divers de plus qui ne recèle d’autre intérêt que de démontrer que, en France sarkozienne, les «terroristes présu- més terroristes» conduisent vraiment trop vite et cela ne leur porte pas toujours chance. Bref, au dehors de la «nébuleuse famille» tout le monde s’en fout ou alors crie que s’est bien fait etc… Mais la justice française décide toutefois de pratiquer une autopsie sur le cadavre du jeune homme sans que personne n’en connaisse le motif sinon que, par déduction, on peut es- timer que les conditions de sa mort ne seraient peut-être pas aussi claires, limpides et accidentelles qu’annoncées. Peut-être. En fait, pour faire simple, on ne sait rien… et il faut vraiment écrire sur un joli blog tout bleu pour s’autoriser à spéculer dans le vide. Jamais un journaliste digne de ce nom ne s’autoriserait ainsi la moindre digression, la moindre approximation informa- tive, jamais un chroniqueur ne s’aventurerait à broder dans le vide, ce qui serait bien le pire. Mais moi, je ne suis pas jour- naliste, ni chroniqueur de faits-divers, ni rien de vénal, je ne sais rien mais j’aime aligner les mots gratuitement pour le seul plaisir de les donner à lire… Je ne sais rien que de toutes petites choses que j’ai lues ça et là à propos de ce jeune Donostiar (né à Donosti - San Sebastian en 1978), je sais juste qu’il venait de faire 27 ans, qu’il était très beau et souriant –on est toujours très beau et souriant quand on vient de faire 27 ans, qu’on est vivant, en bonne santé et qu’on se bat pour rester libre--, qu’il devait vraiment beaucoup aimer la vie et son Pays basque et la liberté aussi puisqu’il ne voulait pas aller en prison et qu’il voulait continuer à se battre jusqu’au bout, même si près de 6 milliards de Terriens ignorent toujours le bien-fondé de sa lutte à mort… Et j’avais juste envie de lui rendre un hommage bien moins nébuleux que familial en affichant ici sa photo, pour qu’ici aussi virtuellement il continue à vivre pleinement sa jeunesse.

divers autres hommages

Je ne dirai rien de tout le reste, de la poursuite de cette stratégie de la victimisation dans laquelle nous, les Basques qui ne vou- lons pas renoncer, sommes englués, de ces bombes qui n’ou- vrent pas les portes des prisons, de tous ces chefs qui veulent être chefs à la place des chefs, de tous les cultes morbides qui m’écoeurent et que je n’aurais pas le droit de dénoncer parce que, alors là, vraiment plus personne, personne ne pourrait comprendre cet étrange plébéien bleu qui joue ici les enfants prodigues… Je ne dirai rien parce que j’ai le sentiment, le cruel sentiment de savoir. De savoir que nous nous trompons tous, que je sais pourquoi, mais qu’il ne faut surtout pas le dire. Alors je ne le dirai pas. Je ne le dirai pas car je ne voudrais plus jamais être un "faiseur de leçons"... Mais après tout, ce n’est pas parce que l’on se trompe qu’il faut arrêter… surtout si on n’a plus le choix !
Imanol non plus n’avait plus le choix et c’est pourquoi je le salue ici fraternellement, de toute ma fierté d'être basque et révolté :

Agur eta Ohore

Imanol


Le plébéien bleu

* Vive les combattants basques ! Slogan qui se réfère à l'hymne historique des combattants patriotes basques de 1936.

16:55 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (3)

samedi, 23 juillet 2005

Les dictateurs de l'OCDE

...veulent terroriser

les plébéiens bleus



Voici les six candidats pour un seul poste de secrétaire général de l'OCDE, l'avenir du monde se joue une nouvelle fois sans les citoyens et le plébéien bleu a vraiment très très peur...

 Cévé de Monsieur Marek BELKALe candidat polonais
M. Marek BELKA

Cévé du professeur Allan Herbert MILLER-FELSLe candidat australien
M. Allan FELS

Cévé de Monsieur José Angel GURRIA-TREVINOLe candidat mexicain
M. Ángel GURRÍA

Cévé de Monsieur Sueng-Soo HANLe candidat coréen
M. Seung-Soo HAN

Cévé de Monsieur Alain MADELINLe candidat français
M. Alain MADELIN

Cévé du Docteur Sawako TAKEUCHILa candidate japonaise
Mme Sawako TAKEUCHI

















Ce n'est pas seulement que La France (je n'ai encore trouvé nulle part le mode de désignation de la candidature, proba- blement démocratique et transparent pour autant) ait choisi Alain Madelin qui m'inquiète, mais que le monde des affaires continue comme si de rien n'était à faire ses affaires dans le silence assourdissant du chaos du Monde. Prenez un peu le temps de lire les cévés des 6 candidats en cliquant sur leurs photos ou sur leurs noms, c'est vraiment édifiant. J'en ai encore des frissons dans le dos !

Mais nous ne céderons pas

à la terreur économique



On peut aller à la plage à pieds, se baigner à poil, il nous res- tera toujours la mer à boire et le chien à manger si jamais on doit le tuer (si tu ne nous sers pas l'apéro vite fait bien fait !)... Et puis même pas peur du chômage, même plus peur des pa- trons et de leur insécurité sociale, moi je connais déjà la date des calendes grecques où je passerai ma retraite au soleil, mê- me pas peur d'être pauvre... Même pas peur de la peur, ni du ciel qui immanquablement tombera à côté de ma tête (je suis tellement chanceux que même la fin du Monde je me sens ca- pable de l'éviter en fonçant droit dans le mur), même pas peur de ne pas river mes yeux au compteur de vitesse en chevau- chant ma grosse Jument bleue, même pas peur de plonger dans les vagues hors de la surveillance des maitres nageurs, même pas peur... Par contre, j'ai toujours faim et soif d'amour. Faim de vie et soif de joies, de celles qui ne savent être que gratuites, de celles que les dictateurs de l'OCDE ne pourront jamais vendre. Je n'ai pas envie de me battre avec eux sur leur terrain, sur leur champ miné des idées et des idéologies. Alain Madelin et ses complices-concurrents (ennemis entre-eux, déjà) n'iront jamais se bronzer gratuitement la couenne sur mon petit coin de dune, je ne les inviterai jamais à dévorer les croquettes du chat que je commence parfois à convoiter (les croquettes, je veux dire, pour dire) à l'heure apéritive, il n'y a même aucun risque qu'un jour, par hasard, je les salue dans la rue. Ils ne marchent jamais dans les mêmes rues que moi. Jamais. Ils auraient trop peur, je suis sûr, trop peur de constater que moi, je n'ai même pas peur, malgré tous leurs flics, tout leur fric. Même pas peur... Juste très en colère !

Le plébéien bleu

12:40 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (2)

jeudi, 07 juillet 2005

Soyons vigilants le 9 août 2005 :

Aujourd'hui

Radio Londres

est en panne



Ce matin, en me levant, je ne sais pas comment ça se fait, mais je n’ai pas allumé la radio. Il est des gestes comme ça qui font partie de la programmation génétique chez les plébéiens quelle que soit leur couleur de peau, des gestes automatiques qui en entraînent d’autres, un peu moins automatiques, et on fi- nit par se brosser les dents, tous les matins après le petit dé- jeuner thé-au-lait-deux-tartines-beurrées-et-confiturées sans même avoir encore pris conscience que peut survenir la fin du monde, là, comme ça, sans coup de semonce, juste parce que la radio dans la salle de bain, grésillant pendant que je prends ma douche, pourrait m’annoncer que je suis un Américain, un Madrilène ou, euh, disons un Londonien. Après, la radio, c’est comme le reste, dans l’air du temps, ça peut dépendre, des lieux, des époques, des modes et puis aussi du camp dans le- quel on se situe, que l’on choisit ou que l’on soutient. On peut écouter Radio Paris qui n’est plus trop allemand ou Radio Lon- dres qui l’est parfois et donc ment aussi… bref, this morning, i don’t know why but i was completely deaf. Du dentifrice entre les oreilles, on peut imaginer pire comme trouble obsessionnel compulsif. N’empêche que, ce matin, avant d’aller chez le den- tiste, j’ai tout de même eu l’idée d’allumer l’ordi (comme quoi toutes les modifications génétiques ne sont pas possibles, même accidentellement), de me connecter à mon si joli blog tout bleu pour constater que mes stats sont légèrement en hausse (y’a pas de miracle, si je n’écris pas, la curiosité de mes visiteurs s’estompe très vite), de consulter les titres de l’information sur cotebasque.net puis sur rezo.net, et enfin d’ouvrir ma boîte Outlook pour lire mes courriels. Txus est très matinal, lui, il n’était même pas sept heures du mat’ quand il a posté. Un envoi groupé afin de relayer la lettre ouverte de Xipri, lettre que je reproduis in-extenso ci-dessous. Donc, avant d’enfiler mon blouson, j’ai un peu speedé pour le mettre en ligne un peu proprement -- depuis que j’ai réussi à trouver la modification du code html pour justifier mes notes, je passe un temps fou pour césurer à la main –, faut dire que ça tombait plutôt bien, ces derniers temps j’ai eu plusieurs critiques à propos de mon blog pour me reprocher de ne plus y parler de «politique basque». Ce genre de critiques, à chaque fois ça me fout mal, mais alors vraiment mal, surtout que je n’ai aucune excuse. Aucune. L’actualité politique basque je la suis. Peut-être pas de façon frénétique, mais disons que pour le moins je me tiens informé : au passage j’en profite pour faire un peu de promo en revendiquant haut et fort mon abonnement en cours à Ekaitza

Ouais, d’ailleurs, ce matin j’ai bien lu l’info sur le ouèbe de France 3 Aquitaine à propos de l’extradition de Eneko Aizpuru. Évidemment que ce genre d’infos me fout complètement en rogne, j’interdis à ceux qui me connaissent et m’apprécient plutôt plus que moins d’en douter. Je suis très souvent en rogne comme ça, mais en même temps, ça arrive tellement souvent ce genre d’infos-là, depuis tellement longtemps déjà que je me suis habitué à ne même plus m’inventer d’excuses pour ne pas gueuler, pour ne plus mordre. De temps en temps encore je mords, mais avec le sentiment désastreux que je me déchire moi-même le ventre pour rien. Et ce matin, le courriel du ca- marade Txus m’aura un peu secoué dans le sens des poils dressés sur les bras par l’émotion. Merci camarade ! Un jour durant, j’aurai réussi à faire renaître en moi la conviction de participer à un élan de justice et de solidarité militante, de pou- voir agir même avec des moyens dérisoires face aux médias de la domination et du décervelage. L’événement essentiel de ce jeudi 7 juillet 2005, grâce à cette lettre ouverte ci-dessous, ne se limitera heureusement pas aux 800 € que j’ai dû dépenser pour m’offrir deux belles dents en céramique jaune, assortie à mon sourire satisfait de plébéien bleu.
Ce midi, pour une raison tout aussi inexplicable que ce matin, ma radio était encore en panne. Ou plutôt, disons que cette fois je l’ai éteinte. A moins que ce ne soit Mamour ? Je ne sais plus, peu importe. Demain, et après-demain, et après-après demain, et la plupart des jours qui suivront, mes courbes de biorythme se décroiseront et j’aurai toutes les peines du monde pour ne pas devenir Américain, Madrilène ou Londonien. Mais le 9 août prochain je serai Donostiar, ça c’est sûr. Nous serons tous Donostiar, j’espère.

Xipri Askatu !


Le plébéien bleu

medium_tortura.jpg


Zipriano FERNANDEZ-GARCIA
Prisonnier politique basque
1564-B/202
CP de Lannemezan
Rue des Saligues
BP 166
65307 Lannemezan cedex


Chers amis,


Arrêté le 25 octobre 1999 à Pau, j’ai été condamné en 2001 à 8 ans de prison ainsi qu’à une interdiction défini- tive de territoire français, mesure qui constitue une dou- ble peine et qui remet en cause le statut de citoyen eu- ropéen des Basques.
J’arrive en fin de peine le 9 août prochain et bien que je ne sois passé devant aucune commission qui aurait exa- miné les modalités de cette expulsion, on peut être cer- tain qu’elle aura lieu, et que la police française me re- conduira à la frontière espagnole(1). Dès lors, ma liberté sera soumise à la seule appréciation de la police espa- gnole. Normalement, je devrais être laissé en liberté sur le territoire espagnol, la justice de ce pays ne m’ayant pas réclamé. Mais la réalité de notre terre basque (ré- pression policière, judiciaire, économique…) nous fait toujours craindre le pire. Qui plus est, dans mon cas, même si j’entends que les dernières expulsions de compagnons basques se sont « bien » passées, je garde dans mon esprit et sur ma peau le souvenir de mon pas- sage par la caserne de la Guardia Civil d’Intxaurrondo, dans ma ville de Donostia (San Sebastian), en octobre 1987, avec ses tortures, les électrodes, les sacs en plas- tique appliqués sur la tête jusqu’à l’évanouissement, les simulacres d’exécutions sur une petite colline toute pro- che, les coups et les humiliations sans limites.
Bref. Même si je ferai une grève de la faim, pas très longue(2), je ne peux me sentir que démuni face à une telle menace, et c’est pourquoi je vous demande de rester vigilant quant à ce qui m’arrivera le 9 août, et de bien vouloir intervenir auprès des autorités compétentes s’il le faut.
Je vous remercie par avance pour votre aide.

Xipri


(1) Si cette expulsion en tant que telle est légale puis- qu’une interdiction de territoire a été prononcée, le pays de destination devrait tout aussi légalement être choisi par la personne expulsable, ce qui n’est jamais le cas lors des expulsions de Basques arrivant en fin de peine.
(2) Les Basques qui vont être expulsés font générale- ment une grève de la faim afin d’arriver à la frontière espagnole dans un état physique le plus faible possible, du moins ne permettant pas à la Guardia Civil de les tor- turer.

mardi, 28 juin 2005

Breizh Euskal Herria*

Ils ont des chapeaux ronds

Vive la castagne !

Ils ont des chapeaux ronds

A bas les matons !



Quel âge avais-je quand je chantais cette rengaine dont, je le parierais, vous aussi, maintenant, de toute la journée, vous au- rez du mal à vous défaire ? Dix ans ? Douze ans ? Avec le recul et en tentant de me re-figurer du plus précisément que je peux ma conscience de l’époque et la culture rebelle qui pouvait être la mienne, au tout début des années 70, il m’étonne tout de même beaucoup que j’aie pu réellement comprendre ce que je chantais. Parce que je comprenais ce que je chantais, ça j’en suis certain ! Quoique ne connaissant absolument personne ni dans ma famille ni dans le voisinage qui fut allé en prison, je savais pertinemment ce qu’était un « maton » et je puis même affirmer que, dès ma prime enfance, le nom de la «Villa chagrin» m’était familier.


Ils ont des chapeaux ronds

A bas les cur’tons !



Ça aussi je le chantais, vers le même âge, mais encore plus souvent à tue-tête. Je devais même carrément le crier, le hur- ler, je me connais, mes colères comme mes passions, j’ai be- soin de les cracher à la face de l’humanité toute entière, tout du moins je me figurais pouvoir le faire au quartier Fargeot. Tout fier d’avoir enfin compris que les curés c’était les méchants, ce «cur’tons» je le criais chaque fois à m’en faire péter les cordes vocales. Treize ans pas douze, je devais avoir treize ans.




Ils ont des chapeaux ronds

A bas les Bretons !



Ça aussi je l’ai chanté. Et je ne comprends toujours pas pour- quoi tellement, les Bretons, la Bretagne, tout du moins le nom de Bretagne et puis, pas les chapeaux ronds mais les coiffes, les hautes coiffes de dentelle des vieilles Bretonnes faisaient partie de mon décors. C’est con un gosse ! Le pire c’est que j’avais vu, pendant des années, tous les mercredi, le gwen-ha-du au mur de la salle à manger de mon copain Jean-Michel avant même que d’imaginer l’existence de l’ikurrina. Au quartier Fargeot, au moins la moitié des femmes travaillant dans les conserveries de poissons étaient venues de Bretagne. Et puis les Portugaises, moins nombreuses que les Bretonnes, on disait aussi Bigou- dènes, mais une colonie conséquente tout de même. Et puis les frontalières, celles qu’on appelait les Espagnoles, celles qui tra- versaient la frontière à Irun tous les jours pour aller travailler, gagner leurs pesetas, à mobylette ou en train, combien étaient-elles ? Leur nombre fluctuait vraiment beaucoup, si je me sou- viens bien, suivant les époques sans que je ne comprenne jamais pourquoi, ni ne me pose la question, d’ailleurs. Mais elles pouvaient être vraiment très nombreuses, souvent même les plus nombreuses. Il y avait même certaines conserveries où le personnel de la chaîne était exclusivement constitué de fronta- lières, chez Arcoès si je me souviens bien. Je ne suis pas sûr. Ma mère, elle, travaillait chez le maire, le maire de St Jean de Luz je veux dire. A SO.LU.CO il y avait nettement plus de Bas- ques qu’ailleurs, on disait Basquaises à l’époque, mais elles n’é- taient vraiment pas très nombreuses. On n’entendait pas beau- coup parler basque à la sortie de l’usine de ma mère quand j’al- lais la chercher à la fin de son travail. Une petite poignée de fil- les de la campagne comme elle, venues d’Ascain, St Pée sur Nivelle, Urrugne, parce qu’elles s’étaient mariées à la ville, comme on disait encore au début des années 70, parfois même avec des Bretons, des pêcheurs, dans tous les sens du terme probablement et du coup devenaient pécheresses.




Ils ont des chapeaux ronds

Et moi un béret à la con !



Ma mère, elle, je le jure, n’aura jamais encouru l’excommunica- tion. D’ailleurs, grâce à la puissance de sa foi je peux me van- ter, à la face du monde, d’être aussi basque que le meilleur des ardi gasna, 100 % basque. Bon, les Bretons sont fiers aussi, et têtus, alors… «Ils ont des chapeaux ronds, vive la castagne, ils ont des chapeaux ronds, à bas les Bretons», étrange rengaine qui me sonne douloureusement au lendemain de la clôture de ce procès à Paris. Le procès de la «solidarité» entre Basques et Bretons, et vice versa. Entre 2 et 20 ans de prison pour les 14 co-inculpés dans l’affaire dite de Pléven. Vingt ans de prison pour un vol d'explosifs, no coment. Je n’en étais pas, des co-inculpés, des co-condamnés je veux dire. J'en bégaie. Jean-Michel, «vive la castagne !», il n'en était pas non plus. J'aurais reconnu son nom dans les journaux, c'est sûr. Qu’est-il devenu, d’ailleurs, Jean-Michel ? Plus tard, adulte, jeune adulte, il était devenu boulanger, il travaillait de nuit, beaucoup, trop. Il se faisait exploiter que c’est pas croyable ! «à bas les Bretons !» Cette rengaine à la con, c’était nos aînés qui devaient la chanter et qui nous l’ont transmise. Jusqu’au début des années 60, au quartier Fargeot il y avait deux bals les samedis soirs. Le bal des xuri et le bal des gorri, ça se mélange pas les blancs et les rouges. Et si ça se rencontre, forcément, c’est la castagne… Vive les Bretons ! Vive la castagne ! Au quartier Fargeot aussi, fils de Basques et fils de Bretons, nous avons traversé des océans ensemble, nous avons rêvé ensemble, de jolis rêves en vert et rouge et en noir aussi, «ils ont des chapeaux ronds, à bas les matons !»

Le plébéien bleu

* Bretagne Pays basque

mercredi, 08 juin 2005

La médiature du cercle fermé

La forfaiture


Dimanche 29 mai 2005, 55% des Français se prononcent contre la ratification du Traité Constitutionnel européen.

Lundi 6 Juin 2005, la nouvelle ministre française des affaires européenne, Catherine Colonna, déclare officiellement que la France trouve souhaitable que la processus de ratification continue.

C'est apparemment ce qu'on appelle représenter son pays. En d'autres temps, on appelait ça un crime de haute trahison.

Alors que la médiature fait mine de s'inquiéter du fossé qui la sépare de plus en plus évidemment de l'écrasante majorité des Français, alors qu'elle tente par tous les moyens de justifier ses privilèges et sa morgue par des pseudo-analyses consternantes d'aveuglement sur les résultats du référendum, et soulage ses angoisses charlatanesques par l'annonce des remèdes en peau de lapin qu'elle ne croit même plus de taille à endiguer la Colère que son assourdissant mépris fait mûrir depuis des années, sa bêtise fondamentale est entrain de solder les comptes de la démocratie, et elle ne s'en aperçoit même pas.

La médiature : je n'ai trouvé que ce terme pour désigner le conglomérat de privilèges économiques, politiques et surtout médiatiques qui rassemble ce qui s'auto-proclame encore les "élites" de notre pays (et de la plupart des pays d'Europe occidentale) : une grande majorité des élus des collectivités territoriales, nationales et des instances de l'Union européenne en font évidemment partie, mais également la plupart de leurs techniciens-technocrates, des haut fonctionnaires et bien sûr l'écrasante majorité des "communicants" de tout bord qui jouent sans cesser à renvoyer la balle en attendant que l'ascenseur revienne, sondeurs, marketeurs, publicitaires, journalistes.

La médiature n'est pas innombrable, et elle est unie dans une suffisance d'elle-même qui dépasse largement ses clivages économiques internes et ses divergences de méthodes et quelquefois idéologiques. C'est elle qui nous repaît depuis des années d'une "opinion" dont elle ne dissocie plus la mesure de la fabrication, qu'elle saucissonne par pragmatisme en "segments" et autres CSP qui salopent l'esprit et désespèrent le cœur. C'est elle aussi qui nous repaît de "Démocratie" sans jamais questionner ni le concept, ni les moyens mis en œuvre par la République pour le réaliser, ni surtout l'adéquation du fonctionnement réel de nos institutions et du pouvoir en général avec le premier principe de la démocratie, celui de la délégation majoritaire du pouvoir des citoyens à leurs représentants et de la légitimité de ceux-ci en tant qu'ils agissent conformément à ce mandat.

En omettant depuis les temps déjà lointains de l'utopie fondatrice de questionner et d'évaluer régulièrement le concept et le fonctionnement de la démocratie, la médiature, dont le règne se confond à peu près avec elle, a d'abord imposé le principe démocratique comme meilleur (jusque là on peut être d'accord, Monsieur Churchill), puis comme seul principe possible de gouvernement d'une société. Puis, plusieurs guerres récentes dont celle d'Irak en sont le résultat, comme fin en soi, épuisant du même coup sa fragile nature dans cette aporie qu'il est dès lors possible d'imposer la démocratie à un peuple.

Pendant les quelques semaines où, la médiature prenant soudain la mesure de la rébellion inattendue de la majorité des Français, elle fit assaut de toutes les intimidations, de tous les anathèmes, de tous les trucages et de toutes les divisions pour tenter d'endiguer la vague du NON, c'est en même temps cette évolution du principe démocratique vers sa fin qu'elle consacrait, vidant le concept de ses dernières forces en ne cessant de l'invoquer pour mieux le ternir, et d'une façon d'autant plus définitive qu'elle s'y employait devant ce peuple même qui l'avait fait renaître.

Les Français ont majoritairement dit NON à la ratification du traité constitutionnel. Au lieu, comme on l'attendrait, que nos représentants s'emploient à faire respecter par l'Union cette décision pourtant très claire, on nous propose des emplâtres à base de priorité à l'emploi et de remaniement ministériel bidon, pendant que nos analystes appointés se font frissonner le clapoir sur le thème "ne serions-nous pas en situation pré-révolutionnaire?". La trahison patente et assumée de la dernière volonté démocratique de ce peuple par un Président de la République en état de forfaiture sonne bel et bien le glas de l'espérance démocratique. Il reste à espérer que le peuple Français trouve dans la force et la patience de son histoire la volonté de construire, par-delà la tempête qui s'annonce, des lendemains qui ne désenchantent que ceux qui l'auront poussé à bout.

Serge Rivron, le 7 juin 2005

10:05 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0)